Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

samedi 3 mars 2018

Commentaire de carte : le marché des téléviseurs en 1986 + corrigé dissertation



Pendant les « Trente Glorieuses » (Jean Fourastié), la télévision constitue un des 4 produits phares de la consommation de masse (avec l’automobile, le réfrigérateur et la machine à laver). Dans les années 1980, avant l’essor de l’informatique, elle appartient encore à un secteur assez technologique. Cette carte euro centrée et non sourcée est cependant riche grâce à 4 types d’informations : le taux d’équipement des ménages, les pays producteurs, les firmes exportatrices et la balance des échanges de biens électroniques grand public. Ainsi, cela nous permet d’analyser un secteur économique qui reflète bien les niveaux mondiaux de développement, de capacité technologique et d’exportations. Nous pourrons ainsi examiner l’inégale demande de télévisions, la correspondance ou pas avec les zones de production et, enfin, les pays et firmes qui exportent des télévisions. 

            Le taux d’équipement des ménages illustre de profondes inégalités. Seuls une vingtaine de pays dépassent 20 récepteurs pour 100 habitants : l’Europe et l’U.R.S.S., l’Amérique du Nord, le Japon, l’Australie et l’Arabie Saoudite. Il s’agit donc de la Triade plus quelques puissances pétrolières et minières où la télévision est présente dans chaque foyer. De nombreux pays ont entre 1 et 20 récepteurs pour 100 habitants : ce sont des pays du Sud. Les deux régions les mieux équipées sont l’Amérique du Sud (plus le Mexique) et le Moyen-Orient ; ailleurs, il s’agit de quelques pays africains (Afrique du Nord ou Afrique du Sud) ou d’Asie du Sud-Est. Enfin, les pays très peu équipées, avec moins d’un récepteur pour 100 habitants, où la télévision est encore rare, sont surtout des pays d’Afrique subsaharienne ou d’Asie du Sud. Ainsi, la télévision illustre bien la limite classique Nord-Sud.
            La géographie de l’offre n’est pas très différente. Les deux principaux pays producteurs sont les Etats-Unis et le Japon (plus de 20 millions de récepteurs couleurs/an) et les puissances d’Europe de l’Ouest (exemple France entre 10 et 20 millions de télévisions couleurs/an). Les pays industriels du bloc communiste semble en retard à l’image de l’URSS qui n’en produit qu’entre 1 et 10 millions. Peut-être le décalage est-il moins important pour les récepteurs en noir et blanc ? Nous savons par ailleurs que le niveau de consommation est plus faible dans ces pays. L’autre différence entre l’offre et la demande est la présence de la Chine comme pays producteur. Avec moins d’un million de récepteurs, la Chine n’apparait pas encore comme un Nouveau Pays Industriel. Les réformes de Deng Xiaoping n’en sont qu’à leur tout début. Ainsi la production industrielle reste en 1986 le monopole de la Triade.
            Les flux commerciaux des télévisions montre d’abord l’émergence du Japon comme puissance exportatrice et dominante au niveau des firmes dont Sharp apparait comme leader mondial. Ceci illustre le succès du MITI qui dès les années 1950 a identifié le secteur électronique comme marché du futur. D’autres pays asiatiques émergent aussi comme la Corée du Sud ou Taïwan : ce sont deux des « Quatre dragons », soit des NPIA d’où émerge déjà Samsung, n°2 mondial. Ainsi l’Asie exporte des télévisions dans le monde entier. Les deux autres régions de la Triade apparaissent comme déficitaires et importent massivement des télévisions, en particulier les Etats-Unis qui ne semblent plus posséder de firmes importantes alors qu’elles subsistent encore en Europe avec Grundig (Allemagne) ou Philips (Pays-Bas).

