Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

Colles d'ACTU 2019 : 16 sujets

SOMMAIRE DES COLLES ECS1 2019 : janvier à juin 2019
Parfois la relecture est incomplète (d'où qques fautes de frappe ou véritables...)
1 Géopolitique de l'eau
2 Brexit : état des lieux en février 2019
3 Sud-Soudan, un Etat failli
4 L'échec du modèle rentier chaviste au Venezuela
5 Géopolitique de l'intelligence artificielle
6 Le nouveau traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle
7 Guerre économique Etats-Unis   - Chine
8 Crise politique en Algérie entre révolution et conservatisme
9 Le vieillissement de la population japonaise
10  Dubaï, un "hyperlieu"
11  Le trafic d'organes, exemple de l'"anti-monde" (Roger BRUNET géo fr)
12 La transition cubaine
13 La mafia en Russie
14 Colle de lecture : la diplomatie d'ingérence selon Rony Brauman
15 Géopolitique du sport
16 Les zones grises selon MINASSIAN

COLLE 1 – Janvier 2019 Adenbi Iness-Loubat Lauriane-Venn Alyssa
Géopolitique de l’eau

                                I.            Etude de cas : Géopolitique de l’eau au Moyen Orient

La situation du château d’eau de la Turquie est évidente et son besoin de maîtriser les eaux se traduit par la construction de 29 barrages (Great Anatolia Project), un projet qui a suscité de multiples tensions dans la région. En effet, les barrages ne sont pas sans conséquences pour ses voisins irakiens et syriens qui revendiquent aussi un accès à l’eau ; se pose alors la question de la légitimité de la répartition de l’eau.
La Turquie profite de sa situation avantageuse et menace l’Irak de fermer les vannes du barrage Atatürk lors de la Première Guerre du Golfe, ce qui a amené l’Irak à riposter en menaçant de bombarder le barrage : arme ou cible militaire l’eau est instrumentalisée à des fins politiques et très appréciée par les Etats entretenant des relations difficiles. C’est le cas de la Syrie qui, en 1990, accuse la Turquie de “voler l’eau”. Elle mobilise ainsi ses populations à considérer ses voisins comme des ennemis puisqu’ils violent un principe de droit humain.
    Comment expliquer l’attachement des Etats à l’approvisionnement en eau à l’usage agricole ? En assurant un accès à l’eau, la Turquie fait la promesse d’un développement économique. Et “en mettant de l’eau dans des barrages”, elle regroupe sa population autour des barrages, plus facilement contrôlable : l’eau a donc une fonction d’ordre social.
Par la maîtrise de l’eau en provenance du Golan, l’Israël a développé un sentiment national très fort : pour faire vivre la terre promise, l’eau est essentielle : elle permet la sécurité alimentaire et l’autosuffisance du pays. L’eau prend alors une dimension sociale et culturelle.
En 1967, éclate la Guerre des Six Jours opposant Israël à l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban, preuve de l’existence des conflits armés pour l’eau. Mais l’eau n’est pas la cause de cette Guerre, elle n’est qu’“un complexe de sécurité”, comme l’explique Frédéric Lasserre dans ses ouvrages. Catalyseur de l’unité arabe puis déclencheur de l’opération israélienne, l’eau révèle les relations conflictuelles entre Etats dans le bassin du Jourdain.
BILAN S.BOYER : la Turquie est une « hydropuissance » en raison de sa position avantageuse en amont du Tige et de l’Euphrate. L’eau est un des enjeux du conflit israélo-palestinien, mais parmi d’autres.

                              II.            Vers de « guerres de l’eau » ou des politiques de coopération ?

D’après Thomas Fuller, historien britannique du XVIIè siècle, « nous nous rendrons compte de la valeur de l’eau lorsque les puits n’auront plus accès à l’eau », ainsi un nouveau type de guerre pourrait apparaître au sein de notre société ? La réponse se présente complexe puisqu’en effet, la répartition des ressources hydriques en Afrique et au Moyen Orient devient source majeur de conflits.
En effet, certains pays exercent une influence importante sur des pays ayant difficilement accès à l’eau comme l’Israël sur la Jordanie, Syrie, Liban avec le bassin du Jourdain. Ce problème suscite alors de nombreux conflits comme le premier conflit moderne de l’eau avec La Guerre des Six jours en 1967. L’eau devient alors la clé des rapports internationaux.
De plus, le barrage d’Assouan est une source de conflits (dans le sens de différends car pas de guerre entre l’Egypte et ses voisins du bassin du Nil) depuis les années 60 car l’Egypte a toujours exploité les eaux du Nil mais se retrouve aujourd’hui confrontée à des pays en aval réclamant leur droit de souveraineté sur le fleuve. Ce sont alors dans les pays en développement que le problème de l’eau devient un enjeu majeur national et mondial.
La nécessité de coopérer devient alors nécessaire. Des coopérations multilatérales entre l’Israël et la Jordanie par exemple ont été établi afin de garantir la paix intérieure. Le dialogue fut aussi important lors du barrage au Niger formant ainsi un apaisement des tensions.
L’eau ne serait donc pas le facteur ou le déclenchement d’une guerre mais plutôt le catalyseur de conflits naissant entre les pays.
BILAN S.BOYER : l’eau est surtout facteur de différends entre Etats (le différend est une étape qui peut amener à une guerre) ; c’est aussi un élément qui favorise la coopération (pour gérer les activités le long d’un fleuve).

                            III.            Le concept d’hydropuissance

L’eau est également un symbole de puissance. C’est pour cette raison que les états se la disputent aux quatre coins du monde. Sa répartition naturelle n’étant pas toujours la même que les limites frontalières, chaque pays tente de dominer les autres en se l’appropriant.
Pour faire face à l’hégémonie, certains pays en développement trouvent de nouvelles stratégies : au Niger par exemple, le barrage Kandadji permet aux habitants de développer leur agriculture et par conséquent, au pays de connaitre une certaine croissance.
Autre exemple : les tensions entre le Mexique et les Etats-Unis pour le fleuve Colorado. En tant que première puissance mondiale les Etats-Unis ont-ils plus de droits que leurs voisins ?
Dans une quête « d’hydro diplomatie » F.Galland, on voit émerger ces dernières années de plus en plus d’organismes de gestion des bassins internationaux.
L’hydropuissance n’est alors pas un simple concept mais bel et bien une réalité. Mais la fixation d’un prix de l’eau comme certains le pressentent ne serait-elle pas une façon d’aggraver le problème en en faisant une ressource rare à l’image de pétrole ? Ne serait-ce pas une source de tension et de domination supplémentaire ?
BILAN : S.BOYER : oui, la consommation croissante implique une  dégradation de la situation dans certains pays où, dans certains lieux, on observe des pénuries. Les solutions existent comme les usines de dessalement, mais cela est coûteux.


Sources :
*Frédéric Lasserre “L’eau et l’irrigation du Maghreb à la corne de l'Afrique”, France Culture, oct. 2009
*Franck Galland, L’eau. Géopolitique, enjeux, stratégies et Le grand jeu : chroniques géopolitiques de l'eau
*Lucien Chabason, “Trouver la ligne du partage”, Alternatives Internationales
*Répertoire des conflits par Le Pacific Institute for Studies in Development, Environment and Security
*Annabelle Houdret, La pénurie d’eau : donnée naturelle ou question sociale ?”, Géocarrefour
*Karl Wittfogel, historien de la Chine, Despotisme oriental → concept de “sociétés hydrauliques”
*David Blanchon, “La question de l’eau en Afrique : de la variabilité climatique aux tensions hydropolitiques”
*Igor Delanoë, “Russie : l’océan, un horizon lointain”, Diplomatie
*Nicolas Escach, “Regain de conflictualité en mer Baltique”, Diplomatie
*22 janvier 1997 du Monde, Futura Sciences
*Vidéo Libération, forum « Quand l’eau révèle le monde »
* Podcast L’eau, un enjeu géopolitique, France Inter 2016, Nicolas Demorand
* Atlas mondial l’eau, David Blanchon

Pour les sources ouvrages : Nom de l’auteur, titre de l’ouvrage, éditeur et année d’édition
Pour les revues : mettre le n° et la date et le rédacteur de l’article

COLLE 2

Brexit : origines, aspects, perspectives (Agathe TIREFORT, Valentine GOURGUE, Candice LAURENT)
Brexit : où en sont les négociations ?
Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni soumet à l'Union Européenne l'article 50 du traité de Lisbonne qui est la « clause de retrait de l'UE ». Commencent alors les négociations entre Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit pour l'UE et Theresa May, 1er ministre du Royaume-Uni ; elles ont pour points essentiels : la situation des expatriés, la frontière irlandaise et le paiement par Londres de ses engagements au budget européen. L'objectif de May dans ces négociations est d'obtenir un « hard Brexit » c'est-à-dire une sortie du Marché unique et la fin de la libre-circulation. Après des mois de négociations, en novembre 2018 un accord est proposé et accepté par le Parlement européen et les 27 membres de l'UE. Cependant le 15 janvier 2019, la Chambre des communes rejette en masse cet accord, et le 31 janvier 2019, les députés britanniques adoptent deux amendements : refus du backstop (frontière irlandaise ouverte) et d'un no deal. Certains points sont réglés comme le sort des expatriés dont le statut ne devrait pas changer mais la question de la frontière est toujours polémique tout comme le budget : le R.U. voudrait verser 20 milliards tandis que l'UE en veut plus du double. May est aujourd'hui dans une position compliquée puisqu'elle perd le soutien de son parti, et de plus, elle n'a plus de plan de secours à moins de deux mois de la sortie de l'UE. Elle voudrait donc demander à l'UE un rallongement du délai, car la sortie avec un no deal semble inévitable.

« Brexit : Comment les pauvres ont choisi de s’appauvrir », The Guardian
Les Britanniques ayant voté en faveur de la sortie de l’UE, le 23 juin 2016, se trouvent être en majorité issues des classes populaires (ainsi que les personnes âgées). En effet, ces électeurs pensent que le Brexit aura beaucoup moins de conséquences que ce qu’ils ont déjà vécu auparavant comme la crise de 2008 où l’UE leur avait imposé des politiques d’austérité qu’ils ne voulaient pas. Mais c’est aussi parce qu’ils sont très attachés à leur souveraineté nationale et ils ont alors l’espoir de redevenir une toute-puissance. En sortant de l’UE, ils pourraient ainsi contrôler l’immigration et ainsi agir sur les flux d’immigrants d’Europe de l’Est qui sont arrivés après leur adhésion à l’UE en 2004.
Néanmoins, les conséquences du Brexit seraient très néfastes pour le R.U., qui perdra tous les bénéfices des accords commerciaux entre l’UE et le reste du monde. Les relations commerciales seront donc régies par l’OMC, et les droits de douane et autres mesures protectionnistes ne faciliteront pas l’intégration du pays dans les échanges mondiaux. De plus, les estimations annoncent une chute du PIB britannique de 7% et chaque foyer britannique perdrait 5 400 euros de revenus par an. Au moment du référendum, la livre avait d’ailleurs été dévaluée de 15%. Ainsi, des entreprises se délocalisent en raison de l’incertitude d’un avenir avec le R.U., ce qui enclenche une hausse du chômage et donc une baisse du pouvoir d’achat. Aussi, en partant de l’UE, la puissance britannique économisera les 11 milliards d’euros tant contestés par ses habitants ; mais cette somme est très faible au regard des 126 milliards d’euros d’activités qu’elle va alors perdre.

