Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

lundi 17 novembre 2014

COLLES D'ACTU

Rappel : désormais, nous sommes à 4 sujets traités ; pensez à lire et utiliser les colles d'actu pour compléter vos cours. 

BOUSSEDRA Nora
RIVES Lucie
ECS 3

Colle d'actualité4 :


Hongrois hors de Hongrie, Russes en Ukraine... Le droit des peuples entre principe et réalités : Les conséquences des redécoupages de frontières de 1919 à 1945 sur la cohésion ethnique et politique des États-nations d'Europe de l'est. 


Ce sont les Révolutions américaine et française qui sont les premières à affirmer formellement le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes; par la suite, le principe des nationalités au XIXème siècle joua un rôle important dans la formation des nations d'Europe occidentale et orientale.
En 1918, son inscription parmi les buts de guerre américains, à travers le discours des Quatorze Points du président Wilson, a conduit à sa transformation en règle de droit international à travers les traités de paix, qui ont établi de nouvelles frontières étatiques dessinées autour de territoires réputés homogènes.
Cette nouvelle carte des États européens établie au lendemain de la Grande Guerre prétend représenter un progrès de la démocratie et du respect du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais en réalité elle est loin de correspondre à la carte des nationalités et nombre de minorités s'estiment lésées.
Ainsi, du fait de la contestation par certaines ethnies de la place qu'elles occupent à l'intérieur des frontières étatiques, de nombreux conflits d'autodétermination émaillent le XIXème siècle.


Les Hongrois hors de Hongrie

Quelques rappels historiques

La Hongrie a pendant longtemps été rattaché à l'empire austro-hongrois, fondé en 1867, et ce n'est qu'après sa dissolution en 1918 qu'elle proclame son indépendance.
Supervisé par les Alliés, un gouvernent provisoire est alors constitué le 25 Novembre 1919. Bien que formé de l'ensemble des divers partis politiques hongrois, il est dirigé par Miklos Horthy de Nagyabanya, ancien amiral austro-hongrois. Pendant la brève période de domination communiste, ce dernier met en place un gouvernement contre-révolutionnaire et constitue une armée, de sévères représailles à l'encontre des révolutionnaires et des libéraux sont alors exercées.
Sur la demande pressante des Alliés, une Assemblé nationale est élue dès 1920. Elle annule officiellement toute subordination à l'Autriche, proclame la monarchie et nomme Horthy régent.
Le 4 Juin 1920 le gouvernement hongrois accepte le Traité de Trianon, qui retire la Transylvanie, la Croatie et la Slovaquie à la Hongrie. La Hongrie se voit ainsi dépossédée des deux tiers de son territoire et de la moitié de sa population.



La population hongroise hors des frontières

La Hongrie est placée dans une situation particulière du point de vue des minorités nationales. Depuis le traité de Trianon de 1920, qui a conduit à un important redécoupage de ses frontières, elle est en effet confrontée à la question des communautés hongroises établies en dehors du territoire et équivalentes au quart de sa population.
En effet, deux millions et demi de hongrois vivent hors des frontières nationales.
L'Ukraine concentre 200 000 hongrois ethniques, dont 150 000 qui vivent dans la région des Carpates ukrainiennes, où 12% de la population est hongroise, leur densité atteint même les 90% dans certains secteurs.
300 000 hongrois vivent en Serbie (Voïvodine), et quelque 500 000 dans le sud de la Slovaquie (10% de la population).
On compte également des minorités hongroises en Croatie, en Slovénie et en Autriche, mais c'est en Roumanie que se concentre la plus grande population hongroise extra frontalière : plus d'un million de personnes.
Source : Lefigaro.fr/international « Budapest avive le nationalisme slovaque »



Depuis 2004, la Hongrie et quatre de ses sept voisins (Autriche, Slovénie, Slovaquie et Roumanie) font partie de l'Union européenne, de sorte qu'entre ces États les visas sont abolis et le bilinguisme reconnu dans les zones où les Hongrois sont très implantés.
C'est notamment le cas en Roumanie dans les deux départements de Covasna et de Harghita à très large majorité magyare (plus de 75 %) et celui de Mureş (40 %), ainsi que dans la plaine danubienne de la Slovaquie, où la politique linguistique limite cependant l'usage du hongrois dans les services publics.
En conséquence, le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, qui a remporté une large victoire aux élections législatives du 6 avril et a été investi du poste de Premier ministre, a réclamé l'autonomie pour les minorités hongroises des pays frontaliers de la Hongrie, y compris en Ukraine. «Les Hongrois qui vivent dans le bassin des Carpates ukrainiennes ont le droit d'avoir la double nationalité, des droits communautaires et aussi l'autonomie» a lancé Viktor Orban à des milliers de partisans rassemblés devant le Parlement. Le ministre des affaires étrangères de Hongrie, Janos Martoni, a par la suite corrigé les propos du Premier ministre Orban, en déclarant que la Hongrie ne réclamait pas l'autonomie territoriale des Hongrois d'Ukraine.
En 2010, lors de sa deuxième accession au pouvoir, Viktor Orban a accordé la nationalité hongroise aux hongrois des pays frontaliers (soit environ 25% de la population qui s'est ainsi vue attribuer la nationalité hongroise transfrontalière par principe), avant de leur accorder pour la première fois, en avril 2014, le droit de vote aux élections législatives.
S'il n'a jamais suggéré la réunification des territoires perdus par la Hongrie après la Première Guerre mondiale, il a irrité certains des pays voisins par ses revendications. La cohésion ethnique de la nation hongroise se voit donc considérablement affaiblie par la disparité de répartition territoriale de la population, conséquence du redécoupage des frontières opéré au lendemain de la Grande Guerre.
La crise Ukrainienne

Le cas de la crise Ukrainienne, cristallisation de tensions internes et inter-étatiques, illustre bien les conséquences ethniques et politiques des redécoupages de frontières sur la cohésion ethnique des États-nations.

L'histoire de L'Ukraine : origine profonde de la crise

Au cours de la Première Guerre mondiale, suite à la Révolution bolchevique de 1917, l'Ukraine, où un puissant nationalisme n'a cessé d'être entretenu, proclame son indépendance.
En 1920, le gouvernement nationaliste s'allie avec la Pologne dans une guerre contre la Russie, mais l'avancée des troupes bolcheviques permet au gouvernement soviétique de prendre le contrôle de l'Ukraine. Elle est finalement partagée en deux lors du Traité de Riga en 1921, entre la Pologne, qui se voit attribuer la Galicie orientale et la Volhynie, et la Russie soviétique, qui crée en 1922 la République fédérée d'Ukraine.

Source : Courrierinternational.com/ « Ukraine Référendums d'autodétermination  : à qui le tour? »


Jusqu'en 1939, l'URSS fait tout pour éliminer le nationalisme ukrainien. La république subit alors une collectivisation forcée de l'agriculture et la réquisition des denrées alimentaires dans les campagnes, cause d'une effroyable famine qui fait près de 6 millions de victimes en 1932-1933.
C'est seulement après la chute de l'URSS en 1991 que l'Ukraine proclame à nouveau son indépendance. Aujourd'hui encore, près d'un quart de la population Ukrainienne est composée de minorités, la plus importante étant la minorité russe qui représente plus de 17% de la population.
Ainsi, la question de l'identité demeure, et les tensions internes dues à cette pluralité ethnique ne cessent de s'accentuer, notamment entre pro-russes et « pro-européens » ...

Conséquence de la nouvelle carte des États : l'éclatement de la crise en novembre 2013

Il y a toujours eu un fort lien entre l'Ukraine et la Russie et encore aujourd'hui Moscou considère Kiev comme la capitale historique, véritable héritage de la civilisation Russe.

La majorité Est du pays est russophone, tout comme la capitale Kiev. Une forte minorité russe est également présente en Crimée et le port de Sébastopol est une importante base navale russe car la Crimée constitue une façade géographique idéale permettant l'accès aux mers chaudes.
La dépendance énergétique de l'Ukraine vis-à-vis de la Russie limite l'autonomie du pays. En effet, 58% du gaz consommé en Ukraine est russe ce qui place Moscou en position de force pour faire pression sur Kiev, comme en ce fut le cas en 2006 et 2009.

Ainsi, lorsque Viktor Ianoukovytch revient au pouvoir en 2010 le pays est affaibli par la crise financière, les lourdes factures gazières et la corruption.
A l'Ouest, l'Union Européenne envisage d'intégrer l'Ukraine dans son partenariat oriental, projet qui cible plusieurs anciennes républiques soviétiques dans le but d'un double accord d'association et de libre-échange. Quant à l'Est, Vladimir Poutine veut faire de l'Ukraine une pièce clé de son union douanière afin de reconstruire la « Grande Russie » et restaurer une ère de domination russe.
Mais en novembre 2013, Ianoukovytch met fin aux négociations entamées avec Bruxelles et choisit de se rapprocher de la Russie.
Des manifestations de grande ampleur se déclenchent alors et une partie des Ukrainiens, se sentant trahi, occupe la place de l'Indépendance à Kiev en signe de protestation. La violence de le répression policière entraine une radicalisation du mouvement, et la contestation prend de l'ampleur en s'étendant à d'autres régions, en particulier celle situées à l'ouest du pays.
En février 2014, de nouveaux affrontements entre forces de l'ordre et manifestants font rage, et l'on fait état de plus de 80 morts et des centaines de blessés.
Face à l'escalade des tensions, le président Viktor Ianoukovytch choisit de fuir le 22 février, et sera destitué peu après. Dès lors, une partie des Ukrainiens de l'est refuse de reconnaître le gouvernement provisoire et conteste son autorité.
Le 17 juillet 2014, un vol Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala-Lumpur qui survolait le Donbass est abattu en plein ciel près de la frontière russe, tuant les 298 personnes à bord. On assiste alors à une véritable amplification de la crise diplomatique, l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes s'accusant mutuellement d'avoir abattu l'avion.

La crise ukrainienne illustre les conséquences des redécoupages territoriaux survenant à la fin de la première guerre mondiale,qui se soldent par un affaiblissement certain de la cohésion ethnique et politique des états-nations d'Europe de l'est. L'Ukraine est le symbole d'un clivage entre une partie du pays tournée vers l'Europe et une autre partie tournée vers la Russie.





Sources:

Encarta
Universalis.fr
Le Monde.fr
Lefigaro.fr
Diploweb.com
Courrierinternational.fr
Robert-schuman.eu

Diplomatie.gouv.fr

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