1.
Naissance en 1919, le président
américain WILSON fait adopter son projet
de S.D.N., qu’il a présenté en 1918 dans ses Quatorze points. Le « pacte » qui la constitue est
incorporé dans chacun des traités de paix qui achèvent la Première Guerre
mondiale. La S.D.N. naît officiellement lors de l’entrée en vigueur du traité
de Versailles (signe le 28 juin 1919, mais appliqué en janvier 1920) ; son
siège est à Genève. Aux 32 membres fondateurs (vainqueurs de la Grande guerre)
s’ajoutent 13 Etats neutres, soit un total de 45 Etats. Tout autre pays peut
faire partie de l’organisation s’il est admis par l’Assemblée générale à la
majorité des 2/3. Les vaincus en sont exclus au départ, de manière provisoire.
2.
Objectifs : il s’agit de garantir la
paix ; si un différend grave oppose deux Etats membres, elle est chargée
d’aider à le résoudre en proposant son arbitrage ; en cas d’agression
contre un Etat membre, elle peut user de sanctions morales ou économiques
contre l’agresseur. Enfin, elle doit s’efforcer d’obtenir une réduction des
armements. La S.D.N. doit par ailleurs administrer les territoires
internationaux sous mandats coloniaux (ex : la Palestine, ancien
territoire de l’Empire ottoman, est gérée par la G.B. au nom de la S.D.N.).
3.
L’organisation : la S.D.N. se compose de 3 organismes
principaux : voir schéma
-
L’ASSEMBLEE
GENERALE : se réunit une fois par an à Genève ; chaque Etat
membre y dispose d’une voix
-
Le
CONSEIL : composé de 5 membres permanents (réduits à 4 par l’absence
étatsunienne) ; ce sont : GB, France, Italie, Japon) et de 4 membres provisoires choisis par
l’Assemblée générale. L’Allemagne intègre la S.D.N. en 1926 et devient membre
permanent du Conseil ; mais, en 1933, Hitler retire son pays de la S.D.N.,
qui est alors remplacé par l’U.R.S.S. de Staline (jusqu’alors exclue). Le
nombre de membres provisoires passe de 6 en 1922 à 11 en 1933. C’est le Conseil
qui doit, en cas de conflit, décider qui est l’agresseur et préconiser
d’éventuelles sanctions.
-
Le
SECRETARIAT GENERAL : dirigé par un Secrétaire général permanent,
prépare les documents et les rapports pour l’Assemblée et le Conseil. Le
premier SG est le Britannique Sir Eric DRUMMOND, puis à partir de 1933 le
Français Joseph AVENOL
-
La COUR
PERMANENTE DE JUSTICE INTERNATIONALE : siège à la Haye
(Pays-Bas) ; elle joue le rôle d’arbitrage dans les conflits.
-
S’ajoutent
de multiples organisations spécialisées, chargées d’étendre la coopération
internationale aux questions sociales (Bureau International du Travail), financières
(Banque des Règlements internationaux)…
LES INSTITUTIONS DE LA SDN
4.
Les faiblesses de la S.D.N. : -absence des Etats-Unis et des vaincus (au
départ)
-recommandations
de l’Assemblée non suivis d’effets par les Etats
-unanimité
impossible à atteindre à l’Assemblée comme au Conseil
-absence
de force militaire (refus britannique)
-hégémonie
franco-britannique
5. Le projet BENES en
1924 : le dirigeant tchécoslovaque Edouard BENES propose de
réformer la S.D.N. : prise de sanctions à la majorité des 2/3 et non plus
à l’unanimité, création d’une armée internationale… Mais ce projet reste lettre
morte. Dès 1923, le Français Jean MONNET, vice-secrétaire général, avait
démissionné.
6. L’échec
final : les agressions militaires japonaises, italiennes et
allemandes mettent un terme définitif aux espoirs d’efficacité de la
S.D.N : invasion de la Mandchourie par la Japon en 1931, attaque de
l’Italie contre l’Ethiopie en 1936 (pays membre de la S.D.N.), « coups de
forces » de l’Allemagne de HITLER à partir de 1935 ; à partir de
1936, la guerre civile d’Espagne marque déjà un avant-goût de la marche vers la
SGM. Franco démissionne de la SDN. Quinze Etats ont déjà quitté la SDN :
en Amérique, beaucoup d’Etats suivent la politique extérieure
étatsunienne ; en Europe, les régimes totalitaires (comme l’Allemagne en
1933) et en Asie le Japon qui quitte la SDN en 1931, après l’incident de
Moudken (attentat contre une voie ferrée le 18 septembre 1931 ; voir doc
ci-contre et cartes DD23). Enfin, l’invasion de la Finlande en 1939 provoque
l’exclusion de l’URSS, mais le monde s’embrase déjà dans un conflit mondial.
Source : Anne Carol, Jean
Garrigues et Martin Ivernet, Dictionnaire d’histoire du XXe siècle, Hatier,
1993.
8 janvier 1918
Les Quatorze Points de Wilson
Devant le Sénat américain, le 8 janvier 1918, le président Thomas Woodrow Wilson reprend et développe un discours prononcé un an plus tôt, le 22 janvier 1917, devant la même assemblée.
Dans ce premier discours, le président, représentant de la première puissance économique du monde, alors neutre, avait préconisé a peace without victory (« une paix sans victoire »), au grand scandale des uns et des autres. Ainsi n'avait-il pas envisagé la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France.
Mais les États-Unis avaient été ensuite contraints de s'engager dans le conflit, au côté de l'Entente franco-britannique. Il fallait dès lors penser à une paix victorieuse mais dans le respect du droit. C'est tout l'objet de ce nouveau discours.
– Les cinq premiers points, de portée générale, préconisent la fin de la diplomatie secrète, la liberté des mers, le libre-échange, la réduction des armements et le droit des peuples colonisés à disposer d'eux-mêmes.
_ Le sixième point, le plus long, se rapporte à la Russie bolchévique et lui promet indulgence et assistance.
– Les points suivants se rapportent au règlement du conflit : retour à la neutralité de la Belgique, restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, création d'un État polonais indépendant au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes...
– Le président envisage le maintien de l'Autriche-Hongrie avec une large autonomie de tous ses peuples (il changera d'avis après .
– Le président suggère de réserver à la future Pologne un accès à la mer. La revendication hitlérienne sur ce fameux couloir de Dantzig sera à l'origine immédiate de la Seconde Guerre mondiale !
– Le dernier point, reflétant l'idéalisme du président, annonce la création d'une Société des Nations.
Les Quatorze Points conservent le souvenir d'un bel idéal tout en officialisant un principe qui va se révéler pernicieux, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes : il va exacerber les nationalismes et conduire à des échanges forcés de population.
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