Quelles sont les conséquences du Brexit sur la politique intérieure du Royaume-Uni ?
Le départ du Royaume-Uni de l’Union Européenne mettra un terme à la politique commune européenne appliquée jusque-là. Le Parlement britannique retrouvera alors la totalité de sa souveraineté nationale très attendue par les Britanniques.
En effet, le Royaume-Uni s’étant engagé dans le budget européen jusqu’en 2020, il va devoir payer d’importantes subventions à l’UE amenant à une modification du budget. De plus, le Parlement va pouvoir adopter sa propre politique d’immigration. Actuellement, la moitié des immigrations britanniques viennent de l’UE, le Parlement aimerait donc reprendre le contrôle de ses frontières. Enfin, le Brexit aurait de fortes conséquences sur l’union de l’État puisque la question irlandaise reste un point de tension. Actuellement, aucune solution n’a été approuvée par les Parlement européen et britannique : le retour à une frontière dure entre les deux Irlande est refusée ainsi que la solution du « backstop » qui consiste à rester dans une union douanière avec l’UE. De ce fait, le retour à une frontière physique ne serait pas nécessaire. Enfin, l’Écosse a voté à 62 % pour rester dans l’UE, la proposition de faire un nouveau référendum a été évoquée sans être validée pour le moment. Cependant, cela démontre la grande division du Royaume-Uni.

Sources :
20 Minutes, « Brexit : Un scrutin qui révèle les fractures de la société britannique », 24/06/2016 Delphine Bancaud
CNews, « Conséquences concrètes du Brexit », 07/02/2019
Le dessous des cartes, « Brexit : la grande inconnue », 23/01/2019, Pauline Schnapper
Le Figaro, « Brexit : 5 raisons pour lesquelles les britanniques veulent nous quitter », 18/02/2016, Florentin Collomp
Pour plus de détails sur le rejet par le parlement britannique : Podcast « Brexit : après le rejet de l’accord, quels sont les scénarios possibles », 16/01/2019, Olivier de France
Toute l'Europe (30/01/19)
European data news hub (08/01/19)

Diploweb video Pierre Verluise (23/12/16)

COLLE 3

L’indépendance tardive du Soudan du Sud
Il ne fait pas les titres de l’actualité, et pourtant…

Soudan du sud : quelle situation après 40 ans de guerre civile ?
En 1956, les colons britanniques accordent au Soudan son indépendance ; dans la foulée, des régions au sud du pays réclament leur indépendance, ce qui marque le début d’une longue guerre civile. Ces régions obtiennent finalement en 2011 leur indépendance par référendum, après de difficiles négociations avec Khartoum : le Soudan du Sud est né. Cependant, dès décembre 2013 le président Salva Kiir accuse son vice-président Riek Machar de fomenter un coup d’Etat. S’ensuit une nouvelle guerre civile ponctuée d’accords de paix inefficaces. Cependant, en septembre 2018, un nouvel accord de paix est signé ; il est toujours en vigueur actuellement (fév. 2019).
Avant même d’avoir pu être un Etat, le Soudan du Sud est un Etat failli : il est difficile de construire un Etat-nation à cause de tensions ethniques, qui sont causes des guerres civiles. Celles-ci y ont apporté la misère, la famine, l’inflation, en plus de crimes contre l’humanité et de génocides. L’Etat ne garantit pas la sécurité de sa population : celle-ci dépend donc en grande partie de l'aide internationale. La corruption est très présente. Le manque d’infrastructures telles que routes, hôpitaux, écoles… est considérable. Ainsi la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, et l'IDH du pays est de 0,42 le classant 181e sur 187 pays.
                Pourtant le Soudan du Sud ne manque pas d’attractivité : on y trouve des réserves de minerais stratégiques, comme l'uranium ou le zinc parmi les plus prometteuses au monde, ainsi que des ressources pétrolières ; mais celles-ci sont responsables de tensions entre le Nord et le Sud : le pétrole représente 98% des revenus du Soudan, mais de nombreux gisements se trouvent au Soudan du Sud, qui souhaite donc développer son activité dans le secteur. Il y a également d'importants enjeux pour l’eau : le pays est situé dans le bassin du Nil Blanc, et comporte donc de nombreux sols fertiles. L'aspect touristique pourrait de plus se développer, grâce à une grande savane à la faune préservée.

Soudan du sud : les enjeux de l’indépendance
Les différents enjeux sont une explication à l’indépendance tardive du Soudan du Sud. Tout d’abord, on observe des différends politiques puisque plusieurs peuples s'affrontent pour avoir le pouvoir, principalement les Dinka de Salvar Kiir qui s’opposent aux Nuer de Riek Machar. Les combats n'ont jamais réellement cessé malgré différents accords.
De plus, les différentes ethnies, malgré la proximité des langues parlées, n’ont pas la même culture et incarnent une division religieuse profonde.
La corruption empêche la mise en place des institutions et des infrastructures pour les populations ; les aspects sociaux ne sont pas maîtrisés. En effet, le pays n’a pas été habitué à mettre en place une démocratie à l'occidentale et a donc des difficultés à relever les défis que présente son peuple.
Le pays se déchire aussi autour de ses exploitations pétrolières, enjeu économique essentiel. C’est en partie leur présence dans le Soudan du Sud qui avait conduit Omar El Béchir, le président du Soudan, à se monter réticent quant à l’indépendance du Sud. Les rebelles convoitent les sites, donc le pouvoir en place se doit de trouver des solutions, comme le recours à l’appui de puissances étrangères.

Soudan du sud : le rôle des puissances étrangères dans le processus de paix
Les acteurs étrangers s'impliquent à différentes échelles dans le conflit qui déchire le Soudan du Sud. Le Soudan soutient les 2 camps, car la guerre lui est favorable : elle préserve ses intérêts économiques en empêchant le voisin austral de développer de nouvelles routes pétrolières, et évite dans le même temps des contestations frontalières susceptibles de lui retirer une partie de ses propres ressources fossiles.
S'étant d’abord rapprochée de Khartoum, l'Ethiopie se désintéresse du conflit pour se tourner vers ses façades maritimes, tandis que le Kenya, qui pourrait pourtant bénéficier de ressources pétrolières en cas d'accord avec un Sud-Soudan pacifié, se cantonne à la passivité par la faute d'un désaccord frontalier avec celui-ci. Malgré tout, le président Kiir peut s'appuyer sur 2 soutiens : celui de l'Ouganda, qui espère tirer des bénéfices d'un possible oléoduc vers le Kenya, et celui de l'Egypte qui lui livre des armes suite à son soutien dans sa politique hydraulique à propos du Nil, au détriment de l'Ethiopie voisine.
Au niveau mondial, les Saoudiens veulent pacifier les régions d'Afrique de l'Est pour leur permettre l'exploitation de terres, et les Américains prônent un interventionnisme régional, après avoir soutenu la sécession du Sud face à la puissance musulmane du Soudan. L'ONU a créé une mission spécifique, la MINUSS, mais celle-ci ne peut intervenir directement dans le conflit. Le salut du Sud-Soudan semble donc reposer sur ses propres épaules.

Sources
https://www.youtube.com/watch?v=kdaRLNpV0EY : un reportage de 15 minutes de la chaîne suisse RTS pour comprendre la situation du Soudan du Sud (mai 2017)
https://www.jeuneafrique.com/629224/politique/soudan-du-sud-le-nouvel-accord-de-paix-accueilli-avec-prudence/ : article donnant un point de vue plus proche, car provenant d'un média panafricain (sept. 2018)
https://www.diploweb.com/Afrique-Sud-Soudan-une-geopolitique-du-malheur.html : article de Patrice Gourdin enrichissant par sa manière d'aborder les thématiques (janv. 2019)


COLLE 4
L’échec du modèle rentier chaviste

Le 23 janvier 2019, Juan Guaido, le président du Parlement contrôlé par l'opposition, s'est autoproclamé « président » du Venezuela, mettant en avant l’illégitimité de l’actuel chef d’état Nicola Maduro que certains qualifient d’autoritaire. Cette annonce montre bien l’instabilité qui règne dans ce pays d’Amérique du Sud. La crise vénézuélienne prend ses racines dans les stratégies politiques et sociales de Hugo Chavez, reposant sur le pétrole. Pourquoi ce modèle rentier n’a-t-il pas fonctionné ?
 
I - Le pétrole, source de tous les maux vénézuéliens ?
Avec les plus grandes réserves de pétrole au monde (18 % des réserves mondiales) et les hydrocarbures représentant plus de 50 % du PIB, le Venezuela est incontestablement lié à l’or noir. Cependant, la dépendance que le pétrole entraîne est dangereuse. En effet, le pays, membre de l’OPEP, devient petit à petit esclave du cours du pétrole. Entre 2014 et 2016, le baril passe de 105 $ à 33 $. Cette chute aboutit à un effondrement de l’économie vénézuélienne marquée par une inflation qui va atteindre des records. Evidemment, les répercussions sont dramatiques dans tous les domaines à l’image du secteur social : manque de nourriture, de médicaments, d’habits pour une population vivant dans la pauvreté (86 % des vénézuéliens sous le seuil de pauvreté).
L’origine de cette crise n’est pas seulement la rente pétrolière mais également le modèle chaviste mis en place en 1999, la corruption, une armée influente ou encore des trafics en tous genre. Chavez, avec ses idées socialistes, n’a pas diversifié la production et l’exportation, préférant privilégier les dépenses sociales. De plus, l’armée ne protège pas forcément la population. Voisin de la Colombie, le Vénézuela est également devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne et cela augmente considérablement la corruption déjà présente. C’est un ensemble de phénomènes avec un pivot, le pétrole, qui sont responsables de tous les maux du Venezuela.

II - La situation du Venezuela, typique des régimes socialistes
Le Venezuela est-il l’énième pays socialiste en faillite ? Il faut dire que le modèle économique et politique adopté a largement contribué à la situation actuelle. L’Etat est le seul véritable acteur économique : de ce fait, le secteur privé a un rôle très marginal et le tissu industriel privé est quasi inexistant. Mais ce qui distingue le Venezuela des autres pays socialistes, c’est sa rente pétrolière. Lorsque Chávez prend les rênes du pays en 1998, 86 % de la valeur des exportations provient du pétrole. Grâce à cette manne financière, le pays a pu mettre en place une politique sociale très généreuse, soutenue par la hausse continue du prix du baril depuis le début des années 2000 : 50% des recettes de l’entreprise pétrolière publique PDVSA sont ainsi consacrées aux dépenses sociales.
Néanmoins, ce modèle de développement a empêché l’investissement productif et a conduit à sacrifier l’agriculture. La situation du secteur agricole au Venezuela rappelle d’ailleurs celle de l’URSS de Staline : la nationalisation et la redistribution des terres à des personnes qui n’ont ni le savoir-faire ni les moyens techniques ont fait chuter une production déjà insuffisante. Le gouvernement se trouve alors contraint d’importer tous les produits de consommation. Après l’effondrement des prix du pétrole en 2014, sa balance commerciale, lourdement déficitaire, ne lui permet plus d’importer comme avant : le pays se retrouve à court de denrées de base et de produits médicaux. Un scénario catastrophe qui menace tous les pays ayant adopté le même modèle, comme l’Algérie : celle-ci a récemment introduit des quotas d’importations et voit ses réserves en devises diminuer constamment depuis 2014. A défaut d’un rebond des prix du pétrole, des experts prédisent la faillite du pays à l’horizon 2023.

