Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

vendredi 2 septembre 2016

Quelques conseils de début d'année importants pour votre réussite

CONSEIL 1 : L'ORGANISATION ET LE RYTHME DE LA PREPA



            La réussite en classe préparatoire tient à trois ingrédients dont vous dépendez de manière inégale : le premier est votre capacité de réflexion, le second votre capacité de travail et le troisième votre capacité d’organisation. Or, si vous ne pouvez pas grand-chose aux aléas de la nature et aux gènes de matheux ou pas que vous ont légué vos parents, vous pouvez tout à fait réussir en étant très organisés pour travailler plus et mieux.
            Or, adopter les bonnes habitudes organisationnelles nécessite une bonne vision des deux années de la classe prépa. On peut les résumer en 6 étapes :


-1ère étape : l’été du baccalauréat, 1er moment de la prépa. La plupart des professeurs d’histoire-géographie donnent des consignes et une bibliographie. Il s’agit donc de lire un certain nombre d’ouvrages. Vous n’allez pas travailler de manière intensive, mais simplement commencer à vous imprégner d’auteurs clés ou de manuels qui couvrent le programme.
-2ème étape : les premiers mois de la prépa (septembre à décembre ou avant). Les premières semaines vont être importantes pour ne pas perdre de temps en terme de niveau et de qualité de travail. Souvent, les 1ers devoirs ne sont planifiés qu’à partir de la mi-septembre. Il ne s’agit surtout pas d’attendre ces devoirs, mais de commencer à prendre le bon rythme de travail. Lors des 1ers jours de la rentrée, les enseignants vont rappeler un certain nombre de principes et de détails d’organisation. En voici quelques un : exploiter tous les moments de liberté sans cours ou khôlles pour revoir les cours, rechercher ses lieux propices au travail soit au lycée, soit ailleurs (bibliothèques universitaires qui ferment souvent assez tard). Mais bien travailler, c’est aussi avoir un équilibre de vie : petit déjeuner équilibré, heures régulières de repas, petits temps de pause et sommeil régulier. Autre point : la classe prépa nécessite d’avoir une bonne culture générale. Il s’agit donc pour vous de cibler vos sorties (cinéma, expositions) de manière plus rigoureuse qu’auparavant, par exemple, en allant voir des films en VO (si vous ne le faisiez pas) ou en privilégiant des films d’auteurs ou étrangers (non américains).
-3ème étape : l’essentiel de la 1ère année : une fois ce rythme de vie et de travail mis en place, vous allez pouvoir mieux vous organiser pour travailler mieux et plus. A partir d’octobre, les khôlles et les devoirs surveillés sont en place : vous allez pouvoir véritablement planifier vos phases de travail en différenciant les moments de forte concentration (analyse de textes d’auteurs, mémorisation de dates, statistiques, fichage d’articles de revues…) et les moments qui nécessitent moins d’effort (relecture de cours ou écoute d’une émission de géopolitique). Cette organisation peut être faite le dimanche, mais adaptée au planning de la semaine. Le tout est de tenir vos prévisions. Certains anciens étudiants que j’ai rencontré après la prépa, m’ont indiqué que plus ils appliquaient leur planning (sur fichier Excel par exemple), plus ils pouvaient en faire plus. La clé est bien : travailler mieux et plus ! Voir les conseils de Léa, étudiante du lycée Ozenne de 1ère année et son planning.
-4ème étape : été après la 1ère année. Le passage acquis, l’été est autre moment à ne pas négliger. Il faut en effet éviter deux erreurs : ne rien faire ou, à l’inverse, trop travailler et arriver déjà fatigué en septembre.
-5ème étape : la seconde année de la prépa. Garder les mêmes options :  rythme,  planification, hygiène de vie, sommeil… Par contre, il y a quelques différences à ne pas négliger : la date des concours (mi-avril) implique une « année scolaire » (de cours) beaucoup plus courte et, en conséquence, un rythme plus rapide : intensité des cours, des devoirs…
-6ème étape : la préparation des entretiens. Après les écrits, l’année n’est pas terminée. Il faut préparer les entretiens. Les lycées organisent une série d’entretiens blancs pour apprendre à connaître leur fonctionnement. Ensuite, vous ferez votre « tour de France » des Grandes Ecoles afin d’y obtenir un ticket d’entrée. 

CONSEIL 2 : SOURCES ET MEDIAS POUR PROGRESSER
              Une différence majeure entre le lycée et les études supérieures est liée au fait de la posture des étudiants face aux cours. Au lycée, la plupart des élèves se contentent des cours du professeur, de les réviser pour les devoirs et d’éventuellement s’appuyer sur le manuel. En classe préparatoire, une telle attitude est un suicide scolaire. Le cours est important, mais l’étudiant doit approfondir les idées, auteurs, données vues en cours. Pour cela, la recherche de sources variées et judicieuses est un élément de votre réussite. On peut les classer en quatre types.

