Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

mercredi 9 avril 2014

colle d'actu sur la Crimée

Affaire de Crimée
Jusqu'ou Poutine peut-il aller ?
Quelle stratégie ?
Peut-on l'en empêcher ?

La stratégie Poutine

La stratégie de Poutine poursuit différents interêts.

                     Interêts économiques : L'Ukraine représente pour la Russie un important partenaire commercial. Les hydrocarbures représentant 50% des recettes budgétaires de la Russie (les matières premières représentent à elles seules pres de 90% des exportations), il est donc primordial pour la Russie de sécuriser ces exportations. Le réseau de gazoduc alimentant l'Europe de l'Ouest passant quasiment en totalité par l'Ukraine, le pays revêt alors un rôle central.
                     Interêts idéologiques : L'éléction de Poutine en 1999, est représentative d'une volonté populaire de redorer l'image du pays, suite à la forte émotion éprouvée par la population russe face à l'attaque occidentale en Serbie. Poutine s'érige de ce fait en protecteur des populations russophones qui selon lui sont «menacées». Ces agissements participent aussi à imposer la Russie comme un adversaire de taille, qui a son mot à dire. De plus l'annexion de la Crimée est vue comme la réparation d'une aberration et est donc totalement «légitime» du point de vue russe.
                     Quels moyens ? :

                    Omniprésence de propagande, de désinformation et de chantage. Les Ukrainiens sont ainsi présentés comme des «fascistes» ou encore des «néo-nazis» réveillant ainsi les plus profondes tensions historiques. On pourrait parler d'une guerre psychologique visant à affaiblir le nouveau pouvoir en Ukraine.
                    Une confusion entretenue voire renforcée. Le schéma de deux Ukraine inconciliables qui n'auraient ni langue, ni références culturelles, ni interêts en commun est ainsi mis en avant. Ainsi ce schéma nie toutes les subtilités et les diversités des identités ukrainiennes.
                    Renforcement militaire russe tres significatif (assez dissuasif)
                    La Russie réclame une «fédéralisation» de l'Ukraine, cette stratégie décrite comme unique solution, vise à entretenir les foyers de rebellion présents dans le pays. En effet cette grande réforme constitutionnelle voulue par la Russie, voudrait que chaque région ukrainienne dispose de la capacité de choisir ses orientations économiques, culturelles ainsi que les relations qu'elle entretiendrait avec les pays voisins. La Russie voudrait aussi que soit sanctuarisée une très large autonomie pour les régions de l'Est et du Sud, au prix d'un très fort affaiblissement du pouvoir central autonomie budgétaire et politique qui pourrait aller jusqu'à un droit de véto contres les choix stratégiques de Kiev. Cette réforme souhaite de manière claire, la neutralité de l'Ukraine sur le plan international, pour écarter tout rattachement à l'OTAN ou à l'UE.


Sources : Europresse/ Le Monde/ Emission France Culture (le monde selon Hubert Vedrine)


Quel est le rôle des Ukrainiens dans la crise?
Le 25 mai 2014 auront lieu les prochaines élections en Ukraine. Depuis le 23 février avec la fuite de Viktor Ianoukovitch, l'ancien président de l'Ukraine pro-russe, un gouvernement provisoire s'est mis en place à Kiev. Ce dernier n'a pas eu un poids important pour faire face à la Russie et à l'organisation du référendum du 16 mars. Cependant il tente de contrer une propagande anti-Maidan et pro-russe très prononcée notamment à l'est du pays. En, effet c'est grâce à cette forte propagande que la Russie a réussi à englober la Crimée avec un résultat de plus de 97% en faveur d'une annexion. Le gouvernement de transition essaye donc depuis plus d'un mois d'apaiser les tensions en Ukraine pour éviter une implosion du pays et une nouvelle intervention de la Russie. Le ministre de l'économie s'est par exemple rendu dans la région de Donestk, fief du président déchu, pour rassurer les populations et démonter les contre vérités. Pour tenter d'atténuer les tensions, rassurer les populations et concilier les intérêts des différentes communautés, les autorités pro-européennes de Kiev ont également affiché leur volonté d'une «décentralisation» du pouvoir. Mais le rôle des Ukrainiens est tout de même restreint dans la mesure où la recherche de solutions d'une sortie de crise criméenne s'est faite le plus souvent sans eux.
Sources : Le Monde/ L'express / Le nouvel Observateur
      

                                        Le rôle des occidentaux dans la crise

La politique occidentale face à la crise est avant tout préventive. A l'instar des allemands, les européens et américains ne veulent pas d'un conflit en Russie. Il faut remarquer aussi que Obama s'intéresse plus à l'Iran qu'à la Russie et que la Russie n'est pas un grand danger pour l'Europe. En effet la Russie est très dépendante de ses exportations énergétiques vers l'Europe. C'est pourquoi les occidentaux s'accordent pour isoler la Russie.
Les sanctions sont avant tout politique: Le sommet UE-Russie prévu à Sotchi en juin a été annulé par les occidentaux. A la place un G7 (Russie exclu) est prévu à la Haye centré sur la situation en Ukraine.
L'UE et les Etats-unis ont aussi restreint les visas de responsables russes et allongé cette liste tout en gelant leurs avoirs.
Mais aussi économiques: l'Agence Fitch a déjà dégradé la note de la Russie le 21 mars, Standard et Poor's devrait suivre.
Les occidentaux menacent aussi d'agir directement sur les secteurs clés de l'économie russe.
La croissance russe (déjà tombée à 1,3% en 2013) pourrait ralentir encore et risquerait même la récession. Les IDE seraient retirés ce qui augmenterait d'autant plus la charge de la dette mal en point par l'endettement des entreprises et banques russes et de la dépréciation du rouble.
En ce qui concerne le référendum il est déclaré illégitime, l'ONU ne le reconnaît pas pour plusieurs raisons; présence de l'armée lors du vote, forte propagande russe, corruptions,…
Mais ces décisions peuvent paraître maladroite. Il est difficile d'agir rapidement contenu de l'habituel division entre européens.

A l'heure actuelle comme en Géorgie en 2008 qui avait perdu l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, la Crimée est "officiellement" russe. La Transnistrie pourrait être le prochain objectif de Poutine…

Sources: le Monde, L'express, le Parisien, Courrier international, Vidéo interview de Florent Parmentier auteur du livre "Moldavie, les atouts de la francophonie"

Pour + d'info, écoutez les 2 émissions "Géopolitique. Le débat" de Marie-France Chatin sur RFI et enregistrées au festival de Géopolitiqute de Grenoble. Série de 2 émissions sur la pol de Poutinea écouter sur mon blog d'écoute ou ci-dessous :
http://www.rfi.fr/emission/20140406-1-russie-retour-geopolitique/
http://www.rfi.fr/emission/20140406-2-russie-le-retour/
Serge Boyer

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