III - Des tentatives de redressement vouées à l’échec
Avec tous les problèmes qui ont touché le pays, l’Etat était obligé d’intervenir. C’est suite à la chute du prix du baril de pétrole en 2014 que Maduro décida de financer son déficit budgétaire en ayant recours à la fameuse « planche à billets ». Le gouvernement décide également de réduire ses importations en restreignant la vente du dollar sur le marché. Ces décisions sont à l’origine des tendances inflationnistes : une masse monétaire (nombre de billets en circulation) croissante étant disponible pour une quantité stable voire décroissante de biens et de services, la flambée des prix était inévitable. L’Etat a tenté de soutenir le pouvoir d’achat en mettant toujours plus de billets en circulation (la multiplication du salaire minimum par 3000 en est le parfait exemple).
Difficulté supplémentaire : les années 2016 et 2017 ont été marqués par d’importantes échéances de remboursement de dette. En dépit des revenus pétroliers en chute libre, le gouvernement a respecté ses engagements. Durant une allocution en décembre 2017, M. Maduro affirme qu’entre 2014 et 2017, le pays avait remboursé la somme colossale de 72 milliards de dollars de dette, ce qui complique d’autant plus la situation du pays car les réserves monétaires ont été vidées.
En d’autres termes, la situation vénézuélienne aujourd’hui connaît des difficultés énormes et les choix pris au sein du pays ne simplifient pas les choses...

Sources :
   - Jean Gisèle. « Venezuela de l'après-Chavez. Une transition difficile », Savoir/Agir, vol. 24, no. 2, 2013, pp. 113-119.
Le dessous des cartes - Venezuela : Le Chavisme sans Chavez - 14 février 2015 (https://youtu.be/IEou3oo7I_U

COLLE 5

COLLE ACTUALITE : LA GEOPOLITIQUE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Février 2019



            Lorsque l’on parle d’intelligence artificielle (IA), on peut se référer à de nombreux objets. Les plus récents sont les systèmes de reconnaissance vocale comme Siri, Google Home, Echo ou encore HomePod qui permettent de contrôler certaines taches ménagères comme allumer la radio, donner la météo, fermer les volets ou encore arroser le jardin. Plus délicatement, on voit les voitures autonomes comme les Tesla qui permettent de fonctionner sans conducteur. 



I/ Un duopole sino-étatsunien

            Les États-Unis sont le siège et l’origine de l’IA grâce à la Silicon Valley. Ils attribuent un budget d’environ 18 milliards d’euros (2016) au développement de l’IA et sont le siège des GAFAMI (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Instagram). La Chine représente le futur de l’IA. Ils lui attribuent 9 milliards d’euros (2016). Elle est le siège des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). 

Le duopole sino-étatsunien met seulement en relation les firmes transnationales, remettant en question la place des États dans la géopolitique de l’IA.

            Ils forment un duopole grâce à leur forte concurrence. Le développement de l’IA chinoise est de plus en plus en pointe. Ils ont leurs propres moteur de recherche, sites de rencontre, réseaux de téléphonie, réseaux sociaux,… De plus, les autres espaces mondiaux ne sont que très peu concurrentiels. L’Afrique est une zone vierge de toute technologie et l’Europe n’axe pas sa politique spécialement sur son développement, préférant signer des accords avec les États-Unis. 



II/ Quelle place pour l’Europe?

            Alors que les États-Unis et la Chine dominent le domaine de l’intelligence artificielle, l’Europe semble être en retrait.Certain pays européens comme la France ont les moyens d’investir dans le domaine mais n’ont pas la volonté politique tandis que la Russie de V.Poutine, qui a donné la priorité au développement de l’IA, se heurte au faible dynamisme de son économie .

            D’autre part, l’influence des GAFAM et des FTN chinoises est importante sur le continent, au point où les startups prometteuses européennes sont rapidement rachetées par ces géants du numérique, phénomène qui s’accompagne en parallèle par la migration d’ingénieurs et de chercheurs vers la Silicon Valley.

            De plus, la notion d’éthique revient de manière récurrente, et l’Europe semble être la seule à pouvoir la défendre, car ce n’est pas les États-Unis, et encore moins la Chine qui vont le faire.

Or, avec une population supérieur à celle des États-Unis, développer un programme propre à l’Europe semble être la solution qui permettrait au continent d’obtenir un nombre important de données ainsi que d’imposer ses normes éthiques.

            Le rattrapage du retard des pays européens est ainsi possible si l’Europe s’investit davantage dans le développement de l’IA en son sein et pourquoi pas coopérer avec l’Afrique, territoire stratégique qui partage avec elle un lien historique.



III/ Peut-on parler de cyber-colonialisme ?
            Tout d'abord le cybercolonialisme est le fait d'exploiter une ressource locale en mettant en place un système qui attire la valeur ajouté (indicateur économique qui mesure la valeur ou la richesse créée par une entreprise, un secteur d'activité ou un agent économique au cours d'une période donnée) vers votre économie.          Les grandes entreprises telles que les GAFAM et les BATX veulent étendre leur influence au-delà des frontières de leurs pays. Cedric Villani (mathématicien et député français) nous explique dans son rapport sur l'intelligence artificielle de mars 2018 qu'il y a un « risque de captation de la valeur ajouté et de la compétences par les institutions étrangères ».
            De plus, les grandes plate-formes américaines et chinoises telles que Google ou Alibaba absorbent toute la valeur ajouté d'un pays: les cerveaux (ingénieurs et chercheurs), les données et les services. Le continent africain est devenu le terrain de jeux de ces firmes multinationales, la population est très nombreuses et jeunes.
            Ce cybercolonialisme est un moyen d’étendre son influence et d'absorber la concurrence européenne.En effet en août 2018, la capitalisation boursière d’Apple a dépassé 1 000 milliards de dollars, l’équivalent de la capitalisation des dix premières entreprises du CAC40.

Sources :
- I.R.I.S site de P.Boniface
- Vidéo Youtube : interview de C.Thibout par P.Boniface : https://www.youtube.com/watch?v=0vlim-vqHn0
- IFRI Géopolitique de l'Intelligence artificielle : le retour des empires ? Politique étrangère, vol. 83, n° 3, automne 2018

COLLE 6
LE TRAITE FRANCO-ALLEMAND D’AIX LA CHAPELLE : QUELS ENJEUX ?
                Signé le 22 janvier 2019, soit 56 ans après le Traité de l’Elysée signé par DE GAULLE et ADENAUER, le traité d’Aix La Chapelle, rassemblent les chefs d’Etat MACRON et MERKEL sur l’approfondissement du travail de leurs prédécesseurs. On peut déterminer 3 enjeux de ce traité :
I/ TRAITE FRANCO-ALLEMAND : DEFENSE ET RELATIONS DIPLOMATIQUES
Pour ce qui est de la défense, le traité de l’Elysée ne possédait pas d’article spécifique et les tentatives de politiques de défense communes ont mené vers des échecs relatifs. Ce nouveau traité accentue donc ce point en créant un projet d’armement commun, ainsi qu’en échangeant du matériel et des hommes. De plus si l’un des pays est attaqué, l’autre se doit d’intervenir par tous les moyens possibles
Si la politique étrangère était un pilier du traité de l’Elysée, elle a mené à des dissensions notamment quant au rapprochement avec les pays anglo-saxons. Elle est alors approfondie avec la création d’une association parlementaire franco-allemande de 100 élus qui visent à amener les deux pays vers une convergence d’idées sur la politique étrangère. L'idée d'entente franco-allemande au sein de l'ONU laisse entrevoir la volonté d'un changement institutionnel de l'Organisation qui laisserait plus de place à tous les états membres.

II/ LA POLITIQUE TRANSFRONTALIERE
Les échanges entre l'Allemagne et la France semblent évidents puisque les pays partagent une frontière géographique naturelle. Ces échanges sont tout d'abord de nature économique : le but est d'aider les PME, de faire converger les économies et de développer un fond commun pour favoriser des initiatives citoyennes et des reconversions de zones nucléaires. Le second critère des échanges franco-allemand est basé sur le rapprochement des populations qui est mis en place par l'essor des communications (pont sur le Rhin, Forum pour l'Avenir) et l'OFAJ qui permet l'échange de 200 000 personnes chaque année.
Cependant cette politique est critiquée par les extrêmes droites et les journaux des deux pays. La barrière de la langue restreint le ressenti de l’implication ; on ne compte qu'un million de francophones en Allemagne (et respectivement en France). Marine Le Pen dénonce la perte de souveraineté en diffusant de fausses informations et son homologue allemand, Alexander GAUTLAND voit d'un mauvais œil la montée d'une « super-Europe » au sein de l'Union Européenne.
III/ MATRICE POUR L’EUROPE DE DEMAIN ?
Avec la montée des populismes et nationalismes, les divergences européennes, l’affaiblissement d’Emmanuel MACRON et Angela MERKEL au sein de leur pays et le Brexit, le traité d’Aix La Chapelle est un espoir de solutions. Le renforcement du social, comme la création d’un fond citoyen, mais aussi une intégration économique plus poussée peuvent provoquer des désaccords. C’est le cas pour les exportations d’armes en Arabie Saoudite ou la gazoduc Nordstream 2. Ainsi ces oppositions freinent la dynamique du traité qui repose davantage sur la symbolique de l’amitié franco-allemande que sur la stratégie. Pour les Allemands, il ne s’agit que du prolongement d’un accord de travail. Il est aussi mal perçu par d’autres pays, notamment populistes comme l’Italie qui ne voient dans ce traité qu’une nouvelle source de divergence au sein de l’Europe.  

