LE TERME DE PUISSANCE est synonyme de
pouvoir. Les langues anglaise avec power ou allemande avec Macht
utilisent d’ailleurs le même mot. En géopolitique, comme dans les relations
internationales, la notion de puissance fait le plus souvent référence à des
États mais d’autres acteurs sont dotés d’une puissance indéniable, notamment
les institutions financières, les firmes transnationales ou les organisations
non gouvernementales majeures. Pour ne pas parler des organisations
criminelles.
Raymond Aron intellectuel
français la définir ainsi «capacité de faire ; capacité de faire faire ; capacité
d’empêcher de faire ; capacité de refuser de faire. » Exemple :
le Roy-Uni impose à l’empire ottoman (endetté
auprès de banques britanniques) un régime douanier favorable aux importations britanniques
qui va anéantir l’insdutrie ottomane naissante. Ainsi, la puissance
caractérise la capacité d’un acteur du système international à agir sur les
autres acteurs et sur le système lui-même pour défendre ce qu’il croît être ses
intérêts, atteindre ses objectifs, préserver voire renforcer sa suprématie.L’Américain
Robert Kagan résume ainsi la puissance comme la capacité à faire l’Histoire,
avec un H majuscule. La puissance a pour objectif affiché la sécurité nationale.
Ces quelques réflexions nous conduisent à la problématique suivante : quels
sont les fondamentaux de la puissance ?
PREMIERE PARTIE : LE CONCEPT DE
PUISSANCE
A. Un concept multiforme,
On distingue d’abord les puissances régionales des
puissances mondiales. En 1913 seuls la France et le RU sont mondiales. Le Japon
reste une puissance régionale. La puissance implique, en effet, une hiérarchie
des acteurs : hyperpuissance, superpuissance, puissance moyenne, puissance
déclinante, ancienne puissance, puissance ré-émergente, puissance émergente,
etc. Le système international évolue en fonction de cette hiérarchie mouvante
des puissances et des capacités variables des Etats.Le système international
est multipolaire si plusieurs puissances sont en concurrence comme en 1913,
bi-polaire si deux d’entre-elles dominent comme durant la Guerre froide
(1947-1990), ou unipolaire si un seul Etat impose son hégémonie comme c’est le
cas après la disparition de l’Union soviétique en 1991. La puissance s’est
d’abord manifestée par la coercition. La guerre, l’impérialisme, l’invasion de
territoires expriment une forme de domination fondée sur la force. La guerre
façonne la puissance et réciproquement. De façon plus récente, la notion de soft
power a été formulée en 1990 par Joseph Nye dans son article « Soft
Power », publié par Foreign Policy . Cet auteur entend par là un pouvoir d’attraction
ou d’influence d’ordre culturel et commercial plutôt qu’étatique. J. Nye
souhaite mettre en évidence le pouvoir d’attraction qu’exerce un mode de vie,
les valeurs ou les institutions des Etats-Unis. Les puissances n’hésitent pas à
utiliser également le hard power, par exemple sous la forme d’un tapis
de bombes en 2003 sur l’Irak après avoir prétexté de la menace
d’armes de destructions massives qui n’ont jamais été trouvées. En 2009, la
secrétaire d’Etat Hillary Clinton prétend mettre en place une politique
extérieure dite du smart power, la puissance intelligente. La
problématique consistait à restaurer l’image des Etats-Unis dans le monde. Chacun
aura noté que soft, hard ou smart, il s’agit toujours de power…
B. … évolutif,
La puissance est un concept plus complexe qu’il n’y
parait. D’abord parce que la puissance d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Il
s’agit donc d’un concept évolutif. Chacun comprend intuitivement que les
fondamentaux de la puissance à l’époque de la Grèce antique ne seraient guère
utiles aujourd’hui. Les facteurs qui sous-tendent la puissance évoluent
toujours. Au XIXème la technologie industrielle est un élément de domination :
aujourd’hui internet est un outil de puissance. La puissance est généralement
localisable dans l’espace. Le concept de système monde fondé sur la dualité
centre/périphérie parait le mieux adapté pour spatialiser la puissance puisque,
de façon imagée, les centres comme lieux de pouvoir, s’opposent aux périphéries
ainsi désignées en tant qu’espaces dominés et impuissants.
C. …et complexe
La puissance est un concept complexe qui fait
entrer en ligne de compte une multitude de paramètres dont l’importance et la
combinaison varient selon les moments voire les lieux. Ce qui rend
problématique la conception d’une stratégie de puissance. Ne perdons pas de vue
que la puissance est aussi relative. Jusqu’à ce jour, aucune puissance
n’a été capable de contrôler l’ensemble de la planète. A la frontière entre le
Pakistan et l’Afghanistan, les Etats-Unis ne maîtrisent pas totalement la
situation, en dépit de l’usage des drones... dont les effets s’avèrent parfois
contreproductifs. Et il leur a fallut 10 ans pour mettre la main sur Oussama
Ben Laden et l’exécuter. Au XIXème siècle, les troupes britanniques avaient
subies des défaites face aux Zoulous. La puissance est toujours éphémère. J.-B.
Duroselle n’a-t-il pas publié en 1981 « Tout empire périra » ?
Dix ans plus tard, l’URSS implosait. De surcroît, la puissance n’est jamais une
garantie de succès. Pour s’en convaincre il suffit de considérer les fiascos
des Etats-Unis en Afghanistan comme en Irak. La hiérarchie des puissances est
fortement déterminée par les conditions techniques dominantes mais elle dépend
aussi de la perception que les autres acteurs en ont. Le facteur temps joue ici
un rôle parce qu’après avoir longtemps admis la puissance d’un acteur les
autres peuvent progressivement s’apercevoir que « Le roi est nu » et
contester sa domination.
DEUXIEME PARTIE : TROIS
FONDAMENTAUX DE LA PUISSANCE
A. Le territoire
Le territoire est une base de la puissance. La
possession de produits clés comme le charbon ou le pétrole sont des atouts
clés. L’importance du nombre d’habitants est aussi important : Au début du
XIXè Napoléon , à la tête du pays le plus peuplé d’Europe (hors Russie) se bat
contre l’Europe entière.
Base de la puissance, le territoire peut permettre de
projeter la puissance, au-delà des horizons terrestres ou maritimes. En 1913,
une poignée de pays européens occupent toute l’Afrique. Il importe surtout pour
une puissance de contrôler les routes stratégiques. Durant des millénaires, le
territoire fut seulement terrestre, puis il devient spatial avec la conquête de
la Lune et plus récemment virtuel avec l’essor de la Toile. Les
« autoroutes de l’information » deviennent aussi stratégiques que les
« autoroutes maritimes ».
Pour revenir à l’espace terrestre, la superficie du
territoire joue un rôle non négligeable mais finalement moins important que sa
maîtrise. La superficie des Etats-Unis – 9 millions de kilomètres carrés – est
très inférieure à celle de la Russie – 17 millions de kilomètres carrés, mais
la puissance des Etats-Unis paraît très supérieure à celle de la Russie et ce,
dès la fin du XIXème siècle. Parce que la Russie ne maîtrise pas véritablement
l’ensemble de son territoire, fautes d’un peuplement dynamique, de structures
socio-politiques et d’infrastructures économiques à la hauteur de l’immensité –
presque la moitié de la circonférence terrestre – et des défis du climat. Il
importe donc que le territoire soit investi – dans tous les sens du terme.
Parce que le territoire est une ressource. Le territoire est la base des activités économiques,
très variables selon l’époque et le lieu. Les territoires sont généralement
hétérogènes, avec des pôles de richesse et de pauvreté, avec plusieurs
gradients possibles entre ces deux situations. La richesse produite peut
fournir les moyens de financer une armée et d’acquérir des moyens militaires.
B. Les hommes
La démographie doit être considérée lorsqu’il est
question de puissance. D’abord pour le nombre. Certes, le nombre ne suffit
pas pour peser dans le monde. Il est facile de multiplier les exemples de pays
dont la population est nombreuse et la puissance à l’état de souvenir… ou de
projet. Pour autant, la masse indienne (2nd rang mondial auj) ne
suffit pas à faire de l’Inde une grande puissance. Les hommes comptent surtout
pour la dynamique. Il importe de savoir si la dynamique démographique est à la
hausse ou à la baisse. La population augmente-t-elle, stagne-t-elle ou
diminue-t-elle ? Quelle est sa fécondité, sa moyenne d’âge, son espérance
de vie ? Il faut situer ces indicateurs par rapport au contexte régional
puis mondial. Les hommes – et les femmes - doivent enfin être considérés pour
leur niveau de formation. Le niveau d’éducation britannique ùmais aussi
japonais est parmi les plus élevés en 1913.
C. Le désir
La puissance résulte d’abord d’un désir.
Tous les peuples ne partagent pas au même moment
l’ambition de peser dans le monde, heureusement d’ailleurs. Le désir d’en
découdre joue un rôle déterminant, voire déclenchant. Au XIXème siècle, les
Américains sont convaincus de leur « destinée manifeste » à dominer
le monde et en particulier le continent américain (« doctrine
Monroe » en 1823, « l’Amérique aux Américains, l’Europe aux
Européens ». Le désir s’appuie sur des valeurs plus ou moins universelles.
Les Européens colonisent le monde au nom d’une Civilsiation supérieure. Lorsque
des pays ou groupes de pays ont des désirs contradictoires cela se traduit par
un conflit, commercial ou militaire. Après des conflits de longue durée, il
peut arriver qu’une population se détourne de la quête de puissance par des
voies militaires pour préférer d’autres voies, par exemple l’économie et le
commerce. Chacun pense à l’Allemagne et au Japon qui après leur défaite au
terme de la Seconde Guerre mondiale amorcent un rebond par la voie économique.
Les institutions doivent mettre en musique avec
talent le désir de puissance. Le territoire et les hommes sont généralement
administrés par des institutions, le plus souvent aujourd’hui un État. La
faiblesse des institutions, leurs contradictions ou leur corruption produisent
souvent de l’impuissance. Le désir nécessite une stratégie pour arriver à ses
fins. Une stratégie est nécessaire pour développer la puissance. Elle impose
une analyse de la situation présente, une réflexion sur les lignes de force des
temps proches et lointains, des choix d’objectifs, l’allocation de moyens et
une mise en œuvre pertinente. Qu’il manque un de ces éléments et la stratégie
échoue, comme le plus souvent. Il faut être clair : avoir une stratégie ne
suffit pas.
Conclusion
La puissance est concept multiforme, évolutif et
complexe qui repose sur des fondamentaux comme le territoire, les hommes et le
désir. Il arrive que des ruptures technologiques – hier le nucléaire militaire
– plus récemment Internet, redessinent les contours et les moyens de la
puissance. L’avenir reste incertain mais nous pouvons parier que ceux qui se
détournent de la quête de puissance ont toutes les chances de sortir des
premiers rangs.
Copyright Novembre 2013-Verluise/Diploweb.com
Texte adapté au chapitre 1, tableau géopolitique du
monde en 1913.
Pour aller plus loins : site
Diploweb.com à consulter.
Documents illustratifs des puissances en 1913
L'exemple des exportations, reflets des puissances industrielles
Valeur des exportations de marchandises de 1820 et 1913
en Europe
(en millions de
dollars et en prix constants)
Pays
|
1820
|
1870
|
1913
|
Evolut°
1870-1913
|
Rang mondial
|
Pays européens
|
|||||
Roy-Uni
|
1 125
|
12 237
|
39 348
|
x 3,2
|
1
|
Allemagne
|
6 761
|
38 200
|
X 5,6
|
2
|
|
France
|
487
|
3 512
|
11 292
|
X 3,2
|
4
|
Belgique
|
92
|
1 237
|
7 318
|
X 5,9
|
6
|
Russie
|
6 666
|
7
|
|||
Suisse
|
147
|
1 107
|
5 735
|
X 5,2
|
8
|
Italie
|
339
|
1 788
|
4 621
|
X 2,6
|
9
|
Pays-Bas
|
1 727
|
4 329
|
X 2,5
|
10
|
|
Espagne
|
137
|
850
|
3 697
|
X 4,3
|
13
|
Suède
|
713
|
2 670
|
X 3,7
|
15
|
|
Autriche
|
47
|
467
|
2024
|
X 4,3
|
16
|
Pays non européens
|
|||||
Etats-Unis
|
251
|
2 495
|
19 196
|
X 7,7
|
3
|
Inde
|
3 466
|
9 480
|
X 2,7
|
5
|
|
Chine
|
1 398
|
4 197
|
X 3
|
11
|
|
Canada
|
724
|
4 044
|
X 5,6
|
12
|
|
Australie
|
455
|
3 392
|
X 7,5
|
14
|
|
Mexique
|
242
|
2 363
|
X 9,7
|
17
|
|
Argentine
|
222
|
1 936
|
X 8,7
|
18
|
|
Brésil
|
854
|
1 888
|
X 2,2
|
19
|
|
Japon
|
51
|
1 684
|
X 33
|
20
|
Source : Angus Maddison,
L’économie mondiale. Une perspective millénaire. OCDE, 2001.
Schéma de l'historien français Marc Nouschi
Source : Marc Nouschi, Petit Atlas historique du XXème siècle, A.Colin, 20è siècle.
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