Renault avant 1914
Naissance et premier esso
Les débuts :
Louis Renault et ses innovations
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- Première automobile Renault créée à l’automne 1898 (250
kg, moteur De Dion-Bouton de 1,75 CV, 2 personnes à 50 km/h) et présentée,
semble-t-il, la nuit du 24 décembre 1898 à des amis en montant la rue
Lepic : 12 commandes, arrhes à l’appui ! Début de l’aventure.
- Louis Renault, très tôt plus attiré par la mécanique et
la technique, notamment dans la fabrique de boutons, que par le commerce. Pas
un ingénieur de formation car il échoue au concours d’entrée à l’Ecole
centrale en 1896.
- Premier brevet déposé à 20 ans (générateur de vapeur et
de gaz dilatés).
- Recherches menés sur un tricycle De Dion-Bouton à moteur
à pétrole dont Louis Renault analyse tous les défauts et toutes les
contraintes pour les améliorer.
- Innovation majeure à la base du succès : système de
boîte de vitesse et de transmission par cardan nommé « prise
directe ». Brevet déposé en 1898.
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L’entreprise :
naissance, statut et organisation, rôle de Louis Renault et de sa famille et
financement
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- Famille aisée de la bourgeoisie commerçante parisienne.
Le père Alfred, mort en 1892, a créé une affaire de négoce de tissu et
exploite une fabrique de boutons ; succursales à Lyon et à
Londres ; constitution en 1891 de la société Renault & Fils (Fernand,
Marcel et Louis). Achat d’un domaine à Boulogne-sur-Seine, dans le quartier
résidentiel de Billancourt.
- Création le 25 février 1899 de l’entreprise Renault
Frères, avec l’apport par Fernand et Marcel, les gérants, de 30 000 francs
chacun, pour 10 ans.
- A la mort de Marcel en 1903, le capital est porté à 772
000 francs et partagés entre Fernand et Louis. Durée de la société prolongée
jusqu’en 1915. Pour la famille, l’automobile prend définitivement le pas sur
le textile et les boutons ; l’affaire est vendue en 1904.
- En 1908, Louis devient le seul maître à bord (maladie de
Fernand) : dissolution de Renault Frères et création de la Société des
Automobiles Renault, avec la même équipe de collaborateurs de la première
heure.
- Autofinancement des investissements grâce aux bénéfices,
sans recours aux banques. Jugement de Louis Renault : « Les
banquiers ne sont pas des philanthropes, ce sont des marchands d’argent et il
faut autant que possible ne jamais avoir affaire à eux ».
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La croissance
et ses facteurs
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- Mesure de la croissance : doc. statistiques dans
chronologie.
- 3 facteurs majeurs :
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Les victoires dans les courses automobiles. Sur le
modèle de Peugeot ou de Panhard, en profitant de la popularité de ces courses
grâce aux retombées d’une presse passionnée et souvent l’organisatrice des
compétitions. Premier succès (doublet de Louis et Marcel) le 27 août 1899
dans Paris-Trouville ; puis Paris-Ostende, Paris-Toulouse aller-retour,
Paris-Berlin, Paris-Vienne… Mais le 26 mai 1903 lors de Paris-Madrid, 5 morts
parmi les spectateurs et les pilotes, dont Marcel Renault ; Louis ne
participera plus lui-même à des compétitions.
-
La réputation des véhicules. Exploits sportifs mais
aussi caractéristiques des voitures : innovations techniques qui ne
nuisent pas à la solidité des véhicules ; qualité et endurance des
voitures qui diminuent les coûts d’entretien (pièces détachées en
particulier).
-
Le marché des taxis. Pour remplacer les fiacres et
grâce aussi à l’invention du taximètre. Après un an d’essais et d’enquêtes, Renault
est choisie (avec Unic) en 1905. Des commandes considérables : 250 en
1905, 1 000 en 1906, 1 500 en 1908. En 1909, les 2/3 des 3 000 taxis
parisiens et ½ des 2 400 taxis londoniens sont fabriqués par Renault, mais
aussi à Berlin ou New York. 3 conséquences : réputation, gain financier
(qui permet à Renault de surmonter la crise de 1907) et accélération de la
standardisation.
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La production :
rationalisation, diversification et localisation
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- Les conditions :
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Une demande solide : des acheteurs aisés qui
recherchent des modèles de qualité et de prix, mais pas tous identiques.
-
La diversification : véhicules utilitaires,
moteur de yachts et d’avions.
-
De monteur, Renault devient progressivement
constructeur en fabricant ses moteurs (1902) et ses carrosseries (1910) et en
créant des sociétés pour atténuer sa dépendance envers les
fournisseurs : Société pour l’éclairage des véhicules (contre le
monopole de Bosch) ou Société des Huiles Renault.
- L’introduction du taylorisme :
-
Une relative standardisation puisque, dès 1900, les 3
modèles proposés par Renault ont 60 % de pièces communes et que les taxis
sont de gros consommateurs de pièces de rechanges.
-
La diffusion des idées de Taylor. Louis Renault,
comme d’autres patrons, retient surtout l’idée du chronométrage dont un
service est créé dès 1905. Il apprécie les gains de productivité, le recours
à une main d’œuvre déqualifiée donc moins chère, le travail aux pièces, mais
il accepte mal l’augmentation des frais généraux qui résultent de la
réorganisation des ateliers et de l’arrivée en nombre des ingénieurs,
qualifiés d’« improductifs » voire de « chieurs
d’encre ».
-
Le voyage aux Etats-Unis de 1911. Visite de
nombreuses entreprises dont Ford à Detroit. Intérêt surtout pour le
chronométrage et la rationalisation de la manutention.
- Localisation. Extension du site de Billancourt : x
30 de 1899 à 1913 ! De 1 à 6 usines.
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Le travail :
les ouvriers, les usines et les conditions de travail
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- Croissance des effectifs : doc. 4 400 en 1914.
- D’abord, un travail d’atelier et mécanisation
progressive : photos.
- Réactions à l’introduction du taylorisme, surtout contre
le chronométrage et la salaire aux pièces. Grève de 1913.
- Le malaise ouvrier est profond : règlement et
discipline sévères (un contremaître peut jeter un ouvrier dehors avec une
heure de préavis), temps de travail (10 heures par jour), crainte de la
disparition des « métiers », ceux de l’aristocratie ouvrière.
- Louis Renault n’est pas un homme de dialogue :
d’après lui, il « ne pouvait être question de fatigue dans l’industrie
mécanique moderne, étant donné que la plupart des opérations étaient
absolument mécaniques et qu’il n’y avait pour ainsi dire pas d’effort à
dépenser » !
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Le marché
français et les concurrents
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- D’abord constitution d’un réseau d’agents, puis création
de filiales Renault (Bordeaux, Rouen, Marseille…) : 120 en 1905.
- Les autres constructeurs français : nombreux au
début, mais Peugeot s’affirme comme le premier producteur à la veille de la
guerre.
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L’internationalisation |
- Des marchés : fortes positions des constructeurs
français sur les marchés d’exportation face aux constructeurs américains.
- Des succursales de vente. Comme pour le marché français,
d’abord des agents puis des filiales : Londres 1905, NY 1906, Berlin
1907, Madrid 1909, Budapest 1913, entre autres.
- Des usines à l’étranger : 2 en Russie en 1914
(camions et moteurs d’avions).
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