Qui êtes-vous ?

Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

vendredi 22 mai 2020

DS6


ECS1 –HGG : Devoir du samedi n°6 – mai 2020                         Révision : chapitre 11
                                                                                                                                                      Type de devoir : ESCP Europe (dissertation + croquis, durée  4h)

Sujet : Le cyberespace, enjeu clé de la puissance depuis 1990.

Documents  = outil de réflexion, d’argumentation
Document 1 : les formes indirectes de la puissance depuis 1990
          La mondialisation a permis à de nouvelles puissances d’émerger, et le monde est désormais devenu multipolaire. En ce sens, les fondements de la puissance évoluent. Les puissances ascendantes, comme la Chine, cherchent à contrer l’influence des puissances occidentales. Et les formes indirectes de puissance jouent un rôle de plus en plus important dans cette concurrence. La Chine, notamment par son poids démographique (1,4 milliard d’habitants), bénéficie d’un levier de puissance spécifique : le sharp power. Pour le politologue américain spécialiste des relations internationales Joseph Nye, qui a notamment théorisé la notion de soft power, le sharp power représente les tentatives de manipulation de l’opinion publique en Chine, mais aussi à l’étranger, par le gouvernement de Pékin. En d’autres termes, il s’agit de la capacité de la Chine à imposer sa vision du monde par la menace, la manipulation ou les sanctions. L’autocensure de la NBA et de Hollywood. C’est précisément le cœur de cet article du Wall Street Journal, qui explique de quelle façon la NBA (National Basketball Association), et Hollywood avant elle, ont formaté leur discours pour plaire au gouvernement chinois. Les exemples d’autocensure sont désormais légion dans de nombreux domaines. Dans un tweet, le directeur de l’équipe de basket des Rockets, Daryl Morey, avait exprimé en octobre dernier son soutien aux manifestants prodémocratie de Hong Kong. Même si ce tweet avait rapidement été supprimé, il avait déclenché la fureur du gouvernement chinois et celle de l’opinion publique. La NBA a réagi en reconnaissant “l’offense causée par ce tweet”, mais ces excuses ont été jugées insuffisantes. Il faut dire que pour les joueurs de basket et les équipes, la Chine représente un enjeu économique majeur.
Comme le souligne l’article : “Pour vraiment réussir en Chine, tout développement commercial doit correspondre aux directives du gouvernement. L’introduction de la NBA en Chine était régulièrement citée comme le meilleur exemple en la matière – du moins jusqu’à octobre dernier.”
         Dans le même ordre d’idée, le basketteur américain James Harden, qui est lié à Adidas par un contrat de 200 millions de dollars, s’est présenté devant les médias chinois pour s’excuser de cette polémique, et il refuse désormais d’évoquer toute question autre que sportive.Cette capacité à contraindre les comportements – ce sharp power –, Hollywood l’a progressivement intégré depuis le scandale lié à deux films sortis en 1997 : Sept Ans au Tibet et Kundun. Ces deux films présentaient, aux yeux du gouvernement chinois, le dalaï-lama (chef spirituel tibétain en exil) de manière bien trop “bienveillante” et ont été interdits en Chine. Ainsi, comme le souligne le Wall Street Journal : “Hollywood a rapidement tiré les leçons de cet épisode et a commencé à intégrer les considérations politiques du marché chinois à sa propre stratégie. Les stars qui partent en tournée promotionnelle à Shanghai ou Pékin reçoivent à présent une liste de choses à faire et à ne pas faire.” Quand on sait que la Chine impose un quota de 34 films étrangers par an sur ses écrans, on comprend que les studios intègrent en amont les desiderata chinois. C’est le cas d’Abominable, le nouveau dessin animé des studios Dreamworks. Comme le souligne cette revue de presse publiée sur le site de Courrier international avant la sortie du film d’animation en FranceAbominable intègre en effet une carte montrant la vision que se fait le gouvernement de Pékin de sa souveraineté en mer de Chine. Cette carte, très controversée, représente la “ligne en neuf traits” (désignant la zone revendiquée par la Chine et contestée par ses voisins) et diffuse ainsi les visées territoriales de la Chine sur cette zone stratégique.
Dans de nombreux domaines, l’enjeu commercial que représente la Chine, pousse les entreprises qui veulent s’installer sur ce marché à s’autocensurer, au risque de choquer leur propre clientèle. Ainsi, l’éditeur de jeu vidéo Blizzard a suspendu un champion hongkongais du jeu Hearthstone car celui-ci avait osé apporter son soutien aux manifestants dans sa ville. Cependant, cette sanction a déclenché un appel au boycott de la part d’une partie des gamers. Cette réaction de l’opinion publique internationale, bien que pour l’instant limitée, est-elle une limite au sharp power chinois ?
Source : Courrier International, article du Wall Street Journal commenté par Benjamin Daubeuf, professeur d’histoire-géographie, 4/12/19.
Document 2 : Le cyberespace selon Thomas Gomart.
Le substrat numérique innerve les espaces maritimes, aérien et exo-athmosphérique en raison de la numérisation aussi massive que rapide des activités humaines. L’espace numérique s’organise autour de trois composantes vulnérables : le maillage des réseaux (câbles, routeurs, serveurs, autant d’élément qui nécessite une alimentation électrique), les données (toutes les traces informatiques stockées dans des data center) ; les applications (les logiciels qui permettent le traitement illimité des données). Au croisement de ces trois composantes se trouvent les algorithmes et la cryptographie, dont la maîtrise conditionne toute ambition de souveraineté dans l’espace numérique. En raison de leur puissance financière et technologique, des liens entretenus avec les Etats, notamment américains et chinois, les grandes plateformes, comme les GAFAM ou les BATX, sont devenus des acteurs à parte entière de l’environnement géopolitique. La maîtrise des espaces communs passera de plus en plus par celle de l’intelligence artificielle, qui parait avoir le potentiel d’offrir la supériorité militaire et invite à réfléchir sur la nature de la relation homme-machine.      Source : Thomas GOMART, L’affolement du monde, Tallandier, 2019.
Document 3 : le leadership américain numérique de plus en plus contesté (source : hors-série Le Monde-La Vie, L’empire américain, 2019)
Lorsque les historiens tenteront de déterminer le moment clé où les Etats-Unis ont exprimé le plus clairement l’angoisse existentielle de la première puissance mondiale face à l’imminence de la perte de son leadership, ils ne retiendront pas l’un des innombrables tweets de Donald Trump, mais plus probablement le discours prononcé le 4 octobre 2018 à l’Institut Hudson par son vice-Président, Mike Pence. La brutalité des propos de ce dernier, désignant la Chine comme un rival « remettant en cause la supériorité stratégique (des EU) et cherchant à modifier l’ordre international à son profit », marque un tournant majeur des relations internationales. En effet, dans certains secteurs technologiques, c’est la Chine qui mène désormais la danse. Huawei vient de détroner Apple et est désormais second derrière Samsung. WeChat, lancée en 2011 par Tencent, est devenu un modèle pour Facebook. Avec un milliard d’utilisateurs, l’application intègre une palette infinie de services allant du réseau social au système de paiement.
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