LQuand la
Chine invitait Henry Ford à révolutionner son économie...
latribune.fr | 21/10/2013,
12:03 - 508 mots
Ford a exhumé une pépite de ses
archives : un surprenant échange épistolaire, datant de 1924, entre le
fondateur de la compagnie automobile américaine et le “père de la Chine
moderne“, Sun Yat-sen.
- "Cher Monsieur
Ford, voulez-vous venir en Chine pour y fonder une industrie en appliquant vos
méthodes révolutionnaires?
- Non merci."
- Non merci."
Voici, en substance,
la conversation surréaliste vieille de près de 90 ans que contient l'échange épistolaire entre le
"père de la Chine moderne", Sun Yat-sen et Henry Ford. Des
copies de ces lettres ont été publiées le 20 octobre, notamment par le New York
Times. Elles ont été transmises par la direction de Ford à la veille du
dépôt d'une candidature en vue de remporter un appel d'offre pour des taxis à
Hong Kong.
"Mettre en
pratique vos idéaux en Chine"
Dans sa lettre, datée
du 12 juin 1924, Sun Yat-sen, alors président de la jeune République de Chine
formule la proposition suivante :
"J'ai eu vent de
votre œuvre remarquable en Amérique. Et je pense que vous pouvez effectuer un
travail similaire en Chine à une échelle plus vaste et plus significative. Dans
un sens, on peut dire que votre travail en Amérique est plutôt individuel et
personnel, tandis qu'ici en Chine, vous pourriez avoir l'opportunité d'exprimer
et de mettre en pratique vos concepts et votre idéal à travers la forme durable
d'un système économique".
Il y a "plus à
espérer" de Ford, que des puissances occidentales
A l'époque, le docteur
Sun Yat-sen tente de faire de la Chine une puissance indépendante et défend, au
sein du Guomindang, le parti nationaliste qu'il a fondé, les "Trois
principes du peuple" (démocratie, nationalisme, justice sociale). Mais il
se heurte aux ambitions des seigneurs de la guerre et surtout à celles des
puissances étrangères, notamment du Japon. Comme il y fait allusion dans sa
lettre, l'homme d'Etat a d'abord tenté de se tourner vers Occidentaux. Mais,
après la conférence de la Paix de 1919 au cours de laquelle les anciens
privilèges allemands sur la Chine sont transférés à Tokyo, il lui semble clair
qu'aucune aide ne peut lui venir des responsables politiques occidentaux.
"Il y a bien plus à espérer d'un travailleur dynamique comme vous",
écrit-il alors à Ford.
Du fordisme en
Chine...
Peine perdue : ce
dernier, fait, poliment répondre par son secrétariat, qu'il n'a "pas
l'intention de visiter la Chine dans un avenir proche". Même si
Henry Ford s'est ainsi privé d'une page de plus dans les livres d'histoire, ces
lettres éclairent cette période sous un jour nouveau.
Il apparaît en effet
que le médecin chinois, converti au protestantisme lors de ses études à Hawaï,
semblait vouloir appliquer la logique du fordisme à son pays. Sans détailler ce
qu'il comptait retenir de l'expérience fordiste - organisation scientifique du
travail, standardisation ou augmentation des salaires - il explique clairement
son but. "La Chine pourrait devenir la cause de la prochaine
guerre mondiale si elle reste économiquement sous-développée",
affirme-t-il dans sa lettre. Sur ce point, l'homme d'Etat aura eu du flair
puisque, de fait, le volet asiatique du second conflit mondial trouve notamment
ses racines dans les prétentions nippones sur la Mandchourie qui se sont
traduites dans le sang dès 1931. Et même l'URSS, vers qui Sun Yat-sen s'était
finalement tourné avant sa mort en 1925, n'a rien pu faire pour
l'empêcher.
Source : La Tribune.fr,
le 23 oct 2013
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