La notion de révolution industrielle a parfois été
remise en cause en raison de la relative lenteur des changement qui s’étalent
sur plus de 100 ans, mais le sentiment des contemporains souvent déroutés par
l’importance des bouleversements ainsi que la rupture des équilibres
socio-économiques permettent de confirmer qu’il s’agit bien de l’entrée dans
une nouvelle ère, et ce de manière assez rapide et parfois brutale, à l’image
des crises économiques. Cette nouvelle société est d'abord plus urbaine, car la ville est le lieu de concentration des usines et des mines et devient peu à peu un lieu de consommation de masse. C'est aussi une société plus ouvrière, mais également plus inégale. Les conditions de travail des ouvriers peu qualifiés ou des mineurs sont beaucoup plus dures et peu motivantes que les ouvriers qualifiés (d'où luddisme et grève). Le sort des femmes et des enfants est toujours aussi difficile. Les élites anciennes sont progressivement remplacées par
une bourgeoisie industrielle et bancaire triomphante qui impose peu à peu les
idées libérales tant au niveau politique (démocratie souvent censitaire, c’est-à-dire
qui limite le vote à une partie de la population) qu’économique (essor de la
libre entreprise, faible intervention de l'Etat dans l'économie ; voir texte de Henri Schneider dans le TR 4 ; texte en haut à droite). Le socialisme se développe aussi mais aucun parti politique
socialiste n’arrive au pouvoir avant la révolution russe de 1917. Les divisions
entre socialistes est en effet un problème qui freine l’ascension du
socialisme. Au niveau géographique, la société industrielle se limite aux pas d’Europe
de l’Ouest et à quelques pays d’immigration européenne (EU surtout) et au
Japon. Ailleurs, les sociétes restent très rurales et conservatrices.C'est bien à un "miracle européen" auquel on assiste (voir TR 5 de Daniel Cohen) qui permet à ce continent de partir à la conquête du monde (voir partie III du cours à venir).
Finalement l’ère industrielle est bien « la naissance de notre
monde » selon l’hist fr JP RIOUX. En effet, tant au niveau
du cadre de vie, sociétal ou bien idéologique, le XIXème siècle voit
l’émergence d’une nouvelle société marquée par deux caractéristiques
fondamentales : d’une part, l’urbanisation (et donc le déclin du monde
agricole) et, d’autre part, l’opposition
élites/peuple couplée au dualisme libéralisme/socialisme. En ce sens, le XIXème
siècle annonce bien le XXème siècle. C’est bien de cette opposition que va
naître la Guerre froide Il faut cependant relativiser l’ampleur de ces
mutations en raison de la résistance lente d'une partie des sociétés qui conservent leurs valeurs
anciennes (monde rural, noblesse, religion). En 1940, le régime de Vichy mis en
place par Philippe Pétain qui met en valeur « travail famille patrie »
au lieu de « liberté égalité fraternité » est bien une réaction
conservatrice au nouveau monde qui naît depuis plusieurs décennies.
Cette société industrielle représente-t-elle un
progrès ? Sur le temps long certainement, par contre l’espérance de vie
des ouvriers a parfois régressé au milieu du XIXème siècle ; de même, avec
les gares et les horaires fixes des trains, va se développer une maladie
nouvelle, observée par des médecins anglais, le stress…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire