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Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

mercredi 5 juin 2019

Terres rares : Trump ne veut plus dépendre de la Chine (source : Lefigaor.fr)

Terres rares: Washington muscle sa stratégie pour ne plus dépendre de la Chine

Terres rares: Washington muscle sa stratégie pour ne plus dépendre de la Chine
L’administration américaine a publié, ce mardi, une «stratégie fédérale pour garantir des approvisionnements sûrs et fiables» en matériaux jugés critiques pour la sécurité nationale. Les terres rares, importées pour 80% de Chine, sont visées.
Branle-bas de combat à Washington. Alors que les tensions sino-américaines n’en finissent plus de parasiter les relations entre la Chine et les États-Unis, la Maison Blanche a décidé d’agir pour se prémunir contre une dépendance, jugée trop importante et nocive, aux importations étrangères de minéraux «critiques». Pékin et ses exportations de terres rares sont clairement ciblés par cette nouvelle stratégie. L’enjeu est énorme: précieux, ces matériaux sont utilisés dans la production d’appareils électroniques grand public comme de matériels militaires, et Washington reste lourdement dépendant de l’Empire du milieu dans ce domaine. Pékin a ainsi fourni 80% des terres rares importées par les États-Unis entre 2014 et 2017.
Fin décembre 2017, Donald Trump avait publié un décret présidentiel visant à «garantir des approvisionnements sûrs et fiables en minéraux critiques» pour la sécurité américaine, tels que l’uranium ou les terres rares. Ce dernier regrettait que le pays soit «fortement tributaire des importations de certains produits essentiels à la sécurité et à la prospérité économique». Pour se protéger, l’occupant du Bureau ovale demandait à ses services d’identifier de nouvelles sources de «matériaux critiques», et de définir une «stratégie pour réduire la dépendance de la nation» à ces types de produits.
Le document publié ce mardi vient répondre à cette demande du président américain. Il contient un «plan d’action à l’échelle du gouvernement» pour sécuriser l’approvisionnement de 35 produits jugés essentiels pour la «sécurité économique et nationale des États-Unis», dont l’uranium, le titane et les terres rares. «Des millions d’Américains comptent sur ces minéraux essentiels» pour des produits souvent basiques, rappelle le département du Commerce, comme les ordinateurs, les avions ou les éoliennes et les smartphones. Cité dans le communiqué du département, le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, précise que ce rapport permettra au gouvernement américain de prendre des mesures «sans précédent pour s’assurer que les États-Unis ne seront pas coupés de ces matériaux vitaux».

Une stratégie en 24 objectifs

La «stratégie fédérale pour garantir des approvisionnements sûrs et fiables en minéraux critiques» rappelle que la dépendance américaine «risque de créer des vulnérabilités stratégiques pour [l’]économie et [l’]armée» des États-Unis. Elle formule six appels à l’action, 24 objectifs et 61 recommandations pour «soutenir la sécurité économique et la défense nationale».
En amont, les auteurs suggèrent notamment de diversifier les sources d’approvisionnement, d’améliorer les liens avec les pays fournisseurs de matériaux et la «coopération liée aux matériaux critiques» pour sécuriser les voies commerciales. «L’intensification des échanges et la coopération avec les alliés et les partenaires peuvent contribuer à réduire la dépendance de notre pays à l’égard de sources de minéraux critiques susceptibles d’être perturbées.»
Ensuite, ils conseillent de réfléchir à des substituts pour les matériaux, et de travailler à «l’amélioration de l’efficacité» et du rendement des minéraux dans la production d’appareils technologiques, pour réduire les importations nécessaires. «Ces améliorations et innovations peuvent également accroître la compétitivité des produits par rapport aux coûts. En outre, le leadership technologique des États-Unis bénéficie du développement national d’innovations liées au traitement, à la fabrication ou au recyclage», analysent-ils.
En aval, et sur le long terme, le rapport appelle aussi à développer l’approvisionnement purement américain, pour supprimer entièrement la dépendance aux nations étrangères. «Les réseaux de chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques devraient être renforcés pour que les minéraux essentiels produits au pays puissent soutenir la sécurité économique et la défense nationale de notre pays», avertissent les auteurs, qui appellent à mieux explorer, répertorier et exploiter les ressources naturelles du territoire national. Quitte à accélérer l’obtention des autorisations nécessaires pour extraire ces minéraux et à former davantage les travailleurs américains: «il est nécessaire d’améliorer le processus d’obtention de permis afin d’améliorer l’accès à l’approvisionnement de notre pays en minéraux essentiels», écrivent les auteurs de la stratégie.

Un renforcement des tensions sino-américaines

Dans l’ensemble, le plan vise donc à agir sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en amont comme en aval, pour rendre les États-Unis moins dépendants des autres nations dans l’obtention et le traitement de minéraux critiques: «si la Chine ou la Russie cessaient d’exporter leurs produits vers les États-Unis et leurs alliés pendant une longue période - à l’instar de l’embargo de la Chine sur les terres rares de 2010 -, une interruption de l’approvisionnement prolongée pourrait causer des chocs importants aux chaînes d’approvisionnement critiques en minerais des États-Unis et de l’étranger», alerte le document.
Le plan de Washington est révélé à un moment stratégique: ces dernières semaines, la Chine n’a cessé de montrer les crocs en suggérant qu’elle pourrait utiliser les terres rares comme arme dans le cadre de la guerre commerciale qui l’oppose à Donald Trump. En mai, le leader chinois, Xi Jinping, avait ainsi visité une usine de traitement des terres rares de JL Mag Rare-Earth, accompagné de son négociateur en chef Liu He. Début juin, l’agence d’État de planification chinoise a par la suite prévenu que le pays allait envisager de renforcer son contrôle sur ses exportations de terres rares. Un mécanisme permettant de contrôler la procédure d’exportation de ces matériaux pourrait être mis en place. L’organe de presse officiel du pouvoir chinois, le Quotidien du peuple, avait également publié une tribune intitulée «États-Unis, ne sous-estimez pas la faculté de la Chine à riposter», dans laquelle il soulignait la dépendance «gênante» de Washington aux exportations de terres rares chinoises.
Fin mai 2019, le Pentagone avait déjà prévenu qu’il comptait bien limiter la dépendance américaine à l’égard de la Chine. Les officiels américains souhaitaient, pour cela, stimuler la production de terres rares aux États-Unis. «Le département continue de travailler étroitement avec le président, le Congrès et l’industrie américaine pour améliorer la compétitivité des États-Unis» dans ce domaine, avait commenté le lieutenant Mike Andrews, porte-parole du Pentagone. Un objectif que doit remplir la nouvelle stratégie américaine.

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