Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

METHODE : corrigés d'analyse de carte

Sujet : la SDN



Réflexion sur le sujet :
Cette analyse de carte peut être liée à une dissertation sur la situation mondiale pendant l’Entre-Deux-guerres. Le choix de la S.D.N. est le reflet des ruptures liées à la Première Guerre mondiale, en particulier au niveau des relations internationales. L’analyse de la carte nécessite des connaissances précises sur l’ancêtre de l’O.N.U. Le piège est justement de vouloir coller trop de connaissances en oubliant de s’appuyer sur ce que la carte donne comme informations. La réussite de votre analyse de carte tient dans cet équilibre.

 Corrigé rédigé :


De 1919 à 1945, la Société des Nations est la première expérience d’une organisation internationale qui tente d’éviter la guerre. A Genève se réunissent, des diplomates des Etats du monde entier, au nom de la souveraineté des peuples. Issu du site Atlashistorique.net de Guillaume Balavoine et datée de 2002, ce planisphère est euro-centré. Il présente la liste des pays fondateurs, adhérents ou pas ou bien démissionnaires. Même si cette carte est simplement descriptive, elle va nous permettre d’analyser la fondation initiale et l’extension de la SDN dans les années 1920, le déclin dans les années 1930. Enfin, elle permet de s’interroger sur son échec final.
La création de la SDN est issue des idées de Louis Bourgeois (solidarisme) et du Président américain Wilson (14 points). Cependant, en 1920, seuls les pays vainqueurs y adhèrent, ce qui est paradoxal vis-à-vis du nouveau droit des peuples, mais habituel après les conflits. Malgré cette contradiction, la SDN comporte des pays dans tous les continents et touche aussi les colonies britanniques comme le Canada ou l’Australie qui sont membres à part entière de l’institution. Nous savons qu’à ce moment-là Jean Monnet y est secrétaire-général et Louis Bourgeois Président de l’Assemblée.
                A partir des années 1920, de nombreux pays adhérent à l’organisation dans tous les continents : les vainqueurs européens de la guerre, la Chine et le Japon en Asie, le Canada et le Brésil en Amériques et l’Union sud-africaine en Afrique. Cette création réussie correspond aux espoirs du « solidarisme » de Léon Bourgeois (qui sera Président de l’Assemblée) et des 14 points du Président américain Wilson. Dans les années 1920, le contexte économique est favorable. De 1920 à 1929, l’ « esprit de Genève » permet une extension à de nombreux pays : les vaincus de la guerre avec l’Allemagne, mais aussi l’URSS.
                Le krach de 1929 et surtout la diffusion de la dépression économique à l’échelle mondiale va modifier la donne internationale, et donc la S.D.N. Deux types d’Etats vont démissionner (on peut regretter l’absence de précision chronologique de la carte) : d’une part, beaucoup d’Etats latino-américains, influencés par l’isolationnisme étatsunien et, d’autre part, les Etats totalitaires dont la logique expansionniste était évidemment incompatible avec les principes de la S.D.N. Ainsi, la SDN ne touche presque plus les Amériques et plusieurs grandes puissances comme l’Allemagne ou le Japon. En effet, la principale puissance, les Etats-Unis, a été un problème dès le départ : comment imaginer une gouvernance mondiale sans la 1ère puissance économique mondiale ? D’autres Etats sont aussi absents dès 1919 : l’Arabie Saoudite et le Tibet ont comme point commun d’être des théocratie dont les valeurs diffèrent de celles de la S.D.N. L’exclusion de l’URSS et la mainmise des Européens, puissances colonisatrices sont aussi des paradoxes que G.Balavoine a certainement mis en valeur.
                Ainsi, sa carte montre bien l’essor de la S.D.N. qui devient une organisation mondiale dans les années 1920, puis périclite face aux valeurs concurrentes et opposées des régimes totalitaires. Si le retournement de la conjoncture économique a fortement défavorisé la SDN, on peut affirmer que, que dès le départ la SDN était très mal partie, mais son déclin est accéléré par la dépression économique des années 1930 ainsi que l’attitude révisionniste des dirigeants allemands. C’est de leur jugement que naîtra l’ONU.






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