Pendant les « Trente
Glorieuses » (Jean Fourastié), la télévision constitue un des 4 produits
phares de la consommation de masse (avec l’automobile, le réfrigérateur et la
machine à laver). Dans les années 1980, avant l’essor de l’informatique, elle
appartient encore à un secteur assez technologique. Cette carte euro centrée et non sourcée est
cependant riche grâce à 4 types d’informations : le taux d’équipement des
ménages, les pays producteurs, les firmes exportatrices et la balance des
échanges de biens électroniques grand public. Ainsi, cela nous permet
d’analyser un secteur économique qui reflète bien les niveaux mondiaux de
développement, de capacité technologique et d’exportations. Nous pourrons ainsi
examiner l’inégale demande de télévisions, la correspondance ou pas avec les
zones de production et, enfin, les pays et firmes qui exportent des
télévisions.
Le taux d’équipement des ménages
illustre de profondes inégalités. Seuls une vingtaine de pays dépassent 20
récepteurs pour 100 habitants : l’Europe et l’U.R.S.S., l’Amérique du
Nord, le Japon, l’Australie et l’Arabie Saoudite. Il s’agit donc de la Triade
plus quelques puissances pétrolières et minières où la télévision est présente
dans chaque foyer. De nombreux pays ont entre 1 et 20 récepteurs pour 100 habitants :
ce sont des pays du Sud. Les deux régions les mieux équipées sont l’Amérique du
Sud (plus le Mexique) et le Moyen-Orient ; ailleurs, il s’agit de quelques
pays africains (Afrique du Nord ou Afrique du Sud) ou d’Asie du Sud-Est. Enfin,
les pays très peu équipées, avec moins d’un récepteur pour 100 habitants, où la
télévision est encore rare, sont surtout des pays d’Afrique subsaharienne ou
d’Asie du Sud. Ainsi, la télévision illustre bien la limite classique Nord-Sud.
La géographie de l’offre n’est pas
très différente. Les deux principaux pays producteurs sont les Etats-Unis et le
Japon (plus de 20 millions de récepteurs couleurs/an) et les puissances
d’Europe de l’Ouest (exemple France entre 10 et 20 millions de télévisions
couleurs/an). Les pays industriels du bloc communiste semble en retard à
l’image de l’URSS qui n’en produit qu’entre 1 et 10 millions. Peut-être le
décalage est-il moins important pour les récepteurs en noir et blanc ?
Nous savons par ailleurs que le niveau de consommation est plus faible dans ces
pays. L’autre différence entre l’offre et la demande est la présence de la
Chine comme pays producteur. Avec moins d’un million de récepteurs, la Chine
n’apparait pas encore comme un Nouveau Pays Industriel. Les réformes de Deng
Xiaoping n’en sont qu’à leur tout début. Ainsi la production industrielle reste
en 1986 le monopole de la Triade.
Les flux commerciaux des télévisions
montre d’abord l’émergence du Japon comme puissance exportatrice et dominante
au niveau des firmes dont Sharp apparait comme leader mondial. Ceci illustre le
succès du MITI qui dès les années 1950 a identifié le secteur électronique
comme marché du futur. D’autres pays asiatiques émergent aussi comme la Corée
du Sud ou Taïwan : ce sont deux des « Quatre dragons », soit des
NPIA d’où émerge déjà Samsung, n°2 mondial. Ainsi l’Asie exporte des
télévisions dans le monde entier. Les deux autres régions de la Triade
apparaissent comme déficitaires et importent massivement des télévisions, en
particulier les Etats-Unis qui ne semblent plus posséder de firmes importantes
alors qu’elles subsistent encore en Europe avec Grundig (Allemagne) ou Philips
(Pays-Bas).
Ainsi si la télévision est un
parfait marqueur de la limite Nord-Sud tant en terme de consommation que de
production. Elle illustre déjà le début
des mutations géoéconomiques induites par la Division internationale du travail
marquées par les délocalisations industrielles d’Amérique du Nord vers l’Asie.
Aujourd’hui, il faudrait plutôt choisir le smartphone comme produit phare.
Rappel méthodologique : fiche d'évaluation
FICHE
D’EVALUATION D’ANALYSE DE CARTE (épreuve Ecricome) : barème
pour devoir-maison
Phase
|
Etape
|
CONSIGNES
|
Objectif
|
EVALUATION
|
Evaluation
|
Intro-duction
/1
|
1. Présenter le sujet
|
Il est préférable de commencer par le sujet de la
carte ou son contexte
|
Relier un sujet, une carte pour dégager son enjeu
|
fait en 1er O oui O non
|
-
. +
-
. +
-
. +
|
-analyse
des termes du sujet
-bornes
chrono/espace
= doit être fait
mais plus vite qu’une intro de dissertation
|
O bien O AB/correct
O insuffisant/maladroit
Car…
|
||||
2 Présenter la
carte
|
-sources/auteur
-nature
-échelle/projection
Il faut évoquer un des points (ou 2, rarement
tous) pour donner une valeur scientifique à la carte
|
O l’essentiel est dit
O trop long
O insuffisant
Car…
|
|||
3. Intérêt de
la carte
|
- lien entre le sujet et la carte = problème soulevé par le sujet (ce n’est pas
une problématique de dissertation mais le sens qu’il faut donner au sujet)
|
O pertinent
O AB/correct
O insuffisant/non fait
Car…
|
|||
4. Annonce du
plan
|
Il est préférable d’annoncer rapidement votre
plan.
|
fait O oui O non
|
|||
BILAN
|
O
Très bien O Bien O Assez
bien O Correct O à améliorer
|
||||
Analyse
/2
/1
|
3
Analyse
structurée et argu-mentée…
|
-plan :
de 2 à 4 thèmes
O thèmes : O
bien
O correct
O mal choisis
|
Dégager les thèmes utiles qui répondent à cet enjeu
|
Thèmes : O
bien/ AB
O correct/inégaux
O mal choisis/très mal choisis
Car…
|
-
. +
|
-arguments
issus de la carte
-connaissances
qui éclairent les infos de la carte (attention ne pas faire une
dissertation sur le sujet)
|
Argumenter par la carte et vos connaissances
|
Arguments O de qualité
O peu/trop nombreux
O mal choisis
Car…
Connaissances : O apport
précis/utile
O apport
insuffisant
O trop
important
O des erreurs
Car…
|
-
. +
-
. +
|
||
-vocabulaire
clé qui donne une compréhension globale
de la carte
|
Rendre compréhensible la carte
|
Mots clés
attendus :
|
|||
4 …
critique
|
-visible directement
-invisible (manque…)
|
Critiquer la carte/avoir du recul
|
O bon esprit
critique
O
insuffisant/maladroit
O absent
|
||
BILAN
|
O
Très bien O Bien O
Assez bien O Correct O à
améliorer
|
||||
Conclu-sion
/1
|
5 Portée
|
En quoi la
carte répond au sujet ?
|
Faire le point sur l’enjeu en une phrase ou deux
|
O bilan concis
et précis
O bilan
partiel/trop long/non fait
|
-
. +
|
Forme
|
Longueur du commentaire
|
O respect de
la norme de 1.5 page
O trop
long O trop court
|
-
. +
|
||
/5
|
Note sur 20 :
|
Corrigé DS3 : Les Suds des
indépendances aux années 1990 : le temps du rattrapage ?