            Ainsi si la télévision est un parfait marqueur de la limite Nord-Sud tant en terme de consommation que de production.  Elle illustre déjà le début des mutations géoéconomiques induites par la Division internationale du travail marquées par les délocalisations industrielles d’Amérique du Nord vers l’Asie. Aujourd’hui, il faudrait plutôt choisir le smartphone comme produit phare.

Rappel méthodologique : fiche d'évaluation

FICHE D’EVALUATION D’ANALYSE DE CARTE (épreuve Ecricome) : barème pour devoir-maison
Phase
Etape
CONSIGNES
Objectif
EVALUATION
Evaluation
Intro-duction

        /1
1.  Présenter le sujet
Il est préférable de commencer par le sujet de la carte ou son contexte



Relier un sujet, une carte  pour dégager son enjeu

fait en 1er O oui O non



-  .  +




-  .  +




-  .  +

-analyse des termes du sujet
-bornes chrono/espace
= doit être fait mais plus vite qu’une intro de dissertation
O bien O AB/correct
O insuffisant/maladroit
Car…
2 Présenter la carte
-sources/auteur
-nature
-échelle/projection
Il faut évoquer un des points (ou 2, rarement tous) pour donner une valeur scientifique à la carte
O l’essentiel est dit
O trop long
O insuffisant
Car…
3. Intérêt de la carte
- lien entre le sujet et la carte = problème soulevé par le sujet (ce n’est pas une problématique de dissertation mais le sens qu’il faut donner au sujet)
O pertinent
O AB/correct
O insuffisant/non fait
Car…
4. Annonce du plan
Il est préférable d’annoncer rapidement votre plan.

fait O oui O non

BILAN
O  Très bien   O Bien   O  Assez bien   O Correct   O à améliorer
Analyse

        /2



















         /1
3
Analyse structurée et argu-mentée…
-plan : de 2 à 4 thèmes
O thèmes : O bien
                  O correct
                  O mal choisis
Dégager les thèmes utiles qui répondent à cet enjeu

Thèmes : O bien/ AB
                  O correct/inégaux
                  O mal choisis/très mal choisis
Car…

-  .  +



-arguments issus de la carte
-connaissances qui éclairent les infos de la  carte (attention ne pas faire une dissertation sur le sujet)
Argumenter par la carte et vos connaissances

Arguments O de qualité
                     O peu/trop nombreux
                     O mal choisis
Car…

Connaissances : O apport précis/utile
                              O apport insuffisant
                              O trop important 
                              O des erreurs
Car…





-  .  +







-  .  +
-vocabulaire clé qui donne une compréhension globale de la carte
Rendre compréhensible la carte
Mots clés attendus :


4 …
critique
-visible directement
-invisible (manque…)
Critiquer la carte/avoir du recul
O bon esprit critique
O insuffisant/maladroit
O absent
BILAN
O  Très bien   O Bien   O  Assez bien   O Correct   O à améliorer
Conclu-sion
          /1
5 Portée
En quoi la carte répond au sujet ?
Faire le point sur l’enjeu en une phrase ou deux
O bilan concis et précis
O bilan partiel/trop long/non fait


-  .  +
Forme
Longueur du commentaire                              
                                                                                     
O respect de la norme de 1.5 page
O trop long   O trop court
-  .  +
          /5

Note sur 20 :




