ECS1 –HGG :
Devoir du samedi n°6 – mai 2020 Révision : chapitre 11
Type
de devoir : ESCP Europe (dissertation + croquis, durée 4h)
Sujet : Le cyberespace, enjeu clé de la puissance depuis 1990.
Documents = outil de
réflexion, d’argumentation
Document
1 : les
formes indirectes de la puissance depuis 1990
La mondialisation a permis à de
nouvelles puissances d’émerger, et le monde est désormais devenu multipolaire.
En ce sens, les fondements de la puissance évoluent. Les puissances
ascendantes, comme la Chine, cherchent à contrer l’influence des puissances
occidentales. Et les formes indirectes de puissance jouent un rôle de plus en
plus important dans cette concurrence. La Chine, notamment par son poids
démographique (1,4 milliard d’habitants), bénéficie d’un levier de
puissance spécifique : le sharp power. Pour le politologue
américain spécialiste des relations internationales Joseph Nye, qui a notamment
théorisé la notion de soft power, le sharp power représente
les tentatives de manipulation de l’opinion publique en Chine, mais aussi à
l’étranger, par le gouvernement de Pékin. En d’autres termes, il s’agit de la
capacité de la Chine à imposer sa vision du monde par la menace, la
manipulation ou les sanctions. L’autocensure de la NBA et
de Hollywood. C’est précisément le cœur de cet article du Wall
Street Journal, qui explique de quelle façon la NBA (National
Basketball Association), et Hollywood avant elle, ont formaté leur discours
pour plaire au gouvernement chinois. Les exemples d’autocensure sont désormais
légion dans de nombreux domaines. Dans un tweet, le directeur de l’équipe
de basket des Rockets, Daryl Morey, avait exprimé en octobre dernier son
soutien aux manifestants prodémocratie de Hong Kong. Même si ce tweet avait
rapidement été supprimé, il avait déclenché la fureur du gouvernement chinois
et celle de l’opinion publique. La NBA a réagi en
reconnaissant “l’offense causée par ce tweet”, mais ces
excuses ont été jugées insuffisantes. Il faut dire que pour les joueurs de
basket et les équipes, la Chine représente un enjeu économique majeur.
Comme le
souligne l’article : “Pour vraiment réussir en Chine, tout
développement commercial doit correspondre aux directives du gouvernement.
L’introduction de la NBA en Chine était régulièrement citée comme le
meilleur exemple en la matière – du moins jusqu’à octobre dernier.”
Dans le même ordre d’idée, le
basketteur américain James Harden, qui est lié à Adidas par un contrat de
200 millions de dollars, s’est présenté devant les médias chinois pour
s’excuser de cette polémique, et il refuse désormais d’évoquer toute question
autre que sportive.Cette capacité à contraindre les comportements –
ce sharp power –, Hollywood l’a progressivement intégré depuis
le scandale lié à deux films sortis en 1997 : Sept Ans au
Tibet et Kundun. Ces deux films présentaient, aux yeux du
gouvernement chinois, le dalaï-lama (chef spirituel tibétain en exil) de manière
bien trop “bienveillante” et ont été interdits en Chine. Ainsi,
comme le souligne le Wall Street Journal : “Hollywood
a rapidement tiré les leçons de cet épisode et a commencé à intégrer les
considérations politiques du marché chinois à sa propre stratégie. Les stars
qui partent en tournée promotionnelle à Shanghai ou Pékin reçoivent à présent
une liste de choses à faire et à ne pas faire.” Quand on sait que la
Chine impose un quota de 34 films étrangers par an sur ses écrans, on
comprend que les studios intègrent en amont les desiderata chinois. C’est
le cas d’Abominable, le nouveau dessin animé des studios
Dreamworks. Comme le souligne cette revue de presse publiée sur le site de Courrier international avant
la sortie du film d’animation en France, Abominable intègre
en effet une carte montrant la vision que se fait le gouvernement de Pékin de
sa souveraineté en mer de Chine. Cette carte, très controversée, représente la
“ligne en neuf traits” (désignant la zone revendiquée par la Chine et
contestée par ses voisins) et diffuse ainsi les visées territoriales de la
Chine sur cette zone stratégique.
Dans de
nombreux domaines, l’enjeu commercial que représente la Chine, pousse les entreprises
qui veulent s’installer sur ce marché à s’autocensurer, au risque de choquer
leur propre clientèle. Ainsi, l’éditeur de jeu vidéo Blizzard a suspendu un
champion hongkongais du jeu Hearthstone car celui-ci avait osé
apporter son soutien aux manifestants dans sa ville. Cependant, cette sanction
a déclenché un appel au boycott de la part d’une partie des gamers. Cette
réaction de l’opinion publique internationale, bien que pour l’instant limitée,
est-elle une limite au sharp power chinois ?
Source :
Courrier International, article du Wall Street Journal commenté par Benjamin
Daubeuf, professeur d’histoire-géographie, 4/12/19.
Document 2
: Le cyberespace selon Thomas Gomart.
Le substrat numérique innerve les espaces maritimes, aérien
et exo-athmosphérique en raison de la numérisation aussi massive que rapide des
activités humaines. L’espace numérique s’organise autour de trois composantes
vulnérables : le maillage des réseaux (câbles, routeurs, serveurs, autant
d’élément qui nécessite une alimentation électrique), les données (toutes les
traces informatiques stockées dans des data center) ; les applications
(les logiciels qui permettent le traitement illimité des données). Au
croisement de ces trois composantes se trouvent les algorithmes et la
cryptographie, dont la maîtrise conditionne toute ambition de souveraineté dans
l’espace numérique. En raison de leur puissance financière et technologique,
des liens entretenus avec les Etats, notamment américains et chinois, les
grandes plateformes, comme les GAFAM ou les BATX, sont devenus des acteurs à
parte entière de l’environnement géopolitique. La maîtrise des espaces communs
passera de plus en plus par celle de l’intelligence artificielle, qui parait
avoir le potentiel d’offrir la supériorité militaire et invite à réfléchir sur
la nature de la relation homme-machine.
Source : Thomas GOMART, L’affolement du monde, Tallandier, 2019.
Document 3 : le
leadership américain numérique de plus en plus contesté (source : hors-série Le Monde-La Vie, L’empire
américain, 2019)
Lorsque les historiens tenteront de déterminer le moment clé où les
Etats-Unis ont exprimé le plus clairement l’angoisse existentielle de la première
puissance mondiale face à l’imminence de la perte de son leadership, ils ne
retiendront pas l’un des innombrables tweets de Donald Trump, mais plus
probablement le discours prononcé le 4 octobre 2018 à l’Institut Hudson par son
vice-Président, Mike Pence. La brutalité des propos de ce dernier, désignant la
Chine comme un rival « remettant en cause la supériorité stratégique (des
EU) et cherchant à modifier l’ordre international à son profit », marque
un tournant majeur des relations internationales. En effet, dans certains
secteurs technologiques, c’est la Chine qui mène désormais la danse. Huawei
vient de détroner Apple et est désormais second derrière Samsung. WeChat, lancée
en 2011 par Tencent, est devenu un modèle pour Facebook. Avec un milliard
d’utilisateurs, l’application intègre une palette infinie de services allant du
réseau social au système de paiement.
IL Y A D'AUTRES DOC , voir mail envoyé
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