SOURCES :

https://www.france-allemagne.fr/-L-actualité-.html //Maxime VAUDANO, Le Monde du 22/01  // Lise JOLLY, revue Européens « A bout de souffle, vers la fin du franco-allemand ? » // Le FIGARO 21/01/2019 Guillaume TABARD Isabelle LASSERRE // enjeux internationaux 24/01/2019 // www.touteleurope.eu // diplomatie.gouv 

COLLE 7 mars 2019
Guerre économique Etats-Unis – Chine
I- Guerre économique : comment et pourquoi ?
                La guerre économique commence à la fin de la Guerre Froide déclarée par la secrétaire d’Etat du président Clinton. Le tournant de cette guerre apparait en 2001 lors de l’entrée de la Chine à l’OMC qui lance la concurrence Chine / Etats-Unis. En effet Xi JINPING annonce que d’ici à 2050 la Chine souhaite être la première puissance mondiale et avoir un rayonnement international menaçant alors la suprématie étatsunienne. Cela entraine des rivalités au niveau économique, commercial et monétaire.
                La guerre économique s’exprime par une envie des deux partis de freiner son opposant. Au niveau économique, les Etats-Unis ont par exemple mis en place de forte barrières douanières envers la Chine qui elle pratique une politique de sous-évaluation du yuan (1$ = 6,7 yuan). De plus la Chine peut être une menace pour les EU du fait qu’elle possède environ 1.100 milliards de dollars des réserves mondiale de dollars
(37%), ce qui lui permet d’assoir leur domination économique sur les EU. Cette guerre économique et monétaire entraine une guerre commerciale qui touche par exemple les ressources naturelles telles que le pétrole : la Chine et les EU investissent tout deux en Afrique notamment dans le pétrole entrainant des rivalités commerciale. Enfin la chine a lancé le projet des nouvelles routes de la Soie lui permettant d’ouvrir son marché à 68 pays entre la Chine et l’Europe. Cela lui permettrait d’obtenir un rayonnement plus important mais surtout de concurrencer le commerce Europe-EU. Cette nouvelle route de la Soie est donc une nouvelle source de conflits entre les deux partis. Donc cette guerre économique ce fait par les voies politiques, commerciales, économiques…
Sources : Courrier International (mars 2019), Conflit « guerre économique » (hiver 2014).
II- Des gagnants et des perdants
                Les premiers perdants de cette guerre économique seraient inévitablement les Etats chinois et américain puisque leurs économies sont très interdépendantes : en 2016, les échanges bilatéraux ont atteint 519 milliards de dollars. De plus, la Chine ne possède que très peu de matières premières sur son territoire et est donc très tributaire des exportations américaines. De leur côté, les Etats-Unis pourraient être considérés par les nombreux partenaires économiques chinois (projet de Route de la Soie) comme un allié commercial peu fiable, privilégiant les sanctions au dialogue.                                                                                                                               Les firmes sont également touchées par cette guerre économique. En effet, les Etats-Unis, suivis par d’autres pays comme le Royaume-Uni, ont banni depuis 2012 les équipements de la firme Huawei de leur territoire, l’accusant d’espionnage pour le Parti Communiste chinois. Les consommateurs sont donc perdants puisque certains produits ne peuvent plus être consommés. De plus, les politiques protectionnistes pourraient amener les prix d’exportation des produits chinois et américains à augmenter. Malgré cela, la politique de dumping monétaire de la Chine tend au contraire à faire baisser les prix.                                                                                   Selon les estimations de février 2019 par la CNUCED, plus de 80% des 250 milliards de dollars d'exportations chinoises victimes des tarifs américains bénéficieront à des concurrents étrangers. A l'inverse, environ 85% de la valeur des exportations américaines ciblées par les tarifs chinois basculeront vers des entreprises d'autres pays. Ainsi, l’Europe pourrait voir ses échanges avec la Chine et les Etats-Unis augmenter, mais pour cela, elle doit garder de bonnes relations économiques et politiques avec les deux camps, ce qui semble difficile. Enfin, la guerre économique a des effets positifs en Afrique puisqu’elle favorise les investissements chinois et américains dans les matières premières (ex : pétrole au Zimbabwe).
Sources : l’OBS (mars 2018), le Monde (février 2019), le Figaro (mars 2018).
III- Vers la fin du multilatéralisme commercial ?
                Historiquement, par l’instauration du GATT (devenu OMC en 1995), les Etats-Unis représentent un fer de lance de cette coopération internationale. La Chine quant à elle, longtemps protectionniste, ne rejoint l’OMC qu’en 2001 sans forcément respecter les valeurs défendues par l’organisation.                                                     En effet, la Chine est largement critiquée par les Etats-Unis ou l’Union Européenne pour divers agissements : laxisme environnemental, dumping, obligation de dons technologiques de la part de firmes étrangères etc… Celle-ci, depuis les années 1990 et l’instauration de ses ZES, ne respecte donc pas les règles du jeu commercial mondial.                                                                                                                                                                       En 2018, Trump, au vue de ces divers agissements et de son déficit commercial (300Mds$) important vis-à-vis de la Chine, décide de taxer les importations chinoises sur les matières premières. Il entre ainsi en rupture avec les idéaux défendus par l’OMC, bien loin d’un multilatéralisme commercial idéal…                                             Pour autant, le multilatéralisme implique des relations entre plus de deux Etats ce qui pose donc la question des autres acteurs à l’échelle mondiale. L’Union Européenne, très discrète quant au futur projet de « nouvelle route de la Soie », pourrait jouer un rôle de médiateur dans cette guerre. Les régions proches des deux Etats belligérants (Asie du Sud, Canada, Mexique…) pourraient égaler hériter d’une importance accrue dans les négociations commerciales mondiales, à l’image de l’ALENA renégociée l’an dernier.
Sources : Le Monde diplomatique « La Tanzanie mise sur la Chine » (n°779, février 2019), Le Dessous des Cartes « Vers une nouvelle route de la soie » (10/01/2015), Le Monde « La fin du doux commerce » (10/02/2019).

COLLE 8 : la crise politique en Algérie entre révolution et conservatisme


Les manifestations en Algérie : une révolution multiforme.

                Une révolution est un changement brusque et parfois violent dans la structure politique et sociale d’un Etat, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir.
En Algérie, depuis l’annonce de la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika le 2 février 2019, on assiste à un véritable « printemps algérien ». Les manifestations ayant commencé dès le vendredi 22 février en Algérie suite à un appel anonyme sur les réseaux sociaux sont l’illustration même de cette révolution. Il faut savoir que depuis la décennie noire, aucun mouvement d’opposition n’a eu une telle ampleur. Hommes, femmes, enfants, jeunes ou personnes âgées ont pris part à un mouvement collectif qui dénonce aussi bien une sphère politique corrompue qu’inégalitaire. C’est une révolution polymorphe : elle est politique, médiatique, jeune (puisque la jeunesse est depuis bien longtemps considérée comme apolitique), féminine et bientôt peut-être militaire.

Le pouvoir algérien : comment et pourquoi tient-il encore ?

                Abdelaziz Bouteflika, Président de l’armée, récupère tous les pouvoirs en 1999 durant la période de la « décennie noire », la guerre civile algérienne qui opposa l’Armée Nationale Populaire (ANP) et divers groupes islamistes de 1991 à 2002.
Son arrivée symbolise le retour de la dignité, du pacifisme, de la paix et de l’espoir pour le peuple Algérien, par exemple, sur le plan social par la mise en place d’un nombre incalculable de logements.
Le pouvoir algérien tient encore car le Front de Libération National (FLN) de Bouteflika a le soutien de l’ANP de Gaïd Salah, du parti du Rassemblement National Démocratique (RND) et des services secrets, mais il est également soutenu par les syndicats de salariés (UGTA) et le patronat. De plus, il incarne la génération qui a obtenu l’indépendance en 1962.
Par la corruption au niveau administratif, il a empêché le développement d’autres partis et a toujours été élu avec plus de 80% des voix. De plus, la forte propagande et son utilisation des revenus du pétrole (qui représentent 1⁄4 du PIB algérien et 95% des exportations) lui ont permis de rester au pouvoir.
Enfin, le fait que par le passé le peuple algérien n’ait jamais osé se rebeller contre le pouvoir par crainte d’un retour à la guerre civile et au terrorisme islamiste est un facteur qui a permis au président Bouteflika de se maintenir au pouvoir. De fait, il est un des membres actifs et influents du FLN depuis 1962.

Slogan récurrent : « qu’ils dégagent tous ! ».

                La contestation du peuple algérien est certes une attaque directe contre un président comparse, mais aussi et surtout l’expression d’une exaspération intergénérationnelle envers un pouvoir clanique et mafieux. Comme le titre Le Monde Diplomatique, c’est notamment à ces « décideurs de l’ombre » - ses deux frères MM. Saïd et Nacer Bouteflika - que sont destinés les cris de « Silmiya » (« manifestation pacifique »). Pour autant, la volonté de renouveau n’est pas que politique, l’Algérie reste une armée-Etat, statut hégémonique hérité du passé. En demandant l’application de l’article 102 de la Constitution prévoyant la destitution du président pour cause de maladie longue le rendant inapte à l’exercice du pouvoir, le chef d’Etat-major de l’ANP Ahmed Gaïd Salah positionne encore le corps militaire comme arbitre entre les différentes entités. Par ailleurs une telle exécution implique la régence du pouvoir par le président du Conseil de la Nation, qui n’est autre qu’un fidèle du FLN : Abdelkader Bensalah. Le renouveau doit être total mais pour se faire, il ne peut épargner le PDG de la Sonatrach,  Abdelmounen Ould Kadour qui reste une figure clé du régime.

Ainsi le démantèlement de l’architecture vieillissante d’une Algérie encore aux mains  du même parti depuis 1962 (date de de la Libération) constitue un dépoussiérage d’une gérontocratie clanique de plus en plus pesante et qui contraste avec une population jeune qui na pas connu la guerre et souhaite tourner la page du FLN. Depuis les printemps arabes de 2011, laction de la rue algérienne avait été limitée (grâce à la manne pétrolière, mais la baisse du prix du pétrole depuis 2015 posait des pbs à lEtat agérien) ; il y avait aussi de la retenue (liée à la mémoire récente de la guerre civile des années 1990 qui avait précisément permis à Bouteflika et au FLN de rester au pouvoir). Le jusquau-boutisme dun leader handicapé risque de tout faire perdre à un régime à bout de souffle.
 Lincertitude est désormais forte : lEgypte est passée de 2011 dun printemps démocratique à un hiver islamique (élection de Morsi à la tête dune association politico-religieuse, les Frères musulmans), puis retour à une dictature (El-Sissi). Seule la Tunisie voisine est devenue un modèle pacifique
LAlgérie peu suivre 3 scénarios :
1 évolution démocratique (modèle tunisien)
2  guerre civile et chaos (modèle libyen ou yéménite)
3  retour dune dictature (modèle égyptien).


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SOURCES
https://www.rtl.fr/actu/international/algerie-un-soulevement-populaire-logique-et-massif-selon-alain-duhamel-7797116871
Courrier international numéro 1479 du 7 au 13 mars 2019 : Algérie place aux jeunes !



nito DJIBOM, Yannis DEBBAH et Baptiste MAGNÉ + Serge BOYER



COLLE 9

LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION JAPONAISE

Le déclin démographique, une « crise nationale » ?
Perrine DELTOUR

            Au début de l’année 2018, le 1er ministre japonais Shinzo Abe évoquait une « crise nationale ». En effet, dès lors de l’entrée dans « l’hiver démographique » (Gérard-Francois Dumont) en 1974, le déclin démographique n’a cessé. Tandis que la population japonaise connait une croissance sans précédent jusqu’en 2010 (128 millions d’habitants), celle-ci diminue par la suite (126 millions aujourd’hui). De plus, les prospectives ne sont pas encourageantes puisqu’elles prévoient une population en constante diminution (110 millions en 2050).