Introduction :
Lorsque le Président Harry Truman s’adresse aux
membres du Congrès américain, il évoque des « pays sous-développés. Plus
tard, en 1952, le démographe français parle du « tiers-monde ». Trois
ans plus tard, c’est la conférence de Bandung, front d’anciens pays colonisés
condamnant la colonisation. Vers 1970, l’ancien chancelier allemand Willy
Brandt délimite la fracture Nord-Sud, soit l’opposition entre pays développés
et riches et pays peu développés et pauvres. Ceux-ci ont accédés à
l’indépendance de manière inégale : précoce pour les Etats d’Amérique
latine (Uruguay en 1828) et tardive pour l’Afrique subsaharienne (années 1960
et 1970). Si certains Etats n’ont jamais été colonisés (Perse par exemple),
tous ont subi une division internationale du travail qui ne leur a pas permis
un réel développement. Au moment où ils accèdent à l’indépendance, la question
du rattrapage se pose pour les dirigeants de ces nouveaux Etats. Cette question
est double : il s’agit d’abord de choisir un mode de développement qui
permette aux populations d’accéder à un mieux-être, puis il s’agit aussi
d’obtenir une vraie autonomie géopolitique. Celle-ci est d’autant plus difficile
que la Guerre froide implique le choix d’un camp. Mais les années 1970,
décennie de chocs pétroliers, de la défaite américaine au Vietnam et de la
révolution iranienne, sont des victoires économique et géopolitique contre la
DIT. Vingt ans plus tard, la Corée du Sud acceuille les JO dans sa capitale
Séoul tandis que se fissure bientôt le mur de Berlin et l’URSS.
Les NPIA et les pays pétroliers
sont-ils les seuls Etats du Sud à avoir pu rattraper le Nord ou bien l’ensemble
des Suds ont-ils connu de réels succès tant économiques, sociaux que
géopolitiques ? Il s’agit ainsi de mesurer les conditions de ce rattrapage
(I), de voir les différentes stratégies mises en place au Sud pour accéder à un
meilleur développement (II) et enfin constater la situation au début des années
1990 dans tous les domaines (III).
Plan possible :
I/ Des conditions de rattrapage du Sud
A –
Internes : 1°. Niveau éco/soc
faible = domination secteur agricole, analphabétisme
2°.
Un Etat à construire = pb de cohésion, de frontières
3°.
Volonté de cohésion = échec du non-alignement, ms essor des organ régionales
B –
Externes : 1°. Une dépendance éco
hist = la DIT
2°. Guerre
froide = aides du Nord
3°.
Soutien des agences onusiennes : fin, ms aussi intelellectuel
II/ Deux gdes voies de développement : la
divergence des Suds face à la mondialisation
A –
Extravertie :1°. Raisons de ce choix
2°.
Aspects de cette voie
B –
Autocentrée 1°. Raisons de ce choix
2°.
Aspects de cette voie
C –
Réalité 1°. Voies svt hybrides
2°.
Tdce à l’ouverture à partir des années 1970
III/ Un rattrapage inégal au Sud et partiel
A – Typologie des Suds selon Carroué u début des années
1990 = rattrapage économique
1°.
Deux Suds qui s’en sortent ms différents : NPIA et pays pétroliers
2°.
Des Suds en voie de développement
3°.
Suds en marge
B – Rattrapage
partiel
1°.
Au niveau soc : Q niveau/conditions de vie
2°.
Des régimes pol svt autoritaires, peu de démocraties
3°.
Pas de rattrapge géopolitique « le temps des humiliés » B BADIE
Conclusion :
Le rattrapage des Suds sur les Nords est à la fois
partiel et paradoxal. Partiel dans la mesure où seul une poignée d’Etats en
Asie ou au Moyen-Orient sont devenus des exportateurs importants dans une
économie mondialisée. La limite est également géopolitique car aucun ne pèse
vraiment sur la scène mondiale. Mais ce rattrapage est paradoxal car ce sont
finalement les pays qui ont copié (NPIA sur le Japon) ou bien se sont alliés
(A.Saoudite avec EU) avec l’Occident qui s’en sortent le mieux. Le
non-alignement est ainsi un échec important.
Pour autant, si la limite Nord-Sud bouge finalement
peu au début du monde post-Guerre froide, la situation va évoluer à partir des
années 2000, marquées par un groupe de pays dits émergents dont la Chine qui
est aujourd’hui une puissance globale qui semble menacer l’hégémonie
occidentale et rendre la limite Nord-Sud caduque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire