GANDHI dit la
« Grande âme » (Mahatma) – Chronologie commentée –
le 30 mars 1930, Gandhi débute la route du sel
1869 Naissance
en Inde (côte est, état du Gujarat) dans une famille aisée (caste des
marchands).
1882 Mariage
traditionnel à l’âge de 15 ans. Son père l’envoie ensuite poursuivre ses études
(droit) à Londres. Gandhi veut alors être un « Anglais chic »
(habillement à l’occidentale…). Il se considère comme un sujet de sa majesté.
Cependant, il découvre son identité
indienne (par ex, il commence à être végétarien).
1891 Réussite
de ses études (avocat) et retour en Inde où il ne trouve pas de travail
1893 Décision
de partir en Afrique du Sud où vivent déjà 100 000 Indiens. Gandhi va y rester
20 ans qui vont le transformer. Il y est, en effet, rapidement confronté au
racisme des blancs sud-africains. Ainsi, lors d’un séjour en train en 1ère
classe, il est refoulé en 3ème classe. La République sud-africaine
instaure peu à peu un régime de séparation des populations.
1906 Après
le retrait du droit de vote aux Indiens et l’interdiction de se déplacer
librement, la « loi noire » oblige les Noirs et autres populations
non européennes à déposer leurs
empreintes digitales. Il reste fidèle à l’empire britannique et sert comme
brancardier pendant la guerre des Boers (émigrés hollandais qui refusent de se soumettre
aux Anglais) et lors de la guerre contre les Zoulous.
1907 Après avoir créé le parti du Congrès du
Natal (région d’Afrique du Sud), rattaché au parti du Congrès (fondé en 1885).
Il garde en effet le contact avec l’Inde (rencontre avec certains dirigeants du
Congrès comme Nehru père). Gandhi s’engage dans la défense de ses compatriotes
(il est emprisonné pour la première fois cette année-là) et élabore une
philosophie de combat à la fois morale et politique, qu’il nomme la Satyagraha,
où il prône le retour aux sources de la vie (village, tissage au rouet) ;
ces idées sont issues de 5 influences : - indienne :
importance de l’hindouisme (religion
majoritaire en Inde qui insiste sur l’identité de soi par rapport à l’universel)
- jaïniste :
religion née au VIe siècle, minoritaire en Inde, qui vise à libérer l’homme par
la non-violence et l’ascétisme ;
- du
penseur américain Thoreau : ouvrage Devoir de
Désobéissance Civile où il recommande de ne pas obéir à ce qui est
injuste
- des
socialistes pacifiques anglais Ruskin et Carpenter : proposition de
fonder des communautés rurales
autonomes.
- l’écrivain
russe Tolstoï : influence capitale (échange de 7 lettres) par
l’ouvrage Le règne de Dieu est en Nous qui est un refus de répondre au
mal par la violence et du matérialisme.
1912 Abandon du vêtement européen
1914 Retour en Inde
1915 Création de son premier ashram, à
la fois communauté religieuse, expérience de vie collective et école de cadres.
1916 Rencontre du prix Nobel de littérature
indien Tagore qui le qualifie de Mahatma (gde âme).
1919 Concession des Britanniques par l’India
Act qui augmente l’autonomie des provinces indiennes mais les Britanniques
garde le pouvoir. Massacre de 400 Indiens
(manifestation). Essor du parti du Congrès.
1920 Chef du parti du Congrès, il durcit la
position du parti en organisant le boycott des produits textiles britanniques.
Démission de milliers de fonctionnaires indiens de l’administration.
1921 Il prône le port du khadji, pagne
traditionnel.
1922 Explosion de violence ; Gandhi est
arrêté et condamné à 6 ans de prison.
1924 Libéré, il entreprend un nouveau jeûne
(total de 17 dans sa vie pour l’unité des Hindous et Musulmans) et reprend sa
campagne de désobéissance civile.
1925 Il se retire peu à peu de la direction du
Congrès, remplacé par Nehru fils.
1929 Le congrès proclame unilatéralement
l’indépendance de l’Inde. Aucun effet.
1930 Gandhi organise la « marche du
sel » (refus de payer la taxe sur le sel) et relance la désobéissance
civile. Nouvelle arrestation.
1931 Négociations à
Londres où Gandhi, libéré, représente le Congrès. Echec. Churchill qualifie
Gandhi de « fakir à demi-nu ».
1935 Seconde India Act qui élargit les
compétences des provinces et augmente le corps électoral. Victoire électorale
du Congrès mais la Ligue musulmane d’Ali Jinnah réclame la création d’un état
musulman.
1939 Début de la Seconde Guerre mondiale. 2 M
d’Indiens participent au combat aux côtés des Britanniques.
1942 Texte « Quit India » de Gandhi
qui désire le retrait immédiat des Britanniques : « Je veux la
liberté tout de suite ». Cependant cet appel reste une rebellion
non-violente ; Par ailleurs, Gandhi conseille aux Juifs la passivité face
aux Nazis.
1947 Le 14 août, l’indépendance est proclamée
par le dernier vice-roi des Indes, lord Mounbatten : deux états sont créés
= l’Union indienne (à majorité hindoue) et le Pakistan (majorité
musulmane ; état divisé en 2 parties avec sécession du Bengladesh en
1971). Cette partition des Indes provoque la transfert de 2 millions de personnes,
une vague de violence et un premier conflit entre L’Inde et le Pakistan au
sujet du Cachemire.
1948 Gandhi refuse de participer aux cérémonies
d’indépendance. Il parcourt seul le pays pour empêcher la violence et le
partage du pays. Le 20 janvier, une bombe explose à son domicile et le 30
janvier, il est assassiné par 2 nationalistes hindous. Ses cendres sont
dispersées dans le Gange devant une foule immense.
Pour aller plus loin : source : revue en ligne d'histoire HERODOTE.NET
Gandhi (1869 - 1948)
Une vie au service de la non-violence
Après toute une vie consacrée à l'émancipation de l'Inde, Gandhi a eu la douleur de voir son pays se déchirer dans des guerres religieuses sanglantes entre hindous et musulmans. Lui-même hindou, il n'a cessé de plaider pour la réconciliation des deux communautés, ce qui lui a valu d'être accusé de trahison par les fanatiques de sa communauté. Gandhi n'en figure pas moins au panthéon des plus grandes personnalités du XXe siècle.
Gandhi démontre l'efficacité de la non-violence
Mohandas Karamchand Gandhi naît le 2 octobre 1869 à Porbandar, dans une famille de riches commerçants du Gudjerat, au nord-ouest de l'Empire britannique des Indes. Il fait des études d'avocat à Londres puis, trop timide pour plaider en Inde, part en mai 1893 en Afrique du Sud où s'est établie une nombreuse communauté originaire des Indes.
Affecté par des vexations racistes de la part des Blancs, comme de devoir descendre d'un compartiment de train de première classe, il s'érige en défenseur des immigrants indiens et forge une doctrine originale fondée sur la non-violence, la maîtrise de soi et le respect de la vérité (la «satyagraha»).
Il préconise en vertu de cette doctrine la désobéissance passive et collective pour lutter contre les discriminations et remporte de spectaculaires succès face aux gouvernants britanniques. Mais c'est au prix de plusieurs séjours en prison.
Néanmoins, ill se comporte loyalement à l'égard des Britanniques pendant leur guerre contre les Boers, en 1899-1901, et organise un service d'ambulances avec un personnel indien.
Un héros indien
À son retour en Inde en janvier 1915, Gandhi bénéficie déjà d'une solide réputation d'ascète et de héros qui lui vaut d'être surnommé par le grand poète indien Tagore Mahatma, d'après un mot hindi qui veut dire «Grande âme».
Gandhi accède à la présidence du parti du Congrès et mène dès lors la lutte pour l'autonomie du pays puis pour son indépendance tout en prônant l'autosuffisance économique, le retour aux techniques traditionnelle, mais aussi l'émancipation des femmes et des Intouchables (les hors-castes de l'hindouisme). Avec bienveillance, il surnomme ces derniers les Harijans ou gens de Dieu (les Intouchables récusent aujourd'hui ce terme paternaliste et lui préfèrent celui de Dalits ou opprimés).
Plein de curiosité pour les systèmes philosophiques et les grandes religions, il n'en reste pas moins fidèle à son héritage hindou. Il se rapproche de l'Inde profonde des villages et préconise le retour à une économie traditionnelle.

À Amritsar, une manifestation tourne au massacre et rompt les liens invisibles qui rapprochaient Indiens et Britanniques.
Gandhi poursuit son action avec encore plus de détermination, en s'appuyant sur le parti du Congrès. Il préconise la non-participation (refus des décorations, boycottage des produits anglais...) et prescrit même la grève de l'impôt dans un district du Gudjerat.
Mais l'affaire tourne à l'émeute et Gandhi, par souci d'éviter les violences, interrompt le mouvement en février 1922. Lui-même entame une grève de la faim dans son ashram et met sa vie en danger pour convaincre ses compatriotes d'interrompre les violences. Il est emprisonné, ce qui lui vaut une aura internationale de martyr...
«Quit India !»
En 1930, la marche du sel lui vaut d'être à nouveau arrêté mais elle convainc les libéraux britanniques d'engager l'Inde dans la voie de l'indépendance. Dès l'année suivante, celui que Winston Churchill qualifie avec mépris de «fakir à moitié nu» est convié à Londres à une table ronde destinée à débattre d'une hypothétique indépendance de l'Inde.
Mais les discussions achoppent très vite sur les modalités de l'indépendance (faut-il accorder aux États princiers le droit de sécession ? quelle garantie pour la minorité musulmane, qui représente alors un quart des 350 millions d'Indiens ? quel statut pour les Intouchables ?...). Le Mahatma est déçu que le Congrès ne le suive pas dans le retour aux valeurs traditionnelles et s'en tienne à la quête de l'indépendance. Il renonce à la présidence du parti.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les Britanniques engagent l'Inde dans le conflit sans prendre la peine de consulter les représentants de la colonie. Tout au plus le Premier ministre Winston Churchill promet-il aux Indiens, à l'issue de la guerre, un statut de dominion similaire à celui du Canada ou de l'Australie.
Parmi les compagnons de Gandhi, certains comme Jawaharlal Nehru plaident pour ne rien faire qui favorise l'ennemi japonais et son allié allemand. Mais pour Gandhi lui-même, l'heure des compromis est terminée. Tout en condamnant la violence et, pire encore, l'alliance avec l'ennemi japonais dans laquelle se compromet l'ultra-nationaliste Bose, le Mahatma lance le 8 août 1942, à Bombay, un mot d'ordre radical à l'adresse des Britanniques : «Quit India !» (Quittez l'Inde !).
Quelques heures plus tard, plusieurs chefs du parti du Congrès sont arrêtés. Gandhi lui-même est une nouvelle fois incarcéré. Il ne sera libéré qu'en mai 1944. Mais entre temps, son mot d'ordre aura donné le signal de la désobéissance civile sous la forme de manifestations, boycotts et grèves...

La joie ternie de l'indépendance
Au terme de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques sont résignés à se retirer du sous-continent indien.
L'Union indienne célèbre son indépendance le 15 août 1947. Le vice-roi Mountbatten remet les pouvoirs au Premier ministre Nehru. Mais la fête est gravement ternie par sa scission d'avec le Pakistan, en bonne partie à cause de Mohammed Ali Jinnah, un avocat musulman chiite, qui dirige la Ligue musulmane et prône la création d'un État musulman indépendant.
Il s'ensuit une atroce guerre religieuse qui fait plus de 400.000 morts et entraîne le déplacement de part et d'autre des nouvelles frontières de près de vingt millions de personnes !
Le Mahatma entre au soir de sa vie dans son dernier combat en entamant une nouvelle et périlleuse grève de la faim pour convaincre hindous et musulmans de déposer les armes. C'est un échec. Gandhi meurt, victime d'un extrémiste qui souhaitait la création d'un État hindou, l'Hindoustan, au lieu de l'Inde laïque et multiconfessionnelle. Le vieillard meurt en prononçant : «Mon Dieu !». Son assassin sera jugé et pendu.
Cinéma
La vie de Gandhi a été magnifiquement retracée au cinéma par Richard Attenborough en 1982, avec l'acteur anglo-indien Ben Kingsley dans le rôle-titre.
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