Corrigé DS3 : Les Suds des indépendances aux années 1990 : le temps du rattrapage ?
Introduction :
                Lorsque le Président Harry Truman s’adresse aux membres du Congrès américain, il évoque des « pays sous-développés. Plus tard, en 1952, le démographe français parle du « tiers-monde ». Trois ans plus tard, c’est la conférence de Bandung, front d’anciens pays colonisés condamnant la colonisation. Vers 1970, l’ancien chancelier allemand Willy Brandt délimite la fracture Nord-Sud, soit l’opposition entre pays développés et riches et pays peu développés et pauvres. Ceux-ci ont accédés à l’indépendance de manière inégale : précoce pour les Etats d’Amérique latine (Uruguay en 1828) et tardive pour l’Afrique subsaharienne (années 1960 et 1970). Si certains Etats n’ont jamais été colonisés (Perse par exemple), tous ont subi une division internationale du travail qui ne leur a pas permis un réel développement. Au moment où ils accèdent à l’indépendance, la question du rattrapage se pose pour les dirigeants de ces nouveaux Etats. Cette question est double : il s’agit d’abord de choisir un mode de développement qui permette aux populations d’accéder à un mieux-être, puis il s’agit aussi d’obtenir une vraie autonomie géopolitique. Celle-ci est d’autant plus difficile que la Guerre froide implique le choix d’un camp. Mais les années 1970, décennie de chocs pétroliers, de la défaite américaine au Vietnam et de la révolution iranienne, sont des victoires économique et géopolitique contre la DIT. Vingt ans plus tard, la Corée du Sud acceuille les JO dans sa capitale Séoul tandis que se fissure bientôt le mur de Berlin et l’URSS.
                Les NPIA et les pays pétroliers sont-ils les seuls Etats du Sud à avoir pu rattraper le Nord ou bien l’ensemble des Suds ont-ils connu de réels succès tant économiques, sociaux que géopolitiques ? Il s’agit ainsi de mesurer les conditions de ce rattrapage (I), de voir les différentes stratégies mises en place au Sud pour accéder à un meilleur développement (II) et enfin constater la situation au début des années 1990 dans tous les domaines (III).
Plan possible :
I/ Des conditions de rattrapage du Sud
                A – Internes :     1°. Niveau éco/soc faible = domination secteur agricole, analphabétisme
                                               2°. Un Etat à construire = pb de cohésion, de frontières
                                               3°. Volonté de cohésion = échec du non-alignement, ms essor des organ régionales
                B – Externes :    1°. Une dépendance éco hist = la DIT
2°. Guerre froide = aides du Nord
                                               3°. Soutien des agences onusiennes : fin, ms aussi intelellectuel
II/ Deux gdes voies de développement : la divergence des Suds face à la mondialisation
                A – Extravertie :1°. Raisons de ce choix
                                               2°. Aspects de cette voie
                B – Autocentrée 1°. Raisons de ce choix
                                               2°. Aspects de cette voie
                C – Réalité           1°. Voies svt hybrides
                                               2°. Tdce à l’ouverture à partir des années 1970
III/ Un rattrapage inégal au Sud et partiel
                A – Typologie     des Suds selon Carroué u début des années 1990 = rattrapage économique
                                               1°. Deux Suds qui s’en sortent ms différents : NPIA et pays pétroliers
                                               2°. Des Suds en voie de développement
                                               3°. Suds en marge
                B – Rattrapage partiel
                                               1°. Au niveau soc : Q niveau/conditions de vie
                                               2°. Des régimes pol svt autoritaires, peu de démocraties
                                               3°. Pas de rattrapge géopolitique « le temps des humiliés » B BADIE
Conclusion :
                Le rattrapage des Suds sur les Nords est à la fois partiel et paradoxal. Partiel dans la mesure où seul une poignée d’Etats en Asie ou au Moyen-Orient sont devenus des exportateurs importants dans une économie mondialisée. La limite est également géopolitique car aucun ne pèse vraiment sur la scène mondiale. Mais ce rattrapage est paradoxal car ce sont finalement les pays qui ont copié (NPIA sur le Japon) ou bien se sont alliés (A.Saoudite avec EU) avec l’Occident qui s’en sortent le mieux. Le non-alignement est ainsi un échec important.

                Pour autant, si la limite Nord-Sud bouge finalement peu au début du monde post-Guerre froide, la situation va évoluer à partir des années 2000, marquées par un groupe de pays dits émergents dont la Chine qui est aujourd’hui une puissance globale qui semble menacer l’hégémonie occidentale et rendre la limite Nord-Sud caduque.

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