            D’une part, ce déclin démographique serait du à un conservatisme fort des Japonais qui perdure grâce à des valeurs culturelles enracinées. En effet, le taux de célibataires augmente chaque année puisque certaines femmes indépendantes préfèrent rester seules que de se marier et se mettre par conséquent au service d’un homme ; ou alors elles ont du mal à trouver un mari dont le statut social doit leur être par tradition plus élevé.

            D’autre part, le gouvernement japonais ne favorise pas la natalité : l’éducation et les logements restent très chers, les allocations familiales sont moindres et la sécurité sociale consacre seulement 7% à la petite enfance. La difficulté de mise en place de politiques natalistes qui n’est d’ailleurs pas nouvelle a donc entrainé une chute de la natalité. C’est d’abord le vote d’une loi sur l’eugénisme en 1948 qui déclenche la baisse de la natalité (démocratisation de l’avortement). Puis, malgré des plans étatiques tels que le Plan du Nouvel Ange dans les années 2000, la baisse perdure et le tournant historique de 2005 fait tomber le nombre d’enfants par femme à 1,3 tandis qu’il était de 2 en 1957. L’année 2005 est fatidique : c’est la 1ère fois que le taux de natalité devient inférieur au taux de mortalité. Aujourd’hui, on observe une légère hausse puisque le nombre d’enfants par femme est de 1,5. Cependant, ce chiffre n’est largement pas assez élevé. D’où un vieillissement de la population en perpétuelle augmentation.

Quels enjeux économiques ?
Julie MARCELIN

Le vieillissement de la population a des répercussions économiques :

              Baisse de la population active et vieillissement de celle-ci (15-65 ans) : qui passerait de 80 millions en 2010 à 25 millions en 2030
                        —> cela pourrait également entraîner une baisse de la productivité due à des actifs moins productifs, moins créatifs et moins adaptables à la technologie et donc une baisse du PIB bien que cela n’est pas été encore prouvé
              Poids sur le budget de l’État et augmentation de l’impôt : dû à l’augmentation des dépenses sociales pour l’entretien des seniors
                        —> car perte des traditions japonaises où les enfants s’occupaient des anciens (cohabitation générationnelle)
                        —> de plus, comme la participation électorale est minimale chez les jeunes, celle des personnes âgées ne fait qu’augmenter (30 % du corps électoral aujourd’hui à 40 % en 2035). Résistants au changement, cela pourrait aboutir à un repli du Japon sur lui-même ( nationalisme et protectionnisme). 

Pour y remédier le gouvernement de Shinzo Abe semble préférer repousser l’âge de la retraite, développer l’intelligence artificielle, et se spécialiser dans la domotique, la biotechnique ou la génétique curative, que s’ouvrir à l’immigration.

De plus, ce vieillissement de la population a également des conséquences géopolitiques :

              Face à la Chine qui multiplie ses actions en mer de Chine, la réponse japonaise devient plus difficile (précocité et intensité de l’hiver démographique).
              Le coût de la « gérontocroissance » DUMONT et de la dépopulation rend plus difficile les projets à visée géopolitique.
              Malgré sa puissance économique relative, les arguments du Japon pour justifier sa revendication d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU se réduisent, notamment face à l’Inde ou au Brésil en croissance démographique. (Julie MARCELIN)


Quelles conséquences sur l’emploi ?
Julie WATIER

            Les générations moins nombreuses, nées à compter de la baisse des naissances commencée au milieu des années 1970, entrent dans la population active potentielle Leur moindre nombre finit par influencer les effectifs d’actifs potentiels qui diminuent au Japon
La population active potentielle est projetée en diminution elle atteindrait un faible taux de 51 millions d’actifs en 2050. Face à ce vieillissement programmé des choix étatiques s’imposent.

            D’une part, l’immigration a longtemps été refusée par souci de maintenir une homogénéité et une identité culturelle propre. Cependant le gouvernement japonais a déjà dû faciliter l’entrée migratoire : le nombre d’étrangers se poursuit dépassant pour la première fois le chiffre de 1 million au recensement de 1995. Aujourd’hui elle est entièrement sélectionnée, contractuelle et temporaire et des contrats bilatéraux sont passés entre certains pays fournisseurs. C’est le cas du recrutement en Indonésie de 6000 infirmières. En 2019, 48 000 travailleurs étrangers supplémentaires seront accueillis.

            D’autre part le maintien de la puissance économique japonaise suppose donc des hausses très importantes de la productivité et/ou du taux d’emploi. Néanmoins, une augmentation du taux d’emploi suppose un taux d’emploi significatif pour les 65 ans ou plus c’est pourquoi basé sur le volontariat, l’âge de la retraite peut atteindre 70 ans dans certains cas.



Conclusion

            Le Japon est dorénavant entré dans une ère de transition majeure soulevant des enjeux multiples ainsi que des transformations socio-économiques qui pourraient avoir de lourdes conséquences sur l’avenir du Japon. Mais, l’enjeu démographique n’est pas réservé aux pays du Nord puisqu’elle touche tout aussi bien certains pays du Sud notamment par le surpeuplement.

Complément : LE PHENOMENE DE KAROSHI (S.Boyer)

           Depuis quelques années, la population japonaise baisse, passant de 128 à 126 millions d’habitants ; au niveau de la population active, les effets sont parfois catastrophiques visibles à travers le phénomène dit de « karoshi », soit de mort au travail par épuisement (le ple souvent arrêt cardiaque ; en effet, les entreprises qui ne peuvent pas recruter de nouveaux personnels par manque de candidats, obligent leurs salariés à faire beaucoup d’heures supplémentaires, d’où des cas d’épuisement)


Sources

Géopolitique du Japon : un collapsus démographique programmé (diploweb)
Japon : le dépeuplement et ses conséquences (GéoConfluences)
La population du japon poursuit son inquiétant déclin, Le monde (2018/01/09)

Le jour ou le Japon disparaitra, Courrier international, (29 mars 2018)

COLLE 10 DUBAI, hyperlieu


Dubaï, un « hyper-lieu »   avril 201

I.     Dubaï, un concentré de mondialisation

Un espace mondialisé doit répondre à certains critères, que Dubaï remplit amplement.
Dubaï est un lieu par lequel différents flux passent. D’abord des flux de personnes, le hub d’Emirates est le 3ème mondial. Etape pour les longs trajets, l’aéroport de Dubaï accueille touristes, magnats du pétrole ou bien émiratis. La population de Dubaï est diverse, entre riches expatriés et travailleurs pauvres, 90% de celle-ci est étrangère.
Dubaï est au coeur de nombreux flux commerciaux notamment grâce à son port, Jebel Ali, 9ème mondial. Sa place est stratégique, entre l’Occident et l’Asie.
Etant l’émirat avec le moins de pétrole (6% de son PIB en 2004), afin de s’insérer dans la mondialisation, Dubaï développe le commerce et le tourisme. Son but, lors des escales des passagers, est d’inciter à rester quelques jours. Avec d’énormes centres commerciaux et de nombreux parcs d’attraction, Dubaï a tout pour attirer les touristes.
La Burj Khalifa, plus haute tour du monde (868m) permet de faire connaître la ville dans le monde entier, ville futuriste et insolite avec ses iles artificielles et sa piste de ski couverte.
L’hyper-lieu abrite une multitude d'universités et de facultés régionales et internationales, et accueille plus de 24 000 étudiants du monde entier.

II.    Dubaï, inégalités VS affinités sociales

Dubaï est rapidement devenue un lieu clé de la mondialisation. Sa démesure et sa place stratégique entre Asie et Occident lui a permis de se développer particulièrement vite et d’attirer de nouvelles activités uniques dans le monde arabe. En plus d’attirer des investissements permettant à cet émirat d’agrandir son rayonnement tant régional que international, il attire de nombreuses personnes qui trouvent en Dubai une nouvelle chance, en effet 90% de la population dubaïote est d’origine étrangère . Ainsi de nombreux travailleurs mais aussi cadres et chefs d’entreprises s’installent à Dubaï.
L’un des 5 piliers que Lussault a instauré afin de definir ce qu’est un hyper-lieu est l’affinité. Chaque personne qui s’installe à Dubaï cherche à construire une vie qu’il ne pourrait pas avoir au sein de son pays d’origine. Ainsi cette volonté d’une vie meilleure rapproche les hommes dans la même pensée. Mais cela crée aussi des inégalités sociales car les travailleurs non qualifiés provenant souvent d’Asie sont cantonné à des métiers très peu rémunérés et aux conditions extrêmement difficiles en particulier la chaleur, la température pouvant atteindre jusqu’à 50°. Ainsi dans un lieu où le luxe prime et qui attires grand nombre de célébrité et de personnes fortunées, se trouve aussi des travailleurs pauvres qui cherchent une vie plus agréable qu’ils n’auraient dans leurs pays d’origine. Il est important de garder en tête que la ville de Dubaï ne pourrait être ce qu’elle est grâce à ces travailleurs.

III.  Dubaï, entre hyperscalarité et hyperspatialité

L'hyperspatialité et l'hyperscalarité sont deux des cinq critères de l’hyper-lieu.
L'hyperspatialité est le fait d'être en connexion autour de soi mais aussi avec le monde entier. Ainsi, la ville de Dubaï permet de rester connecté avec le monde entier grâce à de nombreux points wi-fi notamment.
L'hyperscalarité signifie que le lieu joue un rôle clé à l'échelle locale, régionale, nationale et mondiale. Dubaï génère beaucoup d'emplois destinés aux populations locales mais aussi expatriées et représente le deuxième PIB des Émirats, derrière Abu Dhabi. De plus, le port de Djebel Ali est le 3e mondial en matière de réexportation (exporter à destination d'un pays des marchandises précédemment importées d'un autre) et l'aéroport de Dubaï est le 1er en terme de passagers internationaux (notamment grâce à la compagnie Emirates qui couvre 143 destinations). Dubaï compte toutefois étendre encore plus son influence grâce à de nombreux projet comme celui de construire la plus grande bibliothèque de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, accueillir l'exposition universelle de 2020 ou encore le projet ambitieux de devenir première destination mondiale.

Sources :
Le dessous des cartes, Aéroports : la guerre des hubs (ARTE, 2018)
Dubaï, hub et urbi, Libération par Jean-Baptiste Frétigny (2017)

Dubaï, le « hub » de la mondialisation heureuse, Le Monde par Gilles Paris (2007)


COLLE 11 
LA MONDIALISATION GRISE : L’EXEMPLE DU TRAFIC D’ORGANE.

       Selon Roger Brunet la mondialisation grise se définie comme “cette partie du monde mal connue et qui tient à le rester, qui se présente à la fois comme le négatif du monde et comme son double indispensable.”

Le trafic d’organe : des causes multiples.
            Le trafic d'organes est dû à un manque de dons d'organes. En effet, certaines personnes dont les organes sont gravement atteints nécessitent une transplantation, s'ils ne reçoivent pas directement un don (notamment d'un membre de leur famille), ils sont alors placés sur une liste d'attente de dons d'organes provenant de personnes décédées. Cependant, dans certains pays les dons d'organes sont trop insuffisants  : c'est le cas en Chine puisque selon leur culture (mais aussi selon d'autres cultures ou religions) les corps de personnes décédées doivent être enterrés tels quels, on ne leur prélève donc pas d'organes qui ne peuvent alors pas servir aux nécessiteux. Ainsi, la Chine est l'un des pays dans lequel le trafic d'organes est le plus important.
            De plus, les organes sont vendus par des personnes parfois mal éduquées, ne connaissant pas les conséquences que peuvent avoir le manque d'un organe comme par exemple les difficultés pour l'exercice physique qu'entraînent le manque d'un rein, et souvent en situation d'extrême pauvreté à la recherche d'argent. Ainsi, dans certains pays comme en Inde ou au Pakistan, les femmes utilisent la vente de leurs organes pour payer leur dot ou encore pour rembourser les dettes de leur mari. C'est aussi par besoin d'argent que Daesh pratique le trafic d'organes.
            Mais aussi, le trafic d'organes est aujourd'hui amplifié par la mondialisation qui permet le développement des télécommunications et surtout d'internet facilitant la mise en relation de demandeurs et de vendeurs d'organes (certains organes sont parfois mis en vente sur Ebay ou sur des pages Facebook) mais aussi l'essor des migrations.

Les migrations et trafics d’organes.
            Les migrations de courte durée se font avec le tourisme de transplantation : il représente environ 10% des transplantations rénales dans le monde (7 000 transplantations illégales selon les chiffres de l’OMS en 2005) et se caractérise par le fait de personnes fortunées des pays développés et riches (Etats-Unis, Canada, Israël, …) qui migrent vers des pays moins riches (voire pauvres comme la Chine, le Pakistan, la Malaisie, le Brésil…) pour recevoir un organe. Ce fut notamment le cas entre la Malaisie et l’Inde (jusqu’au début des années 1990) où la Chine a pris la place de l’Inde depuis (pays dans lequel 90% des organes prélevés se font à partir de prisonniers condamnés à mort - illégalement).
            Il y a de plus des migrations permanentes où les migrants sont cibles du trafic. C’est notamment le cas en Egypte (2 000 transplantations illégales par an, réalisées par des médecins qualifiés) où les victimes sont des migrants de populations soudanaise, érythréenne et éthiopienne (majoritairement des femmes). Les migrants sont de plus, moins enclins à porter plainte car ils doivent fournir dans preuves (sous peine de risquer des poursuites pénales), ce qui en fait des cibles plus attrayantes.
            C’est également le cas en Syrie (6,3 millions de déplacés) le don se fait à travers la loi adoptée en 2003 qui autorise un donneur volontaire vivant de donner à un receveur non apparenté (favorise la commercialisation des organes des migrants).

Trafic d’organes : existe-t-il une législation internationale ?
            Depuis 2004, l’ONU tente de faire prendre conscience la communauté internationale des risques et des enjeux du trafic d’organes afin de fédérer les états et de trouver une solution commune. L’adoption de la “Déclaration d’Istanbul sur le Trafic d’organe et le Tourisme de Transplantation” en 2004, signée par 150 gouvernements et responsables médicaux, témoigne d’une évolution positive. De même, le Conseil de l’Europe, depuis la médiatisation d’un trafic au Kosovo en 1999, a fait signer une convention signée et ratifiée par une majorité de pays européens.
            Cependant, il n’y a pas de réelle législation internationale puisque le trafic est peu médiatisé. Ce sont donc aux états de légiférer eux-même, ce qui rend les prises de décision paradoxales au niveau régional. En effet, une majeure partie des pays occidentaux punissent sévèrement le trafic d’organes cependant la région des Balkans est très active en la matière. De même en Asie, l’Inde a adopté le “Human Organ Transplantation Act” en 1994 alors que la Chine réalise des transplantations avec des organes prélevés sur des prisonniers morts. Au Moyen Orient, l’Egypte a instauré des lois (même si elles sont inefficaces) tandis que l’Iran autorise le trafic d’organes et subventionne même les donneurs avec une allocation s’élevant à 1200$ pour un an (le temps du rétablissement).
            Ainsi, il est difficile de trouver une décision internationale en raison des différences d’intérêts des états : certains profitent, économiquement, du tourisme de transplantation alors que d’autres refusent de donner un prix à l'intégrité du corps au nom des droits de l’Homme.

SOURCES :
https://www.arte.tv/fr/videos/075284-000-A/turquie-trafic-de-reins/ : vidéo montrant le rôle de la migration et l'importance des réseaux sociaux dans le trafic d'organes d'après l'exemple du rein.
L’Express https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/les-migrants-victimes-d-un-vaste-trafic-d-organes-en-egypte_1939070.html : source intéressante car elle montre le mécanisme du trafic d’organes sur les migrants en Egypte.
https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/216 . Il est interessant de voir quelles sont les clauses de la convention du Conseil de l’Europe ainsi que les pays signataires.
http://webpublication.studyrama.com/Espace_prepa_149/pubData/mobile/index.htm#/44/ Dossier Espace prépa sur l’anti-monde, complet et très interessant.


CALMON MEY Emma, RICHOU Maxime et THIEBLIN Léa. 




COLLE 12  La transition cubaine  

Le 1er janvier 2019, Cuba a fêté les 60 ans de la révolution castriste portée par Fidel Castro et son frère Raul. Depuis quelques mois, le régime est de plus en plus bouleversé par des changements économiques, sociaux et politiques dont notamment le récent changement de constitution et de gouvernement, un changement symbolique dans la mesure où la génération historique qui a fait la Révolution n’est plus à la tête du gouvernement, laissant place à Miguel Diaz Castro. Autant de signe qui marquent une “phase de transition sur l’île”.  
I/ Cuba : une nouvelle “période spéciale” est-elle en train de naître ?  
La “période spéciale” de Cuba correspond à une période de 3 ans post Guerre Froide pendant laquelle le pays se retrouve dans une situation très compliqué suite à la chute de son allié communiste l’URSS. Mais l’île replonge-t-elle dans une période difficile ?  
Les relations internationales de Cuba sont compliquées. Après avoir été longtemps soutenue par l'Union soviétique, Cuba a trouvé un allié fidèle en nouant des relations avec le Venezuela. Mais aujourd'hui, ce pays rencontre lui-même de grandes difficultés économiques et politiques. Le principal obstacle au développement du pays sont les sanctions économiques imposées par les voisins américains depuis plus d’un demi-siècle. L'embargo inflige des restrictions économiques, commerciales et financières à l'île depuis le 3 février 1962, à la suite de nationalisations expropriant des compagnies américaines. Après une amélioration des communications sous Raul, l’élection de Trump fait retomber l’espoir des cubains. De plus il faut noter que le pays est très dépendant en matière première alimentaire comme le blé, les deux sources principales de revenues (le tourisme et l’envoi de médecins dans d’autres pays) sont en crise. Les inégalités, la répression des opposants et des artistes (décret 349) sont des exemples de la dictatures cubaines toujours au cœur du régime.  
La “période spéciale” qu’est en train de vivre le pays est d’autant plus regrettable qu’il y a eu des signes d’ouverture ces derniers mois. Le régime castriste, vivement opposé au capitalisme, se met à l’heure du numérique, développe ses petites et moyennes entreprises et cherche désespérément des investissements étrangers pour faire face à une croissance inférieure aux prévisions (1% contre 4% de prévu). Apôtre du développement d'internet et d'une presse plus critique sur l'île, le président met en place une nouvelle constitution adoptée le 22 décembre 2018 par les députés. "Cette nouvelle mouture condense à elle seule la transition que vit l'île entre l'ancien et le nouveau", estime Janette Habel. Elle maintient le rôle du parti unique mais entérine l'ouverture socio-économique, donne gage à la population et introduit la fonction de 1er ministre.  
II/ Cuba : une reconfiguration des liens diplomatiques ?  
Cuba a en effet connu des changements dans ces relations avec les autres pays depuis cette transition. En particulier, l’île entretient des relations avec plusieurs régions du monde, comme les Etats-Unis, l’Europe, la Russie, la Chine ou même des pays d’Amérique du Sud.  
D’abord, les relations Etats-Unis/Cuba sont compliquées depuis longtemps car l’île est vue comme un des bastions forts du communisme. Sous la présidence d’Obama, les relations s’étaient apaisées : de nouvelles négociations pour alléger l’embargo avaient été engagées avec Raul Castro et un début d’ouverture économique voyait le jour. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, les négociations ont été suspendues et la mise en application de la loi Helms-Burton a beaucoup fragilisé le tourisme de par les effets sur l’opinion publique américaine au sujet de Cuba. Le but de l’administration Trump est clair : faire tomber Cuba. 
Pour ce qui est des relations avec la Russie ou avec la Chine, elles sont plutôt bonnes même si elles sont surtout tournées vers l’économie. De plus, la Russie n’étant plus soviétique elle ne voit plus Cuba comme un allié, en opposition aux Etats-Unis, même si ce lien fait toujours peur.  
En revanche, les relations avec le Venezuela se sont dégradées : depuis la fin de la Guerre Froide, le Venezuela était un allié fidèle de Cuba, avec le Nicaragua, mais la crise politique a entraîné l’arrivée au pouvoir d’un président par intérim, Juan Guaido, qui est opposé à Cuba et soutient le désir américain.  
D’un autre côté, les relations avec l’Europe sont les meilleures : l’UE est un des principaux partenaires commerciaux de l’île. L’Espagne en particulier soutient beaucoup Cuba.  
Les relations diplomatiques de Cuba sont aussi très liées à la présence de médecins cubains dans le monde entier, en particulier en Guyane Française. En tout, 55 000 médecins cubains sont présents dans 67 pays du monde. 


Colle 13 : La mafia russe : entre illégalité et pouvoir politique depuis 1991

On appelle mafia toute organisation criminelle qui se base sur des stratégies d’infiltration des sociétés civiles et des institutions d’un pays. On en retrouve dans la plupart des États faillis, mais également en Italie ou en Russie, où elle est très prospère.

I°) Les années 90, l’âge d’or de la mafia russe

            La mafia russe s’organise telle qu’on la connaît déjà sous Gorbatchev, à la fin de l’URSS, soit lorsque l’économie de l’URSS commence à s’ouvrir. Mais c’est réellement lorsque Eltsine est au pouvoir qu’elles seront en plein essor.
            En effet, étant dans un premier temps d’origine criminelle, la mafia se concentre sur le grand banditisme et le racket, terrorisant la population par le biais d’assassinats et de casses. Mais lorsqu’en 1991 l’URSS chute et que les entreprises se privatisent, apparaissent des partenariats entre les nouveaux entrepreneurs et les chefs des sous-factions de la mafia.
             Pour autant, dans le milieu des années 90, les lois strictes de la mafia sont bafouées dans une lutte sans merci pour pouvoir accéder aux postes les plus puissants. L’effectif mafieux atteignant un nombre colossal (plus de 150 000 hommes), la criminalité explose dans le pays, amenant Eltsine à qualifier la Russie de “superpuissance du crime” en 1994. De cette période sanglante, peu en sortiront vivants.
            Ainsi, à la fin des années 90, ceux qui ont survécu sont devenus les plus puissants et les plus riches, comme en témoigne Leonid Bilunov, ancien gangster russe. Ils vont donc se tourner vers les activités légales, infiltrant les banques jusqu’aux oligarques et exploitant les nombreuses failles de la juridiction russe.
Complément : SB : à noter les liens avec la corruption au sein de lEtat soviétique qui est lobjet de critiques importantes de la part de la société civile russe sous Brejnev, puis Gorbatchev.