                Les sources écrites sont multiples : manuels, revues spécialisées, quotidiens… Le manuel est un premier outil qui s’avère utile pour ceux qui ont des lacunes en histoire-géographie. Cependant, il est nécessaire d’aller plus loin. Pour le module I, seule partie du programme purement historique, l’achat d’un ouvrage de synthèse sur l’histoire du XXème siècle est pertinent. Par exemple, le « Petit Atlas du XXème siècle » de Marc Nouschi, édité chez A.Colin ou bien les « 100 fiches d’histoire du XXème siècle » (collectif édité chez Bréal) peuvent être un bon choix. Le module II va permettre d’aborder des thèmes plus contemporains. Une lecture régulière de revues géopolitiques s’impose : à l’exception de « Diplomatie » qui est un mensuel, la plupart sont bi ou trimestrielles comme « Questions Internationales », « Conflits » ou « Carto ». Enfin, la presse quotidienne ou hebdomadaire est aussi utile. Par exemple, Le Monde propose des pages géopolitiques le dimanche. L’abonnement à une « newsletter » est aussi pratique.
                Internet. En géographie, le site « Géoconfluences » de l’ENS de Lyon propose un très grand lexique. Pour la recherche de cartes, la « Documentation photographique » ou le site de cartographique de Science Po sont riches. En géopolitiques, « diploweb.com » est considéré comme un des plus consultés en France : vous y trouverez des articles de quelques pages sur tous les espaces régionaux du monde, des compte-rendu de livre, des vidéos, des cartes… Le site de l’I.R.I.S. est également intéressant. Le site de la revue « Espaces prépas » propose aussi plusieurs dossiers, illustrés de cartes de synthèse d’un des Présidents des jurys de concours (Alain Nonjon pour Ecricome).
                Radio et télévision sont aussi utiles. Plusieurs chaînes TV sont à privilégier : sur Arte, l’émission « Les dessous des cartes », présentée par Jean-Christophe Victor fait le point en 12 minutes sur un sujet tous les samedis. L’émission hebdomadaire « 28 minutes » propose deux débats avec des invités biens choisis ainsi que BFM avec « les décodeurs de l’éco » du lundi au jeudi à 19h. La radio permet d’écouter tout en faisant autre chose et propose des émissions plus courtes que les documentaires télévisés au format d’une heure. En la matière, la référence est l’émission de 15 minutes de Thierry Garcin « Les enjeux internationaux », proposée tous les matins sur France Culture. RFI produit aussi « Géopolitique le débat », émission de débat de 40 mn deux fois en fin de semaine… Pour plus de curiosité, vous pouvez consulter le site « Monbloghistgeo.blogspot.com » dans lequel une sélection d’émissions est présentée avec détails (à partir du site de 1ère année)
                Enfin, le cinéma et les lectures de romans sont également utiles pour développer votre culture générale. Ciblez les films étrangers et les V.O. afin d’élargir votre horizon.
                Il ne s’agit pas de tout lire, tout écouter, tout regarder, mais, de choisir de manière régulière des moments d’approfondissement et d’élargissement de vos connaissances. La culture est un mur qui se construit brique par brique, jour après jour.

CONSEIL 3 : LE SENS DES NOTES DE LA CLASSE PREPARATOIRE 


             L’évaluation classique, que l’on soit en classe préparatoire ou au lycée, est avant tout le fait de noter afin que le correcteur montre à quel niveau se situe l’élève ou l’étudiant. Evaluer, c’est d’abord noter : lors d’un devoir, on mesure le niveau acquis, symbolisé par une note. Cela correspond à une évaluation sommative. Cependant, il existe d’autres formes d’évaluation : formative (lors d’un exercice, l’étudiant apprend tout en étant noté), diagnostic (très pratiqué en E.P.S, où l’on fait le point des choses acquises ou pas), l’autoévaluation (l’étudiant jauge par lui-même ses compétences).

            En classe préparatoire, les moyennes des étudiants sont issues essentiellement de devoirs sur table qui, clôturent l’apprentissage de chapitres vus précédemment.

            S’adapter à la prépa, c’est aussi comprendre la logique des notes qui sont très différentes du lycée. Pour prendre conscience de cette réalité, je cite souvent l’exemple d’une ancienne étudiante ayant eu 20 au baccalauréat et qui n’a jamais eu la moyenne dans tous les devoirs lors de sa 1ère année (elle n’a pas été prise en 2nde année). Une telle différence de notation avec le lycée tient à trois raisons principales :

-en 1er lieu : la logique des concours. Les correcteurs ne font pas que noter un niveau, ils trient. Contrairement au baccalauréat ou le fait d’avoir 10 assure la réussite à cet examen, dans un concours c’est votre rang qui va vous assurer d’être pris ou pas dans les écoles de commerce. Ainsi, plus les écoles sont prestigieuses, plus les barres d’admissibilité sont élevées. En 2015, elle était de 13.91 à HEC !

-en 2nd lieu, le niveau bas des notes lors des premiers mois de la prépa est lié à la différence de nature et de difficulté de l’épreuve. Passer de la composition du lycée à une dissertation de concours n’est pas anodin ; les exigences en terme de compétences sont nettement plus élevées. Celles-ci sont au nombre de trois : réflexion sur un sujet, compétences cognitives (volume et qualité de l’argumentation) et formelles (orthographe, style…). A titre d’exemple, les fautes d’orthographe sont lourdement sanctionnées aux concours des écoles de commerce et assez peu, voire pas du tout au baccalauréat. Ainsi, face à une épreuve difficile, vos notes vont être mécaniquement plus basses.

-en 3ème lieu, la qualité globale de vos camarades explique aussi les notes plus basses. Souvent en tête de classe au lycée, vous pouvez vous retrouver dans les dernières positions dans votre section de prépa. Par conséquent, vous pouvez facilement passer de 15 ou plus à une note inférieure à 5 !

Tout ceci explique qu’il faut se préparer moralement à avoir des notes différentes de celles obtenues au lycée et qui peuvent parfois être très basses. Cela ne signifie en rien que votre niveau a régressé, mais simplement que les conditions d’évaluation, les exigences et les objectifs des enseignants sont très différents. Noter, en particulier mettre des notes basses, a du sens en prépa comme ailleurs.



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