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Toulouse.
Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

jeudi 4 octobre 2012

Complément sur les débuts de Renault


Renault avant 1914
Naissance et premier esso

Les débuts : Louis Renault et ses innovations
- Première automobile Renault créée à l’automne 1898 (250 kg, moteur De Dion-Bouton de 1,75 CV, 2 personnes à 50 km/h) et présentée, semble-t-il, la nuit du 24 décembre 1898 à des amis en montant la rue Lepic : 12 commandes, arrhes à l’appui ! Début de l’aventure.
- Louis Renault, très tôt plus attiré par la mécanique et la technique, notamment dans la fabrique de boutons, que par le commerce. Pas un ingénieur de formation car il échoue au concours d’entrée à l’Ecole centrale en 1896.
- Premier brevet déposé à 20 ans (générateur de vapeur et de gaz dilatés).
- Recherches menés sur un tricycle De Dion-Bouton à moteur à pétrole dont Louis Renault analyse tous les défauts et toutes les contraintes pour les améliorer.
- Innovation majeure à la base du succès : système de boîte de vitesse et de transmission par cardan nommé « prise directe ». Brevet déposé en 1898.
L’entreprise : naissance, statut et organisation, rôle de Louis Renault et de sa famille et financement
- Famille aisée de la bourgeoisie commerçante parisienne. Le père Alfred, mort en 1892, a créé une affaire de négoce de tissu et exploite une fabrique de boutons ; succursales à Lyon et à Londres ; constitution en 1891 de la société Renault & Fils (Fernand, Marcel et Louis). Achat d’un domaine à Boulogne-sur-Seine, dans le quartier résidentiel de Billancourt.
- Création le 25 février 1899 de l’entreprise Renault Frères, avec l’apport par Fernand et Marcel, les gérants, de 30 000 francs chacun, pour 10 ans.
- A la mort de Marcel en 1903, le capital est porté à 772 000 francs et partagés entre Fernand et Louis. Durée de la société prolongée jusqu’en 1915. Pour la famille, l’automobile prend définitivement le pas sur le textile et les boutons ; l’affaire est vendue en 1904.
- En 1908, Louis devient le seul maître à bord (maladie de Fernand) : dissolution de Renault Frères et création de la Société des Automobiles Renault, avec la même équipe de collaborateurs de la première heure.
- Autofinancement des investissements grâce aux bénéfices, sans recours aux banques. Jugement de Louis Renault : « Les banquiers ne sont pas des philanthropes, ce sont des marchands d’argent et il faut autant que possible ne jamais avoir affaire à eux ».
La croissance et ses facteurs
- Mesure de la croissance : doc. statistiques dans chronologie.
- 3 facteurs majeurs :
-          Les victoires dans les courses automobiles. Sur le modèle de Peugeot ou de Panhard, en profitant de la popularité de ces courses grâce aux retombées d’une presse passionnée et souvent l’organisatrice des compétitions. Premier succès (doublet de Louis et Marcel) le 27 août 1899 dans Paris-Trouville ; puis Paris-Ostende, Paris-Toulouse aller-retour, Paris-Berlin, Paris-Vienne… Mais le 26 mai 1903 lors de Paris-Madrid, 5 morts parmi les spectateurs et les pilotes, dont Marcel Renault ; Louis ne participera plus lui-même à des compétitions.
-          La réputation des véhicules. Exploits sportifs mais aussi caractéristiques des voitures : innovations techniques qui ne nuisent pas à la solidité des véhicules ; qualité et endurance des voitures qui diminuent les coûts d’entretien (pièces détachées en particulier).
-          Le marché des taxis. Pour remplacer les fiacres et grâce aussi à l’invention du taximètre. Après un an d’essais et d’enquêtes, Renault est choisie (avec Unic) en 1905. Des commandes considérables : 250 en 1905, 1 000 en 1906, 1 500 en 1908. En 1909, les 2/3 des 3 000 taxis parisiens et ½ des 2 400 taxis londoniens sont fabriqués par Renault, mais aussi à Berlin ou New York. 3 conséquences : réputation, gain financier (qui permet à Renault de surmonter la crise de 1907) et accélération de la standardisation.
La production : rationalisation, diversification et localisation
- Les conditions :
-          Une demande solide : des acheteurs aisés qui recherchent des modèles de qualité et de prix, mais pas tous identiques.
-          La diversification : véhicules utilitaires, moteur de yachts et d’avions.
-          De monteur, Renault devient progressivement constructeur en fabricant ses moteurs (1902) et ses carrosseries (1910) et en créant des sociétés pour atténuer sa dépendance envers les fournisseurs : Société pour l’éclairage des véhicules (contre le monopole de Bosch) ou Société des Huiles Renault.
- L’introduction du taylorisme :
-          Une relative standardisation puisque, dès 1900, les 3 modèles proposés par Renault ont 60 % de pièces communes et que les taxis sont de gros consommateurs de pièces de rechanges.
-          La diffusion des idées de Taylor. Louis Renault, comme d’autres patrons, retient surtout l’idée du chronométrage dont un service est créé dès 1905. Il apprécie les gains de productivité, le recours à une main d’œuvre déqualifiée donc moins chère, le travail aux pièces, mais il accepte mal l’augmentation des frais généraux qui résultent de la réorganisation des ateliers et de l’arrivée en nombre des ingénieurs, qualifiés d’« improductifs » voire de « chieurs d’encre ».
-          Le voyage aux Etats-Unis de 1911. Visite de nombreuses entreprises dont Ford à Detroit. Intérêt surtout pour le chronométrage et la rationalisation de la manutention.
- Localisation. Extension du site de Billancourt : x 30 de 1899 à 1913 ! De 1 à 6 usines.
Le travail : les ouvriers, les usines et les conditions de travail
- Croissance des effectifs : doc. 4 400 en 1914.
- D’abord, un travail d’atelier et mécanisation progressive : photos.
- Réactions à l’introduction du taylorisme, surtout contre le chronométrage et la salaire aux pièces. Grève de 1913.
- Le malaise ouvrier est profond : règlement et discipline sévères (un contremaître peut jeter un ouvrier dehors avec une heure de préavis), temps de travail (10 heures par jour), crainte de la disparition des « métiers », ceux de l’aristocratie ouvrière.
- Louis Renault n’est pas un homme de dialogue : d’après lui, il « ne pouvait être question de fatigue dans l’industrie mécanique moderne, étant donné que la plupart des opérations étaient absolument mécaniques et qu’il n’y avait pour ainsi dire pas d’effort à dépenser » !
Le marché français et les concurrents
- D’abord constitution d’un réseau d’agents, puis création de filiales Renault (Bordeaux, Rouen, Marseille…) : 120 en 1905.
- Les autres constructeurs français : nombreux au début, mais Peugeot s’affirme comme le premier producteur à la veille de la guerre.

L’internationalisation

- Des marchés : fortes positions des constructeurs français sur les marchés d’exportation face aux constructeurs américains.
- Des succursales de vente. Comme pour le marché français, d’abord des agents puis des filiales : Londres 1905, NY 1906, Berlin 1907, Madrid 1909, Budapest 1913, entre autres.
- Des usines à l’étranger : 2 en Russie en 1914 (camions et moteurs d’avions).

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