II°) La mafia russe, une reconversion réussie ?

            Historiquement, d’anciens membres du KGB, les services secrets russes (aujourd’hui FSB), se sont reconvertis et ont pris la tête d’importants réseaux mafieux à la chute de l’URSS.
            La reconversion a de plus intéressé des hommes d’affaires, qui se sont très vite approchés de Boris Eltsine lorsque celui-ci est devenu premier président de la Fédération de Russie en 1991. C’est le cas de Mikhaïl Khodorkovski, qui a obtenu, grâce à ses liens intimes avec le pouvoir politique, une des premières firmes pétrolières russes, nommément Ioukos, pour “seulement” 309 millions d’euros. Khodorkovski a ensuite été arrêté en 2003 pour plusieurs chefs d’accusation, notamment pour malversations financières. Il a depuis été gracié par Vladimir Poutine après avoir passé 10 ans en prison. Mais la “thérapie de choc” d'Eltsine a permis à d’autres hommes d'affaires de s’enrichir, comme le prouve le groupe des sept oligarques russes les plus connus, la Semibankirchtchina.
Complément SB : laccusation contre Khodorkovski de corruption est probable mais nest pas la raison principale. Il semble quil allait sengager dans une carrière politique trop « libérale » pour le pouvoir en place.
            Ces reconversions mafieuses ont été très diversifiées. La mafia russe s’organise en effet autour de nombreux trafics (armes, organes…). Le plus répandu d’entre eux est le trafic de drogues, avec notamment l’héroïne, la cocaïne, le cannabis et l’opium, des drogues qui viennent majoritairement d’Asie centrale.
            Enfin, pour la plupart d’entre eux, cette reconversion est néfaste car, malgré un revenu important, les mafieux sont la plupart du temps obligés de vivre en exil, en Angleterre par exemple, comme cela a été le cas pour Boris Berezovsky.

III°) Poutine et la mafia russe

            Arrivé au pouvoir le 26 mars 2000 (élu Président), Vladimir Poutine est élu sur la promesse d’un retour à un État fort, une reconstruction économique et une éradication des organisations criminelles, suivant une décennie de troubles et de laisser-faire sous Eltsine.
            Cependant, si la reprise en main du pays par l’administration Poutine semble avoir satisfait la majorité de la population russe, aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour lutter contre le crime organisé. Cette constatation met en lumière les liens ambigus qu’entretiennent Poutine et la mafia russe : Alexandre Litvinenko, ex-agent du FSB (assassiné en 2006 à Londres) accusait le FSB d’être en étroite collaboration avec la mafia : il leur déléguerait les tâches que le gouvernement ne peut assumer, tels que les assassinats politiques ou le trafic d’armes. Ainsi, des dévoilements de Wikileaks datant de 2010 ont révélé que le crime organisé russe aurait participé à l’acheminement d’armes aux Kurdes, dans le but de déstabiliser la Turquie dans le courant des années 2000. Cette tendance à la tolérance semble néanmoins s’être inversée. Le 12 mars dernier, les députés russes votent, sur proposition de Poutine, un amendement du code Pénal qui permet désormais d’incriminer les mafieux bien plus facilement, grâce à la simple preuve de leur appartenance à une organisation criminelle. Là encore, la véritable motivation de Poutine serait de fragiliser le monde des affaires, selon certains observateurs.
Complément SB : finalement, lessor de la mafia russe reflète le maintien de la Russie dans une situation de pays rentier (générateur de contrats négociés dEtat à Etat ou dEtat à firme puissante).

Sources :

-     https://www.lemonde.fr/international/article/2010/12/07/wikileaks-la-mafia-russe-en-europe-une-pieuvre-qui-beneficie-de-protections-a-moscou_1450407_3210.html, le 19/05/19
-     Atlas des relations internationales depuis 1945, de Pascal Boniface (rubrique ‘Crime organisé et mafia”)
-     http://www.defnat.fr/pdf/Jousset%20-%20(T%20976).pdf “Le crime organisé Russe, analyse d’un phénomène transnational”, le 24/05/19
-     Arte thema : L’honneur des brigands, la mafia russe 2010
-     https://www.rtl.be/info/monde/international/la-fin-de-la-bonne-epoque-pour-la-mafia-russe-nous-devons-en-finir-avec-cet-etat-dans-l-etat--1107430.aspx, le 24/05/19

COLLE 14 : Colle de lecture DJIBOOM Atassé

Diplomatie de l’ingérence (Rony Brauman avec Frédéric Dufourg)

*      Qu’est-ce que l’ingérence humanitaire ?

La diplomatie française depuis la fin de la guerre froide, jusqu’à la guerre de Syrie a été entachée par des mensonges des chefs d’états, les multiples interventions ont fait plus de morts que si on n’avait rien fait.
Rony Brauman dénonce donc l’usage politique de la question humanitaire. « C’est désastreux »

Cet aspect du droit international semble négligeable, pourtant il a façonné le monde depuis la fin de la guerre froide (Dominique Moïsi, géopolitique de l’émotion)

L’ingérence est le viol la souveraineté nationale d’un Etat par un ou plusieurs autres Etats (agir dans le cadre d’un mandat accordé par une autorité supranationale par exemple ou non).
Revel (79) parle du « droit d’ingérence »
C’est la remise en cause de la souveraineté d’un Etat en invoquant des raisons humanitaires. Ceci n’est pas nouveau (européens face à sultan Abdülhamid 2)

La guerre du Biafra 1960-1967 intervention médicale car famine
Mais il y a eu aussi des interventions militaires (sous la bannière du bien-être du peuple) qui ont été des catastrophes (Viet Nam au Cambodge, Urss en Afghanistan, France en Centrafrique (Bokassa opération barracuda, le pays n’a cessé de s’appauvrir + regret de la période Bokassa)
Ces opérations sont souvent menées pour la déstabilisation (ex du Centrafrique), en réalité on manipule l’opinion publique pour obtenir son accord et son soutien.
 
« Devoir d’ingérence » (JF. Revel, 1979 pendant la GF (démocratie, droits de l’homme et avancées sociales vs le ‘grand totalitaire’ = répression de toute liberté intellectuelle)) = les actions de solidarité que les intellectuels occidentaux doivent conduire en faveur de leurs homologues habitant de l’autre côté du rideau de fer.
Cette « solidarité » est à la fois matérielle et intellectuelle
La formule n’est pas une incitation à la guerre mais marque plutôt une résistance intellectuelle (émergence du Solidarnosc en Pologne par ex)
Le devoir d’ingérence consiste à donner une légitimation morale à un acte illégal : le franchissement clandestin d’une frontière pour rejoindre des zones de guerres. Les organisations intergouvernementales ne doivent pas participer à la guerre, ils sont là seulement pour porter une assistance pacifique et civile à une population # du rôle des services spéciaux d’une grande puissance.


*      Ingérence humanitaire armée

A partir de la fin de la GF (1990’) le sens de l’ingérence évolue et devient celui des interventions militaires permettant l’action humanitaire (protection des convois, des populations et des équipes humanitaires
Pour certains, la résolution 688 de mars 1991 qui exige des autorités irakiennes le libre passage des équipes de secours pour accéder aux pop du Kurdistan représente l’acte de naissance par les N.U d’un droit d’ingérence.

Pour Brauman ce n’est pas le cas car il n’y a jamais eu d’officialisation du droit d’ingérence.
L’ingérence (présence forcée et imposée d’étrangers sur le sol souverain) demeure illégale sauf dans le cas d’une menace de la paix internationale.
Il y’ a une obligation de non-ingérence dictée par les N.U, la formule de Revel ne décrit pas une réalité juridique.



*      Une géopolitique de l’émotion (Dominique Moïsi)

C’est le fait de jouer sur l’émotion pour justifier les interventions. Les médias sont donc le parfait outil pour cela, ils informent par des images et non pas par une analyse et des faits et ceux-ci ont a de multiples reprises servis à se mettre l’opinion publique dans la poche (Bokassa, anthropophagie ou encore 70K morts dans le massacre de Timisoara en 1989). 
Pour comprendre ces émotions il faut prendre en compte le contexte historique avec les Us qui façonnent le monde jusqu’aux années 2000.
Il y’a une diabolisation de l’ennemi. Cela justifie une intervention, on parle aussi de la nazification de l’ennemi (cas de la barbe de Nasser et de Yitzhak Rabin).
Représentation binaire = le « civilisé » contre le « barbare ».
Tout ceci constitue la géopolitique de l’émotion.


*      La manipulation a des limites

Ce droit d’ingérence est en même temps lié à un droit de dépasser les souverainetés nationales.
Plus profondément on constate qu’on se sert de mobiles humanitaires pour une action politique sur des puissances étrangères. Dans ce cas l’humanitaire se met au service d’une politique impérialiste.
De plus les interventions se transforment des fois en catastrophes, on se rend compte qu’il aurait été préférable pour les populations qu’on laisse faire.
Des jeux d’influence et de puissance sont coercitifs dans l’exercice de cette ingérence, pourquoi intervenir contre la Serbie pour le Kosovo et ne pas le faire contre la Russie pour la Tchétchénie ou encore contre la Chine pour le Tibet sinon ? 
 De plus un mandat de l’ONU donne-t-il le droit de bombarder des villes, pays ?
ð   En 1990 au G77 la condamnation de l’ingérence humanitaire par le tiers monde.

Il y’a de grands exemples de la manipulation de l’opinion publique : la Libye, le Kurdistan, la Somalie
Les gouvernements ou les médias manipulent les faits (on n’a pas parlé des massacres de Chiites et de Kurdes tant que S Hussein était allié de l’occ par ex)
« C’est une règle, on parle plus volontiers des horreurs commises par nos adversaires que de celle perpétrés pars nos alliés » (Brauman)


*      De l’Irak à la Somalie

Somalie = 1ère opération militaro-humanitaire (opération restore hope) car Chaos (bandes armées, famine)
Résolution n° 794 de l’ONU (3dec 92)
Somalie = objectif strictement humanitaire (pas d’intérêt puisque pays pauvre, non stratégique et des bases y sont déjà installés)
Mais c’est un rattrapage moral pour les Us car ils avaient été fortement critiqués pour l’intervention précédente contre l’Irak (pétrole = le 1er intérêt américain dans la région à empêcher Irak de détenir la plus grande réserve de la région) 
La manipulation de l’information est très courante pour influencer l’opinion publique (Nayirah fille ambassadeur, qui prétend être infirmière et livre un récit tragique pour influencer le vote du congrès pour permettre l’entrée en guerre) = Noam Chomsky et Ed Herman « la fabrique du consentement » 
L’auteur pense que si les chiffres n’étaient pas gonflés les interventions n’auraient pas lieu, pour lui dans certaines situations, il aurait suffi de pressions pour apaiser les choses comme au Kosovo mais les dirigeants pour leur gloire ont besoin de la guerre (démonstration de force).
A chaque fois les interventions ont fait beaucoup de dommages collatéraux, de victimes = fiasco
= un traumatisme pour les Us comme pour la population locale. C’est pourquoi dans un premier temps Bill Clinton utilise son veto pour empêcher une intervention des Us au Rwanda.
Dans un premier temps en Irak les objectifs militaires sont atteints mais par la suite l’embargo se transforme en une catastrophe humanitaire, ce qui renforce le président Hussein
Les chiffres étaient d’ailleurs faux (S Hussein 4ème puissance militaire selon les chiffres avec un arsenal donc conséquent, ce qui est faux)


*    Le Kosovo


Peuplé majoritairement de paysans de culture albanaise (région du Sud-Ouest)
1996 création UCK à meurtres de responsables serbes.
Puis les serbes se vengent sur les albanais et vice-versa
Donc les Us s’en mêlent pour trouver un accord à accords de Rambouillet (imposaient à la Serbie de Milosevic des visites sans avertissement d’inspecteurs militaires onusiens = atteinte à la souveraineté = inacceptable.
Intervention France et Otan sans mandat et avec comme appui de faux documents
Mais l’intervention n’était en aucun cas humanitaire puisque seulement 2700 morts en réalité. Les bombardements de l’Otan se sont avérés plus dangereux que la police terroriste mais cette intervention a pu renforcer la justification de l’existence de l’Otan le vainqueur impose souvent sa propre version de l’histoire
Affaire Lewinsky, Tony blair voulait remonter dans les sondages


*    La Libye, une propagande d’al jazzera

On parle d’un massacre potentiel, et non d’un massacre effectif. Donc on veut faire une guerre préventive (une menace fictive). Intervention à déstabilisation d’une partie du monde. La guerre a créé beaucoup plus de chaos et occasionné beaucoup plus de morts que n’aurait fait le régime de Kadhafi.
Les évènements en Libye ont commencé par des manifestations, puis la prise de la réserve en arme de la caserne de Benghazi, donc le président a envoyé l’armée (comme l’aurait fait tout chef d’état selon l’auteur) mais les médias (Al Jazeera chaine Qatari, quels étaient leurs intérêts ??) ont fait tourner des images horribles (mitraillage de la foule à Tripoli, qui n’a d’ailleurs jamais eu lieu) en boucle, alertant donc les chefs d’états FR, UK, US qui demandent donc la démission de Kadhafi le 21/02/2011.
= Encore une opération déclenchée par un mensonge de la télé
6000 morts entre Benghazi et Tripoli = FAUX
Résolution 1973 (l’objectif était d’apporter un soutien aux rebelles mais les français et les britanniques sont allés jusqu’à l’exécution « barbare » du dirigeant)

Pourquoi ?
Il n’y a presque plus d’esprit critique. Manipulation, mensonges « guerre humanitaire »
La Libye avait refusé des contrats français quelques temps avant et a réalisé des investissements bénéfiques pour l’Afrique et donc concurrence les intérêts français. Par-dessus tous les soupçons qui pesaient sur Sarkozy quant au financement (50mio $) de sa campagne en 2007 par la Libye.
Kadhafi n’avait de protecteurs ni dans le conseil de sécurité ni dans la ligue arabe. 
Les médias s’appuient sur le viol sur ordre (hitllerisation de Kadhafi) = viagra trouvé sur des tankistes noirs à alerte aux mercenaires noirs à lynchages des noirs
Kadhafi tenait tête depuis plus de 40ans à la ligue A et aux occidentaux.

Imposer la démocratie à tous les peuples est-il une bonne chose ? et constat les pseudo-démocratie mise en place en Afghanistan, en Irak, ou en Libye ne fonctionne pas.
Qu’à t’on donc accomplis ?

Il est vrai que des interventions ont fonctionné (ex : Cote d’Ivoire ou Sierra L) mais à la différence de la Libye se sont des territoires peu étendus avec une opposition homogène sur laquelle s’appuyer après.

*      Pourquoi pas la Syrie ?

Syrie = ennemie ancien des pétro monarchies de la péninsule arabique et donc ingérence ancienne en Syrie. Le problème avec Daesh. 2015 intervention militaire russe en faveur du pouvoir. L’intervention occidentale dans ce pays est difficile à légitimer malgré les mensonges comme d’habitude, puisque les expériences de la Libye et de l’Irak sont restées en mémoire. à Population française majoritairement opposée à une intervention.  De plus B el Assad a des alliés puissants comme la Russie, l’Iran.

COLLE 15  : La géopolitique du sport : enjeu des relations internationales juin 2019

L’expression de diplomatie sportive apparaît formellement à partir de 1971, illustrée par la « diplomatie du ping-pong » mise en œuvre entre les États-Unis et la Chine. Ayant notamment permis une reprise des relations diplomatiques entre les deux États, mais aussi avec l’importance croissante prise tant économiquement que politiquement par le sport, nombre d’États ont décidé de développer leur propre diplomatie sportive.

Un atout social : Premièrement, le sport, de par sa médiatisation et l’engouement qu’il crée, a une portée mondiale.  En effet la finale de la coupe du monde de football 2018 a été vu en direct par plus de 1,1 milliards de téléspectateur. Le sport réuni les populations (3,5 millions de bénévoles dans le sport en France). De plus, la possession, pour un pays, d’une structure sportive performante permet une exposition du territoire à travers la médiatisation de ses sportifs ainsi qu’une attractivité pouvant attirer des pratiquants du monde entier.
Un atout économique : Le sport comporte aussi un aspect économique non négligeable. En effet il regroupe à la fois les questions liées aux droits télévisés, au merchandising, au sponsoring mais également à l’ensemble des activités existant autour de l’organisation d’évènements sportifs (logistique, construction, organisation, création etc.). Dès lors si on se fixe sur l’exemple de la France, on remarque l’impact du sport sur l’économie du pays : plus de 165 000 salariés et 34 milliards de revenu annuel soit quasiment 2% du PIB. Le sport permet aussi une forte attractivité touristique.

Un atout géopolitique : Pour Pascal Boniface, « le sport est devenu un élément essentiel du rayonnement d’un État. » car il explique que « le sport aujourd’hui, c’est plus que du sport. C’est de l’émotion bien sûr, du plaisir, des vibrations, des moments de désespoir, de fraternité, de partage, etc. Mais c’est aussi de la géopolitique. ». Le sport est donc une nouvelle forme de Soft Power, un élément de puissance utilisé par de nombreux pays comme un tremplin. Par exemple, le Qatar investit massivement en France depuis le début des années 2000 mais c’est l’achat du PSG pour 70M  d’euros (somme infime par rapport aux autres investissements) qui va lui offrir une vitrine exceptionnelle et lui permettre d’avoir une stature internationale. Selon Boniface, « Être une grande puissance implique de plus en plus d’avoir une vitrine sportive, faute de quoi la panoplie n’est pas complète. ». Prenons l’exemple de la Chine qualifié qu’une seul fois en 2002 pour la coupe du monde de foot. Elle tente depuis quelques années d’avoir une équipe national compétitive pour ce sport le plus populaire au monde. Le plan de Xi Jinping prévoit de rendre le football obligatoire à l'école, d’organiser une coupe du monde sur leur terre et de recruter des stars internationales dans leur championnat national. Pour Boniface, « le sport est devenu le nouveau terrain d’affrontement – pacifique et régulé – des États. C’est la façon la plus visible de montrer le drapeau, d’exister aux yeux des autres et d’être présent sur la carte du monde. » Les États se livrent une véritable bataille avec une course à la médaille mais aussi à l’organisation d’événements sportifs qui permettent une magnifique exposition pour le pays.

                 - IRIS [en ligne] : https://www.iris-france.org/118911-la-diplomatie-sportive/
                 - Pascal BONIFACE, La géopolitique du sport [ouvrage] (toutes les citations viennent de ce livre)
                  - Pascal BONIFACE, JO politique [ouvrage]


COLLE 16 LES ZONES GRISES colle de lecture de Paul FORESTIER


Gaïdz MINASSIAN, Zones Grises, Quand les Etats perdent le contrôle, 2011
                Les zones grises sont de plus en plus importantes de nos jours, si bien que la plupart des conflits actuels sont en réalité internes, dû à des manquements organisationnels, et non interétatiques. Elles représentent de par leur importance aujourd’hui un « nouveau défi » (P. TEIXEIRA) pour le conseil de sécurité de l’ONU. Les récents conflits d’Ossétie du Sud ou de Gaza sont des exemples probants de cette réalité, la situation en Colombie, au Mexique, etc. Par ailleurs, ces conflits ne sont pas à cloisonner dans des pays faillis ou en situation délicate : le sud de l’Italie est largement influencé, gouverné par les mafias. En France, le quartier de Seine-Saint-Denis peut représenter à lui seul une zone grise. Mais alors, qu’est-ce ?
    expression polysémique en fonction de la discipline étudiée mais rejoignant toujours l’idée de flou, de manquement à une règle formelle, de position hybride entre 2 bords : légal/illégal, droit/non-droit etc.
Définition géopolitique : espace de dérégulation sociale, auto-gouverné par des micro-autorités alternatives, dépendant d’un Etat-souverain qui par volonté ou non, ne régit plus sur le territoire.
3 principes : la concurrence d’autorité, dérégulation sociale (rupture du contrat social), privatisation du territoire (enclavement, radicalisation plausible)
è Pour tout groupe ou individu étant partie intégrante d’une zone grise, l’Etat n’est plus une autorité régalienne, il ne représente plus aucune souveraineté ou autorité. Ainsi les populations, étant en nécessité d’une entité dirigeante et organisatrice, se tournent (à la recherche de « réconfort ») vers des organisations parallèles qui ne sont en aucun cas contrôlées par l’Etat : c’est la concurrence d’autorité.
 (exemple : région Cachemire, Inde/Pakistan, 2005, après un drame environnemental, les Etats ne sont pas capables d’assurer leurs fonctions d’Etat-providence et des organisations humanitaires proches de réseaux terroristes jouent ce rôle)
Pour les réalistes, la zone grise représente une zone de chaos, nuisible pour l’Etat et sa souveraineté qu’il faut éliminer. Pour autant, ces zones grises semblent non pas représenter l’Autre, informel et incompris sinon le reflet même des limites de l’Etat et de tous ses dysfonctionnements.
Pour les transnationalistes, la zone grise représente en réalité les maux du système interétatique qui souhaite la réduire à néant. De fait, cette zone est à dimension socio-politique et/ou socio-économique n’est pas le simple fruit d’un manque organisationnel sinon le reflet de problèmes profonds, systémiques (pauvreté, migration) ayant des répercussions locales et globales.
L’auteur divise les zones grises en 2 cas distincts ;
- les zones dites « stato-centré(es) » qui se fondent sur la violence et ne reconnaissent en aucun cas une quelconque autorité étatique impliquant une volonté de renversement (guérillas, terrorisme, proto-Etats…) exemple des FARC communistes en Colombie
- les zones qui s’appuient sur la criminalité et les profits qu’elle génère (dites « socio-économiques ») il ne s’agit donc ici évidemment pas de renverser le pouvoir en place mais de profiter de ses faiblesses (mafias, gang, banlieues à risques…)






















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